Ophélia

Les amateurs de Claude Chabrol voient leur patience de plus en plus récompensée. Alors qu'une petite partie de la filmographie du cinéaste est à peine disponible en DVD, un certain nombre de ses films se voient réédités en France depuis quelques temps en (magnifiques) versions restaurées. Et parmi les titres déjà sortis en Blu-ray aux Etats-Unis, comme Le scandale ou L'oeil du malin, le rare Ophélia a aujourd'hui droit à son édition HD tricolore, après un DVD "à la demande" dans la collection rouge de Gaumont. L'éditeur à la marguerite reprend la restauration 2K effectuée par Eclair en 2015, déjà éditée aux USA chez Olive Films en 2017.

Le résultat, très satisfaisant, permet de (re)découvrir le film dans de bonnes conditions de visionnage. La copie est immaculée, les images ont été stabilisées, la définition est précise, avec un niveau de détail soutenu. La patine argentique est respectée, avec un grain fin et organique parfaitement géré par l'encodage du disque. L'étalonnage est plutôt réussi, avec une belle gamme de gris et pas mal de nuances. Les yeux aguerris noteront peut-être quelques infimes différences de traitement par rapport aux habituelles restaurations du laboratoire : des contrastes un peu plus denses, moins typiques des niveaux de projection en salle, mais qui conservent toujours un peu de détail dans les ombres ; et quelques limitations dans les hautes lumières, inhérentes aux capacités techniques du scan HD, phénomène très ponctuel et surtout peu gênant en réalité.

La bande-son a été restaurée par L.E. Diapason. Totalement nettoyée et restituée avec une grande fidélité par rapport au négatif original, la piste se montre précise et équilibrée, dénuée de traces du temps (pas de souffle ni de sifflantes ou de saturations). La dynamique est modeste, époque de production oblige, avec un spectre davantage situé dans les mediums et les aigus - sauf pour les brefs passages musicaux où les basses fréquences se rappellent un peu à notre bon souvenir...

L'apparence des choses (16 min - HD)
Patrick Saffar, spécialiste de Claude Chabrol auquel il a consacré un livre aux éditions Gremese en 2020, évoque Ophélia, l'un des gros échecs du début de carrière du réalisateur, au point qu'il sera ensuite obligé de tourner des films plus commerciaux pour se refaire une crédibilité auprès des producteurs. L'historien du cinéma présente le co-scénariste Paul Gégauff, qui était pour Chabrol bien plus qu'un collaborateur : un partenaire de travail à l'influence majeure, qui lui apporta "la contradiction". Saffar livre ensuite quelques pistes d'analyse de cette "inadaptation d'Hamlet" au héros "inadapté", "l'un des premiers fous de la galerie chabrolienne". Il explique comment le cinéaste s'exprime de manière détournée, critique un univers à travers le regard d'un personnage instable, ou utilise pour son récit des ruptures de ton, entre réalisme, fantasmagorie et bouffonnerie, qu'il accentue par le jeu très marqué d'André Jocelyn, "acteur atypique dans le cinéma français". Ophélia tisse des rapports étroits avec le précédent opus du réalisateur, L'oeil du malin, deux récits subjectifs où Chabrol essaie de pénétrer l'esprit du personnage principal, ici un héros torturé qui rappelle celui du Feu follet de Louis Malle. Un complément succinct mais intéressant.

Bande-annonce originale restaurée (3 min 41 s - HD)

Taille du Disque : 36 300 293 421 bytes
Taille du Film : 31 094 679 552 bytes
Durée : 1:43:29.203
Total Bitrate: 40,06 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 36,81 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 36819 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1334 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 22,348 kbps