
Tout va bien
BLU-RAY - Région B
Gaumont Vidéo
Parution : 8 février 2023
Image
Tout va bien complète la série godardienne rééditée en Blu-ray en début d'année, à partir du même matériel utilisé pour le coffret 10 DVD sorti en 2010. Le film avait été restauré cette même année par le laboratoire Eclair, probablement à partir du négatif original. Si le rendu HD ne peut cette fois masquer une ancienneté plus visible, et mériterait une restauration plus récente, l'aspect général reste conforme à une production des années 70, à la photographie nettement différente de celle des deux autres opus (datant, on le rappelle de 1980 et 1987, où d'autres générations de pellicule étaient utilisées). Les images de Tout va bien sont un peu plus épaisses, avec des contours plus doux et un niveau de détail peu impressionnant. La colorimétrie reste assez naturelle, avec des visages souvent pâles et des pointes de saturation pour les rouges et les bleus (typique de la charte du cinéaste). Les contrastes sont équilibrés, sans pulsations. La copie est stable et profondément nettoyée.
Son
La piste sonore a été très efficacement restaurée, proposant le mixage original dans des conditions d'écoute fidèles. On notera une très belle présence des voix et un espace sonore équilibré, sans soucis de distorsions, détimbrages ou usures du temps. L'ensemble est d'une extrême propreté.
Suppléments
Letter to Jane (52 min - SD - VOSTF - Sous-titres Sourds et malentendants)
Drôle de manière de la remercier pour la participation à leur film, Gorin et Godard transmettent cette « lettre » à Jane Fonda. Lue dans un anglais correct pour deux Français (Gorin s’installera bientôt outre-Atlantique), elle entreprend de décortiquer une photographie parue dans l’Express, prise durant une visite de l’actrice au Viêt-Nam. Si c’est Fonda qui écope de ce traitement (une cinquantaine de minutes) et non pas Montand qui s’est lui rendu au Chili, c’est que les Nord-Vietnamiens ont jugé bon de transmettre des images de ce déplacement solidaire et non les Chiliens (l’article, avec photos prises par Fonda elle-même et pose en compagnie d’actrices locales est plus largement commenté). Face à un Viêt-Cong dont on ne voit que le chapeau triangulaire typique et devant un autre à la grise mine, Fonda s’entretient, nous dit le commentaire de la photo, avec l’armée de libération, des victimes de bombardement de digues. Gorin et Godard jouent l’image contre le texte : à l’image, elle ne discute pas avec, elle les écoute. Ils vont entreprendre de faire l’histoire de cette pose d’écoute attentive (la mine de qui en sait long sur la souffrance d’autrui), pour la faire remonter au cinéma américain classique (notamment chez Henry Fonda, père de…) durant la période du New Deal. Non pas que cette mine soit l’apanage de la gauche, elle peut aussi être celle de Nixon et Kissinger, des « faucons » qui en savent long sur leur ennemi. C’est l’aliénation de la gauche progressiste américaine par rapport au gouvernement américain offensif (et celle, peut-être plus crucialement, d’une star qui ne peut cesser de l’être, avec les règles expressives imposées par le système des studios, même quand elle milite) qui devrait être révélé par cette glose attentive et satirique. Dans une dialectique hégélienne, l’arrière-plan passe à l’avant-plan : c’est la gauche américaine (nette à l’image) qui est historiquement floue et la gauche vietnamienne (floue à l’image) qui est nette. Vedettes… encore un effort si vous voulez être Viêt’s. Cet exercice virtuose de sémiologie appliquée est, outre un précieux document sur l’entente des deux cinéastes, leur parole qui n’en fait plus qu’une (ils pourraient finir les phrases l’un de l’autre), le témoignage, par un pur exercice de montage (d’images fixes), d’un désir passionné de mise scène. C’est leur émancipation respective (dans des œuvres où le cinéma prendra plus de place et l’idéologie moins) que cette lettre filmée annonce.
Le court-métrage est accompagné de deux entretiens menés respectivement par Pierre-Henri Gibert et Dominique Maillet.
JLG/ADB (14 min - SD)
Journaliste et biographe de Jean-Luc Godard, Antoine de Baecque restitue le film dans la carrière du cinéaste, alors en plein "exil intérieur" dans son aventure avec le groupe Dziga Vertov. Il raconte les efforts du producteur "visionnaire et habité" Jean-Pierre Rassam qui voulait le relancer "dans le système" avec un grand film populaire de gauche, et le "rôle fondamental" de Jean-Pierre Gorin qui portera le projet aux côtés d'un Godard "très diminué" par un grave accident de moto. Antoine de Baecque raconte les tensions qui ne manquèrent pas pendant le tournage entre le réalisateur et ses deux stars, qu'il n'hésitait pas à critiquer et humilier, et rappelle l'accueil critique difficile qui a fait payer à Godard son arrogance, lui qui clamait vouloir renouveler le cinéma en cassant la grammaire classique.
JLG/AM (15 min - SD)
Armand Marco, directeur de la photographie de Tout va bien, révèle quelques indiscrétions du tournage, des "consignes strictes" imposées par Godard dans ses cadrages d'"une grande précision", aux tensions apparues entre le cinéaste et ses deux stars qui découvraient une autre pensée du cinéma sans en avoir été vraiment averties. Car Yves Montand et Jane Fonda, habitués à des méthodes plus classiques, sont apparus décalés et déstabilisés par rapport à l'univers du réalisateur et sa façon de filmer, pouvant ne pas montrer les visages (ce dont Montand a pâti) ou privilégiant au contraire ceux des seconds rôles moins connus. Armand Marco évoque également le décor de l'usine, inspiré de celui du Tombeur de ces dames de Jerry Lewis.
Bande-annonce (5min 11s - HD)
En savoir plus
Taille du Disque : 43 566 413 305 bytes
Taille du Film : 27 260 633 088 bytes
Durée : 1:35:35.208
Total Bitrate: 38,03 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,96 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34966 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1191 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 34,118 kbps
Subtitle: English / 29,394 kbps
Subtitle: French / 2,084 kbps