Menu
Test blu-ray
Image de la jaquette

Wall Street

BLU-RAY - Région A, B, C
20th Century Fox
Parution : 22 septembre 2010

Image

Alors que ce Blu-ray a été sorti par la 20th Century Fox il y a maintenant dix ans, on ne peut feindre d’être surpris par le manque de fraîcheur du master fourni alors par le studio américain et du traitement numérique associé. Wall Street n’a bénéficié d’aucune restauration particulière, ni bien sûr d’un scan HD digne des derniers progrès en la matière. Ainsi, si l’on a incontestablement affaire à de la HD, nous observons une définition globale assez moyenne et un piqué bien décevant (mais heureusement constant dans sa qualité). Certes, l’image propre au film est volontairement douce et la photographie de Robert Richardson utilise de nombreux filtres (dont certains de diffusion) mais il est clair qu’un scan HD 4K - voire même 2K - aux normes techniques actuelles aurait grandement amélioré la définition d’ensemble comme il aurait permis une meilleure restitution du travail du chef opérateur peu facile à retranscrire. En témoigne la volonté du cinéaste de proposer des séquences situées à différents moments de la journée, de l’aube au crépuscule - des passages moins évidents à rendre en vidéo. Au niveau de la luminosité et de la colorimétrie en général, on note un rendu un peu plat et sans vraiment de profondeur, même si les choix des décors et des textures tirant vers le gris et le marron déterminent aussi notre regard et permettent ainsi à certaines touches colorées saturées de bien ressortir sur un plan dramatique. En revanche, on ne pourra pas s’empêcher de relever à nouveau un étalonnage tirant vers le magenta (visible notamment sur la peau des acteurs). Quant aux contrastes, ils sont au diapason : peu soutenus et détaillés, parfois bruités mais avec suffisamment d’amplitude pour ne pas trop niveler l’image. Au niveau de l’encodage, on remarque une granulosité numérique un peu disgracieuse alors que l’aspect argentique a été parfois atténué ; fort heureusement, l’éditeur a évité le recours au bidouillage numérique de type Edge Enhancement (accentuation des contours) et de nombreux gros plans et plans rapprochés affichent un rendu HD presque séduisant. Enfin, ce master se révèle stable et plutôt propre (malgré quelques vraies scories de-ci de-là dont la présence n’a manifestement pas embarrassé la Fox). La première et principale « réussite » de ce Blu-ray réside dans son respect de l’esthétique des années 80, ce qui est déjà pas mal. Mais difficile de s’extasier aujourd’hui devant ce disque d’un autre âge, et l’on imagine aisément à quel point un traitement actuel pourrait rendre son lustre à Wall Street, un film bien emblématique de son époque sur le fond comme sur la forme.

Son

Trois pistes sonores multicanales sont disponibles sur cette édition. La version originale, la seule bénéficiant d’un mixage DTS-HD MA 5.1, est très claire et bien nettoyée mais son ouverture est assez limitée si l’on considère les enceintes arrières essentiellement dévolues aux ambiances. La stéréo frontale est en revanche de bonne qualité, assez immersive. L’équilibre global des sources est satisfaisant et l’information sonore a une profondeur acoustique plus que correcte. La version française en DTS 5.1 écrase souvent les ambiances et priorise les voix comme de coutume, qui sont comme détachées de la scène frontale. L’équilibre général s’en ressent, avec un aspect un peu caverneux. Le doublage est clair et très sérieux sur un plan dramatique mais les timbres des doubleurs sont très éloignés des voix originales. Enfin, la version allemande, plus proche de la bande-son originale dans son équilibre, a tendance à saturer.

Suppléments

Le principal intérêt de ce Blu-ray réside dans son contenu éditorial avec des suppléments très instructifs (deux très bons documentaires, un commentaire audio intéressant pour les fans du cinéaste mais peut-être pas indispensable pour les autres, de nombreuses scènes coupées et plusieurs bandes-annonces). Il est seulement dommage qu’il faille en passer par un menu (ou plutôt une absence de menu puisqu’on évolue directement sur le film lancé) assez indigeste avec une arborescence peu pratique.

Introduction du réalisateur Oliver Stone (1 min 03 - 16/9 - DD 2.0 - VOST - 2007 - SD)
Le cinéaste nous introduit à cette édition anniversaire d’une œuvre qui reste l’un de ses films préférés, conçu comme un hommage direct à son père. Il rend grâce à la prestation de tous les comédiens et présente quelques-uns des bonus de cette édition. On le sent ému et bienveillant.

Commentaire audio d’Oliver Stone (VOST)
Le réalisateur est plutôt à l’aise dans cet exercice et il s’exprime sur la quasi-totalité du long métrage, effectuant çà et là quelques pauses dans son commentaire. Oliver Stone se répète aussi à plusieurs reprises et l’on comprend ainsi que son intervention a été enregistrée en plusieurs fois. Enfin, il se contente parfois de simplement raconter simplement ce qui se passe à l’image, surtout vers la fin du film, mais la somme des informations dispensées pourra contenter les amateurs. Nombre de ses propos sont redondants avec les deux documentaires proposés sur ce Blu-ray, notamment sur sa relation à son père trader pendant 34 ans, un homme entier et direct, et la projection de ce dernier sur deux personnages ou les conflits moraux mis en relief par le récit, mais les fans les plus acharnés du cinéaste pourront prendre un certain plaisir à l’écouter parler. Quelques anecdotes sont parfois amusantes et parmi les éclaircissements inédits, on retiendra par exemple ses influences (La Tour des ambitieux de Robert Wise et Le Grand chantage d’Alexander Mackendrick) ; les approches de Richard Gere et Warren Beatty pour interpréter Gordon Gekko ; la description du milieu des courtiers et de la conscience de classe ; les frasques de Sean Young et la fragilité de Daryl Hannah ; le personnage de Terence Stamp inspiré de Jimmy Goldsmith ; le rôle éminent des avocats dans la finance et la fuite des capitaux à l’étranger ; le discours de Gekko devenu mythique et voulu comme ambivalent ; le parallèle effectué entre l’action de démolition de la compagnie aérienne entreprise  par Gekko et la destruction d’United Artists et MGM par Kirk Kerkorian ; ou encore la scène de l’hôpital inspirée de la mort de son propre père. A maintes reprises, Stone défend ses choix de scénario et de réalisation. Il se défend également d’être misogyne (une accusation qu’on admet volontiers stupide à son encontre) et affirme au contraire dessiner des portraits réalistes des femmes dans ses œuvres - il abhorre le politiquement correct, ce qui n’est pas une surprise !



