Test blu-ray
Image de la jaquette

Spider

BLU-RAY - Région B
Metropolitan Vidéo
Parution : 15 novembre 2024

Image

Metropolitan vidéo continue de rééditer les films de David Cronenberg issus de son catalogue avec le méconnu Spider, à, partir de la restauration sortie en Blu-ray en 2022 aux États-Unis (chez Sony). Le film est proposé pour la première fois en HD en France, après le DVD de 2003. L'éditeur ne s'arrête pas en si bon chemin puisque c'est aussi une première mondiale en UHD. Approuvés par David Cronenberg et son directeur de la photographie Peter Suschitzky, les travaux de restauration ont été effectués en 2022 en Allemagne, pour les vingt ans du film : Spider a été scanné en 4K, à partir du négatif original. Il y a un gain de qualité considérable par rapport au DVD, en partie concernant une différence de cadrage assez spectaculaire : on voit très bien dans le comparatif ci-dessous que l'image était curieusement extrêmement zoomée sur l'ancien transfert. Cette nouvelle restauration 4K rétablit donc le cadrage original (ou s'en rapproche), pour un résultat qui nous a semblé globalement convaincant, à quelques faiblesses près. La copie est stable, totalement nettoyée. On appréciera la définition solide, soutenue par un niveau de détail précis qui magnifie le rendu des textures et des peaux. Le gap de piqué entre les rendus HD et UHD n'est toutefois pas vraiment détonnant. Pour son étalonnage, Peter Suschitzky reprend à peu près les tonalités du DVD, mais avec une présence désormais un peu plus affirmée du magenta (c'est la grande mode, semble-t-il). On profite toujours, heureusement, de cette colorimétrie sobrement nuancée, plutôt froide et atone, en parfaite cohérence avec le sujet du film. Les contrastes sont assez bien ajustés. Si les images de Spider ont été tournées en pellicule, le grain en est désormais presque entièrement gommé : c'est le principal (seul?) reproche que nous ferons de ce transfert. On sent encore la source argentique mais à un niveau très faible, à tel point que certains gros plans, heureusement rares, pourraient presque sembler en partie lissés. Rien qui n'entache des conditions de visionnage très confortables. Notez que Spider est présenté en  HDR10.

comparatif DVD (2003) vs. Blu-ray (2024) :
1 2 3 4 5 6 7 8 9

Son

Les pistes audio proposent un confort d'écoute solide, pour un rendu extrêmement travaillé et conforme à l'atmosphère du film. Le mixage est donc épuré mais d'une grande précision, les voix sont cristallines et d'une belle présence, bien équilibrées avec les ambiances naturelles qui bénéficient souvent d'une spatialisation palpable mais toujours sobre, jouant sur les voies arrières de manière très subtile et enveloppante.

Suppléments

Spider est proposé dans un beau digipack 4 volets avec fourreau, comprenant les Blu-rays HD et UHD. Le film  est accompagné de plusieurs suppléments, identiques au DVD sorti en 2003 (en HD avec upscale - VOSTF) :

Commentaire audio de David Cronenberg
Le réalisateur se prête au jeu du commentaire audio de manière très soutenue, peu avare en explications même s’il a un peu tendance à trop paraphraser l’action au fur et à mesure. Il revient sur des points techniques du film, comme le générique et ses tâches de Rorschach, les lieux de tournages, l’importance de la première prise filmée qui impose le style et marque le jeu des acteurs dans leurs attitudes, leurs mouvements. Il souligne d’ailleurs le travail corporel de Ralph Finnes qui interprète son personnage dans une sorte de danse qui se substitue au manque de dialogue, précisant que l’allure de Spider est en fait inspirée de celle du dramaturge Samuel Beckett. David Cronenberg donne de nombreuses clés de lecture pour la compréhension du personnage, à l'"imagination enfiévrée et angoissée" : l’importance du carnet qui permet de visualiser l’obsession de Spider pour les souvenirs, le complexe freudien et les projections mentales, le jeu sur les différents niveaux de flash-backs qui accentuent le doute entre réalité et fantasme, par exemple lorsqu’il montre un Londres vide pour mieux exprimer sa psyché.


