Soltero

Un an et quelques mois après le coffret Mike De Leon, Carlotta Films retrouve le cinéma philippin des années 80 avec le beau Soltero, proposé à partir d'une restauration qui demanda pas mal de travail (et qui apparaît miraculeuse lorsqu'on découvre le comparatif, en bonus). On retrouve ici les même difficultés de conservation de pellicule du cinéma philippin, les négatifs originaux ayant été perdus ou détruits, au profit de divers éléments positifs à l'état peu optimal puisque montrant le même genre de désagréments majeurs : couleurs virées, photogrammes manquant, syndrome du vinaigre qui attaque l'émulsion, et surtout un rétrécissement assez régulier de la pellicule. La restauration s'est effectuée en deux temps, entre 2016 et 2020 : L'Immagine Ritrovata a d'abord trié et réparé au mieux les nombreuses bobines mises à disposition, avant de les scanner en 4K ; le laboratoire thaïlandais Kantana s'est ensuite occupé de la restauration numérique : stabilisation des cadres et du pompage de luminosité, nettoyage et gommage des nombreuses salissures, déchirures ou rayures. Enfin, le laboratoire Wildsound Studio à Quezon City (Philippines) a géré l'étalonnage.

Le résultat est donc un patchwork de différents éléments plus ou moins éloignés en génération, et donc plus ou moins fins dans leurs rendus. Une restauration ponctuellement très poussée a pu également atténuer la précision finale. La qualité de définition fluctue ainsi  de "précis" à "très flou" (rarement), donnant une impression globale quand même assez satisfaisante, malgré un niveau de détail plutôt doux sur la longueur. Une restauration très poussé a pu également atténuer la précision finale. La pilule passe assez bien grâce à un grain respecté et une patine argentique plutôt bien conservée et presque uniforme. L'étalonnage évolue dans un registre légèrement moderniste tout en conservant un rendu film convaincant, avec une saturation efficace. Les décolorations sont peu nombreuses et très ponctuelles (il y en a une sévère dans une scène de forêt). On repérera plus fréquemment de légers gondolements de pellicule, suite au réajustement des photogrammes après rétrécissement. On remarquera quelques colmatages audacieux mais finalement efficaces des rayures verticales. Enfin, petite curiosité : sans doute pour des problèmes de droits, plusieurs extraits diffusés dans des téléviseurs ont été carrément floutés.

En plus d'une technique sans doute très limitée au départ, la qualité souvent précaire des éléments survivants limitent d'autant le rendu sonore. Voix et musique bénéficient d'une patine un peu couverte (pour tempérer le souffle?) et surtout d'une dynamique plutôt modeste et inégale (la musique n'étant pas du tout gâtée sur ce point). Le film a été entièrement post-synchronisé, la présence des voix reste limitée, avec des sifflantes souvent marquées. Comme sur certains titres du coffret Mike De Leon, la restauration sonore trahit un certain rattrapage de qualité avec quelques rustines modernistes, éthiquement discutables mais heureusement discrètes. On a ajouté en quasi permanence des arrière-plans (en stéréo), plus ou moins neutres selon les scènes ("fonds d'air", bruits de ville, etc.). On pourra aussi sentir quelques bruitages trop clinquants pour être honnêtes. 

Enfin, autre singularité de cette restauration philippine : comme pour les extraits floutés diffusés sur les écrans TV, les droits n'ont sans doute pas été renouvelés pour la musique. Deux scènes de discothèque utilisent ainsi un morceau électro actuel... avec 25 ans d'avance ! Une troisième scène conserve par contre le morceau d'origine, plus disco.

La restauration de Soltero (4 min - HD)
Un court module comparatif qui montre, comme rarement, le gap spectaculaire entre un scan brut très abîmé et le résultat final. Un doute persiste toutefois sur la correspondance exacte de ces sources, l'écart étant peut-être trop impressionnant pour être honnête. Mais c'est en tout cas un témoignage intéressant de ce à quoi peut être confronté un laboratoire de restauration quand le matériel est de très mauvaise qualité.

Bande-annonce 2021 (1 min - HD - VOSTF)

Taille du Disque : 36 895 709 457 bytes
Taille du Film : 35 814 902 016 bytes
Durée : 2:03:06.420
Total Bitrate: 38,79 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,82 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34829 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Tagalog / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2029 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 23,759 kbps