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Test blu-ray
Image de la jaquette

Robocop

BLU-RAY - Région B
MGM / United Artists
Parution : 5 février 2014

Image

On ne se le cachera pas, on l'attendait depuis longtemps ce disque-là ! Après une première expérience en HD ratée datant de mars 2008 (en France), en raison d'un Blu-ray très décevant en termes de vitalité du master, de colorimétrie non respectueuse (avec une sorte de filtre grisâtre-bleu sorti d'on ne sait où) et d'encodage réalisé avec les pieds, voici qu'arrive en 2014 l'édition Blu-ray de Robocop qui fait honneur au pamphlet débridé de Paul Verhoeven. Au rayon des belles satisfactions, il faut relever la propreté inattaquable du master concernant la très grande majorité des séquences, une stabilité du cadre parfaite, des couleurs bien fidèles à la photographie de Jost Vacano (clinique et bleue ou bien organique et terreuse selon les scènes), un respect du grain cinéma comme on l'aime allié à un piqué très satisfaisant (l'aspect des cheveux et des textures en témoigne), des contrastes de très haute tenue (mais variables en terme de profondeur des noirs selon les plans), et enfin un encodage jamais pris en défaut. Attention, le film s'ouvre par une séquence vidéo avec un flash d'information et des publicités qui ont conservé leur aspect brut de décoffrage et peu défini (et heureusement, compte tenu de la vulgarité parfaitement assumée et revendiquée par les auteurs de ces sommets de cynisme rigolard), qui n'est pas du tout représentatif de la qualité générale du nouveau master qui a bénéficié - selon l'éditeur - d'un traitement 4 K. Justement, à ce sujet, inutile de s'emballer, on ne verra pas de différence avec un traitement 2 K (encore le plus courant aujourd'hui) mais cela n'est en rien un problème tant la réussite est ici évidente. Au chapitre des mises en garde, on devra préciser que certains plans possèdent une définition de moindre qualité (ceux probablement qui ont été censurés pour les versions courtes, car heureusement ce Blu-ray propose la version intégrale de Robocop) ; ensuite l'excellent traitement général appliqué au film fait inévitablement ressortir les quelques effets optiques d'incrustation de certains plans qui perdent alors en piqué (essentiellement quand le robot ED-209 entre en jeu). Cela dit, ces trucages optiques réalisés par Phil Tippett bénéficient aussi du soin apporté à la restauration et ne sont en aucun cas dénaturés par le traitement numérique. On se doit également de rappeler que le fameux DVD Criterion de Robocop datant de 1998 proposait le format original 1.66, avec donc plus d'informations en haut en en bas du cadre, alors que toutes les autres éditions présentaient un format 1.85. Sans surprise, ce Blu-ray ne fait pas exception mais le rendu HD de ce Blu-ray 2014 compense de toute manière ce très léger désagrément et met dorénavant à l'amende toutes les anciennes éditions de ce film.

Son

Ce Blu-ray propose une foultitude de pistes sonores (une dizaine !) et logiquement nous nous intéresserons dans ce test technique aux deux bande-son qui nous concernent, à savoir les versions originale et française. La version américaine nous est proposée avec un nouveau mixage DTS-HD Master Audio 5.1. Hélas il ne faudra pas en attendre des miracles, surtout si l'on désire faire une comparaison avec les meilleures pistes multicanales auxquelles nous sommes habitués (et ce même pour des films contemporains de Robocop qui on trouvé une nouvelle fraîcheur sonore). On dira que cette piste a profité d'un traitement agréablement enveloppant plutôt que d'une spatialisation impressionnante. L'information sonore est principalement axée sur la scène frontale, avec quelques effets sonores et d'ambiances qui surgissent sporadiquement sur les côtés et à l'arrière mais avec une texture moins définie - cet aspect un peu brouillon des effets surround se révèle le principal défaut de cette nouvelle piste. Quant aux dialogues et à la musique, ceux-ci bénéficient globalement d'un très bon traitement. La nature HD de cette piste originale apporte néanmoins un surcroit de précision et de profondeur à l'aspect sonore global, ce qui n'est pas à négliger. La version française est celle que nous connaissions déjà, soit une piste DTS 5.1. En comparaison avec la piste anglaise, elle manque logiquement de punch et de profondeur mais elle ne démérite pas tant que ça compte tenu de la relative déception apportée par le DTS-HD MA de la version originale. En revanche, le traitement des sons d'ambiance est problématique : quand la VF ne les écrase pas (ça, on a l'habitude...), elle les supprime tout simplement ! C'est par exemple le cas lors de la tentative de hold-up de la superette au cours duquel le son provenant de la radio disparaît quand l'action commence, contrairement à la VO. Ensuite, on doit déplorer que toutes les mystérieuses lacunes propres à la VF de Robocop n'ont pas été corrigées sur ce Blu-ray : une phrase non doublée, des bouts de dialogue manquants, une ou deux désynchronisations et des déformations sonores sont toujours de la partie ! Enfin, les anglophiles remarqueront que les sous-titres font parfois preuve d'une certaine "originalité" par rapport aux dialogues anglais ; cela ne gène en aucun cas le plaisir de visionnage mais cela démontre le peu de sérieux que l'on relève quelquefois dans ce secteur d'activité.