Autour du film (15 min)
Compilation de différents entretiens promotionnels, en partie menés à Cannes, qui abordent certains des enjeux de Spider. David Cronenberg évoque "la bonne dose" pour obtenir un casting idéal, et revient sur la réalité qui n'est pas une chose stable, modulée par les changements constants des souvenirs. Les acteurs parlent de leurs rôles, Ralph Finnes de la façon dont il s'est approprié le personnage à l'aide des vêtements, ou Gabriel Byrne du "rôle le plus dur qu'[il ait] jamais eu". L'écrivain Patrick McGrath explique les raisons qui l'ont fait choisir le titre "Spider"...

Camera (7 min)
Court-métrage produit en 2000 pour célébrer les 25 ans du Festival International du Film de Toronto (TIFF), précédemment inclus en supplément de Crash. À travers le discours d'un acteur déprimé par la vieillesse qui voit sa cuisine envahie par une équipe de tournage composée d'enfants, Cronenberg évoque le cinéma à la fois comme une captation du passé et un art du jeu et de l'innocence.

Masterclass de David Cronenberg (35min)
Rencontre passionnante avec le réalisateur, organisée pendant le Festival de Cannes en 2002 (quand Spider était en compétition), et animée par le journaliste Jean-Pierre Lavoignat. David Cronenberg se souvient de ses premières aspirations pour devenir "un romancier obscur", jusqu'à la révélation du cinéma pendant ses années d'université. Il parle de l'écriture et son rapport à l'adaptation d'autres auteurs, le "mélange de système nerveux" en même temps qu'il s'agit d'une trahison. Il revient justement sur ce qu'il a apporté au scénario de Spider, notamment le choix d'avoir supprimé la voix off originellement prévue, et évoque un film pensé avec une grand simplicité pour mieux s'ouvrir à la complexité, dans une approche expressionniste pour restituer l'"état intérieur" du personnage. Il parle de sa vision d'artiste, revient souvent sur l'importance de l'intuition (dans tous les domaines), les films qui fonctionnent comme des rêves. Il explique longuement son travail de mise en scène, sans storyboard mais avec une énorme préparation en amont et l'aide de toute son équipe, parle de sa propre grammaire cinématographique qu'il peaufine avec l'expérience, tout en jouant avec les surprises à l'étape du montage. Il évoque son travail avec les acteurs dans un rapport de confiance, parle des personnages qui se créent leurs propres réalités, et aborde entre autres la technologie comme prolongement du corps. Une masterclass extrêmement riche, ce qui n'est pas toujours le cas.


Anatomie d'une scène... de meurtre (13min)
Là aussi un très bon module dans lequel David Cronenberg commente les images du tournage d'une scène, filmée entre des jardins ouvriers près du château de Windsor et les studios de Toronto, quelques semaines plus tard. Cela lui permet d'expliquer un peu de sa méthode de travail, comment rendre dramatique une action simple (une femme se dirige vers un cabanon), en jouant sur le choix des angles de prises de vues... Cronenberg souligne le "rapport au temps" de l'acteur qui doit parfois jouer des fragments d'une même scène à plusieurs semaines d'écart, tout en conservant son intensité. Il explique également avoir dû retourner une partie de la scène à Toronto à cause d'un faux cadavre qui n'était pas crédible, car trop léger. Instructif.

On pourra également visionner la bande-annonce originale (1min 53s) ainsi que les bandes-annonces de trois films de David Cronenberg édités par Metropolitan Vidéo : Le Festin nu (1min 14s), Les Promesses de l'ombre (2min 23s) et Les Crimes du futur (1mn 20s).


En savoir plus

Taille du Disque : 44 840 130 798 bytes
Taille du Film : 32 790 288 384 bytes
Durée : 1:38:42.416
Total Bitrate: 44,29 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 33,87 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 33875 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 3876 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit / DN -4dB)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 3838 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / 16-bit
Subtitle: French / 0,161 kbps
Subtitle: French / 8,380 kbps
Subtitle: French / 42,789 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 23 janvier 2025