La cupidité a du bon (58 min 37 - 2.0 16/9 - DD 2.0 - VOST - 2007 - SD)
Illustré par des extraits du film et quelques images du tournage, ce documentaire convie Oliver Stone, les acteurs Hal Holbrook, Michael Douglas, John McGinley et Charlie Sheen (qui semble bien « chargé »), le scénariste Stanley Weiser, ainsi qu’une douzaine de professionnels du milieu de la finance (courtiers, traders, dirigeants d’institutions) à décrire les arcanes du Wall Street de l’époque (et de son évolution jusqu’à nos jours). Le cinéaste se remémore sa jeunesse à Wall Street où évoluait son père, exprime sa volonté de s’attaquer à la corruption systémique et évoque ses rencontres avec des jeunes financiers des années 80 assoiffés d’argent. En décrivant le fonctionnement de ce milieu, il fallait parler de Wall Street et du capitalisme américain sans manichéisme. Tout au long de ce document est effectuée une mise en parallèle très pertinente entre les propos des experts et ce que raconte le film, qui a ouvert une fenêtre sur l’intérieur de Wall Street. On y aborde le grand souci du réalisme pour les décors, les comportements et les relations hiérarchiques, la psychologie de Gordon Gekko, les nuances du personnage bien rendues par le charisme de Michael Douglas, l’importance de son apparence et de ses costumes (une inspiration directe de Pat Riley, le fameux coach des Lakers), sa stature et son parcours qui accroissent son pouvoir de séduction (au point que les jeunes voulaient se reconnaître en lui), la tentation de l’argent facile, le parcours de Bud Fox jusqu’à sa rédemption, les excès des années 80, les concepts et le vocabulaire guerriers repris par les gens de Wall Street, le nombre incroyable de repiques cultes du film… reprises par les professionnels eux-mêmes. Dynamique, instructif, captivant et parfois déplaisant, voilà un documentaire particulièrement éclairant.



Le making of de Wall Street (47 min 38 - 4/3 - DD 2.0 - VOST - 2000 - SD)
Ce documentaire, réalisé par la même société de production sept ans auparavant, traitait bien évidement déjà de nombreux sujets abordés par le film ci-dessus mais s’attachait plus directement à la mise en forme et à l’interprétation de Wall Street. La narration est effectuée par seulement quatre intervenants : Oliver Stone, Michael Douglas, Charlie Sheen et Martin Sheen. Le cinéaste y exprime son désir de battre le fer tant qu’il est chaud après les Oscars qui ont couronné Platoon ainsi que l’envie de « retrouver ses racines à New York » après deux films tournés à l’étranger. Il s’agit dès lors de dépeindre le nouveau Wall Street des années 80 et la criminalité en col blanc (il y trouve des parentés avec Scarface, dont il fut le scénariste). Stone parle de son père, de son intégrité. Le réalisateur, qui a pu tourner quelques scènes à l’intérieur de la Bourse même, ambitionnait de concilier le réalisme avec le spectacle. Les quatre intervenants évoquent la collaboration étroite entre Charlie Sheen et Oliver Stone, le père de ce dernier représenté par les deux personnages joués par Martin Sheen et Hal Holbrook, la détermination, la méticulosité et la nervosité du cinéaste sur le tournage, la direction d’acteurs et les tunnels de dialogues, l’importance qu’attache le cinéaste au texte qu’il a ciselé, le changement de type de rôle pour Michael Douglas, le même Douglas malmené par Stone pour le pousser à entrer dans son personnage de Gordon Gekko, les problèmes d’accord sur le personnage avec une Daryl Hannah réticente, l’attirance pour la figure du mal pourvu qu’elle soit séduisante, libérée des règles sociales et légales et gage de réussite. Quelques scènes sont mises en valeur, particulièrement celles intenses entre les Sheen père et fils. Un making of classique mais toujours agréable à suivre. On aurait peut-être apprécié plus de détails sur les dispositifs scéniques et les choix de mise en scène.


Scènes inédites avec commentaire optionnel du réalisateur (22 min 39 - 1.85 - DD 2.0 - VOST - SD)
Ces séquences sont présentées dans un état altéré, granuleux, avec de nombreuses rayures et taches. Mais ces soucis ne gênent en rien leur visionnage. 15 scènes sont disponibles, dont une deuxième fin avec Daryl Hannah qui rejoint Charlie Sheen sur les marches. Pour chacune d’entre elles, le cinéaste explicite les raisons de leur absence dans le montage final et exprime parfois quelques regrets.



Bandes-annonces cinéma
Cette section propose deux films-annonces de Wall Street de durées différentes (1 min 25 et 2 min 17 au bon format 1.85 et en VO non sous-titré) et celle d’Edward aux mains d’argent (2 min 04 - 2.35 - VOST).

Par Ronny Chester - le 22 septembre 2020