Suppléments

Cette édition haute définition est présentée dans un joli steelbook. Il comporte, en plus du disque HD, un DVD contenant les versions censurée et director's cut de Robocop et les bonus de l'édition 2003. Le Blu-ray compile tous les bonus du DVD collector datant de 2003 (moins les 6 galeries photos et les bandes-annonces des deux suites, mais que l'on peut retrouver dans le DVD livré dans cette nouvelle édition, seules) ainsi que quatre nouveaux suppléments (trois documentaires et une rencontre à l'UCLA entre l'équipe du film et les étudiants datant de 2013. Enfin, on trouvera un livret illustré de 12 pages écrit par le journaliste de cinéma Marc Toullec (bien connu des lecteurs de Mad Movies) qui apporte son regard (historique et analytique) sur Robocop, aidé en cela par quelques extraits d'interviews.


Les suppléments inédits en HD

Villains of Old Detroit (17 min - 16/9 - DD 2.0 - VOST - 2006 - HD)
Ce premier module met en valeur les "méchants" de Robocop. On prend plaisir à retrouver, près de 20 ans plus tard, les comédiens qui ont pris un sacré plaisir à incarner des salauds de première : Ray Wise (Leon Nash), Kurtwood Smith (Clarence Boddiker), Miguel Ferrer (Bob Morton) et Ronny Cox (Dick Jones). Sont également interviewés Paul Verhoeven et les scénaristes Edward Neumeier et Michael Miner. On y aborde les personnalités de chacun, les armes (véritables ou factices) qu'ils avaient à disposition, les explosions auxquelles ils ont participé, quelques anecdotes sur le tournage, leurs auditions, le personnage charismatique de Boddiker (inspiré par Himmler !), la confrontation entre Morton et Jones, les différentes morts violentes qui jalonnent le film.


Special Effects Then and Now (18 min 20 - 16/9 - DD 2.0 - VOST - 2006 - HD)
Paul Sammon (chef marketing chez Orion), William Sandell (chef décorateur), Rocco Gioffre (spécialiste en matte painting), Craig Hayes (concepteur du robot ED-209), Paul Verhoeven et Phil Tippett (superviseur des effets spéciaux et producteur associé) sont interrogés sur quelques différentes techniques d'effets spéciaux utilisées dans Robocop. Sont évoqués la construction des décors, les matte paintings, la réduction d'image, l'animation image par image, la confection de marionnette, la construction de ED-209 et l'animation de sa miniature. L'ingéniosité et l'intuition dont font preuve tous ces experts pour aboutir à un vrai travail d'orfèvre imposent le respect. La fin du module aborde brièvement l'ère numérique avec ses bouleversements cruciaux dans le domaine des effets spéciaux. Malgré la brièveté de ce document, les informations fournies et les nombreuses photos de production illustrant les propos valent le détour.

Robocop : creating a legend (21 min 09 - 16/9 - DD 2.0 - 2006 - HD)
Ce troisième et dernier module, toujours produit par la même société de production, met l'accent sur le personnage de Robocop et sa conception grâce aux entretiens menés avec Jon Davison (producteur exécutif), les acteurs Peter Weller, Kurtwood Smith et Ray Wise, les scénaristes Edward Neumeier et Michael Miner, Paul Verhoeven et Paul Sammon (cadre chez Orion). Les thèmes abordés sont les suivants : le casting de l'acteur principal, le travail physique impressionnant accompli par Peter Weller, sa préparation avec le concours d'un mime professionnel, la création de l'armure par Rob Bottin, les armes de Robocop, les problèmes de tournage dès la réception de l'armure, la mise en place de la gestuelle de Weller et son incarnation progressive du personnage ainsi que ses nombreuses heures de préparation. Malgré une narration qui s'éparpille un peu, ce document s'avère intéressant surtout par l'implication de Peter Weller dans son personnage ; selon Weller, Robocop figure parmi les rôles qui le rendent le plus fier de son travail. On ne peut que souscrire à cette assertion.


Q & A with the Filmmakers (42 min 30 - 16/9 - DD 2.0 - 2013 - HD)
A l'université d'UCLA, le présentateur Robert Rosen accueille une partie de l'équipe de Robocop 25 ans après son tournage pour une session de questions / réponses au sujet du film. Sont donc conviés sur une estrade Paul Verhoeven, Michael Miner, Edward Neumeier, Phil Tippett, Peter Weller et Nancy Allen. Beaucoup d'informations sont échangées (souvent sur un ton humoristique) sur la conception du film, son aspect de série B, les différents thèmes soulevés, le sous-texte politique, le commentaire politique via les actualités et les publicités, les hésitations de Verhoeven, la référence à Jésus, l'esthétique de la violence et ses conséquences, la longue préparation de Peter Weller durant le tournage et son interprétation avec l'armure, le casting en général, les coupes effectuées sur le montage, etc. Si l'on retrouve ici bien sûr quelques informations déjà entendues dans d'autres documentaires, les différents commentaires s'avèrent très intéressants, d'autant que la passion pour leur travail n'a jamais quitté les intervenants (même si Verhoeven semble parfois un peu en retrait). La captation de cette conférence est assez brouillonne mais techniquement correcte pour ne rien rater de ce qui est exprimé. Enfin, il y a une certaine émotion à revoir ces artistes aujourd'hui sur lesquels l'âge a eu une certaine prise, mais leur jeunesse d'esprit se manifeste dans leur regard pétillant.

Bonus caché avec Paul Verhoeven (38 s - 16/9 - DD 2.0 - 2006 - HD)
Le cinéaste hollandais évoque rapidement, et de façon amusée, sa très brève apparition dans la scène dans la boîte de nuit où il est filmé en train de s'agiter comme un fou sur la piste de danse. Très anecdotique mais rigolo.


Les suppléments repris du DVD collector de 2003

Commentaire audio de Paul Verhoeven, Ed Neumeier et Jon Davidson
Le metteur en scène, son producteur et l’un des deux scénaristes (celui qui collaborera par la suite de nouveau avec Verhoeven sur Starship Troopers) commentent ensemble le film. Il se dégage de l’exercice un plaisir inhabituel. Entendre Verhoeven et Neumeier éclater d’un rire communicatif au moment d’une explosion hyperbolique ou d’un spot à la con renforce le côté bête et méchant de ce film ludique. Avec, on s’en doute, la nostalgie d’une carrière alors à distance de son déclin à venir. Excellente nouvelle : ce commentaire audio a été sous-titré pour le Blu-ray.

Chair et acier : les coulisses de RoboCop (36 min)
Making-of du film réalisé pour les besoins de sa sortie DVD. Les principaux intéressés relatent l’origine du projet (frustration d’exécutants à Universal pour Neumeier et Miner, influence de Metropolis et envie de montrer « le diable mettant à mort le Christ » pour Verhoeven), leurs voix formant au montage un commentaire uniforme sur les différentes étapes du projet, du casting à la logistique du tournage. Auto-dithyrambique au final (quoiqu’il ne taise pas les difficultés à obtenir le résultat voulu, tels les conflits entre l’équipe artistique et les techniciens dévolus à l’animation du robot), ce document n’en est pas moins sérieusement instructif et n’embellit pas les problèmes surmontés du tournage. Dommage néanmoins de ne pas avoir un feed-back de Peter Weller, comédien astreint à onze heures de maquillage dans le plus contraignant des cas pour être en mesure de tourner.


Reportages de 1987 : 1-Tournage (8 min) / 2-Création de RoboCop (8 min)
1- Le tournage (8 min) : Miguel Ferrer dans son rôle à l’écran interviewe son RoboCop en guise de promotion du film à sortir, avant que divers collaborateurs ne prennent le relais de l’autre côté du miroir pour expliquer le projet (dans la lignée, selon un jeune Neumeier, des super-héros névrosés de chez Marvel). La fabrication du film, toute sa part artisanale, est ensuite détaillée par les intéressés. L'ensemble va au-delà d’une simple portée promotionnelle.

2- La création de RoboCop (8 min) : les principaux comédiens présentent un à un leur personnage, tandis que Neumeier et Verhoeven en résument les enjeux. Une voix-off commente la préparation au tournage et l'apparition de divers collaborateurs. Une didactique publicitaire de bon niveau, donc.

Scènes coupées
Dans une copie délavée en version originale, les rushes de scènes non retenues pour le film en salle ou pour la version voulue par Verhoeven (d’une conférence de presse à des micro-trottoirs moqueurs, en passant par un I’d buy that for a dollar de plus mauvais goût que jamais). Le seul apport réel au récit aurait été l’apparition de Nancy Allen hospitalisée, interrogée par le flash journalier. Des plans non retenus de l’exécution du cadre d’OCP par l’ED 209 referment cette galerie.

Bandes-annonces
Deux-bandes annonces d’époque du premier RoboCop sont disponibles, ainsi que les teasers du deuxième et troisième volet, plus un spot télévisé promouvant la franchise (le tout en anglais). Your move, creep !

Comparaison de story-boards avec commentaires de Phil Tippett (6 min)
L’animateur revient sur la méthode de stop-motion de l’ED 209. La comparaison révèle comment chacune de ses apparitions était précisément storyboardée (au point de détailler parfois le même cadre en cas de changement d’axe). Tippett rappelle que RoboCop n’était pas un budget faramineux pour l’époque (interdisant des facilités tels qu’un fond bleu) et comment l’essentiel de ce qui allait être vu à l’écran devait dès lors avoir été pensé dans les détails en pré-production. Pari réussi !

Par Ronny Chester (technique et bonus HD) et Jean-Gavril Sluka (bonus DVD) - le 13 février 2014