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Test blu-ray
Image de la jaquette

Les Fleurs de Shanghai

BLU-RAY - Région B
Carlotta
Parution : 12 octobre 2020

Image

Il y a un an, Carlotta proposait Les Fleurs de Shanghai dans sa toute dernière restauration, inaugurée au Shanghai International Film Festival de 2019. Les travaux ont été effectués en 4K par L'Immagine Ritrovata à partir du négatif original 35mm, et surtout sous la supervision du réalisateur Hou Hsiao-Hsien et de son directeur de la photographie Ping Bin Lee. Un détail qui change totalement la donne puisque les deux collaborateurs ont profité des outils numériques désormais à leur disposition pour reprendre presque à la base la photographie du film. Plutôt que de crier au révisionnisme, nous partirons sur l'hypothèse (logique) qu'ils ont voulu se rapprocher davantage de leurs volontés premières et rattraper d'éventuelles contraintes économiques au moment du tournage. Le résultat est de toute façon un cas de figure très intéressant à étudier, sachant que ces retouches numériques sont si poussées que l'image perd énormément de son aspect argentique originel.

La définition apparaît déjà bien douce pour un scan 4K, mais cela peut éventuellement s'expliquer par la structure du film qui est composé de multiples plans-séquences rassemblés par des fondus au noir. Il se pourrait que ces plans (truqués) intermédiaires, d'une génération supplémentaire par rapport au négatif original, puissent être pour quelque chose dans la petite perte de détail. A cela s'ajoute un gommage assez visible du grain photochimique, bien trop discret pour être honnête, et bien plus critiquable, visiblement une volonté du cinéaste et de son chef opérateur. Mais le plus inhabituel est à trouver dans les modifications d'étalonnage, assez spectaculaires quand on les compare avec l'ancien master édité en DVD en 2002. Même en outrepassant les limites techniques du télécinéma de l'époque, on distingue très bien les transformations qui ont été effectuées. La colorimétrie est ici bien plus saturée, avec un arrière-fond plus verdâtre et une lumière, provenant des lampes à huile et des bougies, désormais très jaune et très marquée. Hou Hsiao-Hsien a enfin obtenu les arrière-plans très sombres qu'il souhaitait à l'époque et n'avait pu obtenir (cf. le documentaire Let The Wind Carry Me, en 2009), qui accentuent le réalisme de la reconstitution (les pièces étaient faiblement éclairées). L'étalonnage numérique permet d'accentuer la profondeur des noirs, qui deviennent par contre rapidement bouchés et très peu détaillés : on se retrouve parfois avec de grandes zones d'étoffes noires et vides, sans nuances.

Cette nouvelle restauration présente donc une image revue mais assumée par ses créateurs. L'ensemble, assez stable et totalement immaculé, reste heureusement dans le ton du film, accentuant le soin apporté aux décors et aux costumes. On signalera quelques soucis de banding (posterisation) durant les ouvertures/fermetures de certains fondus, un défaut visiblement natif du master et non une conséquence de l'encodage du disque (irréprochable malgré les presque 2h de suppléments).

comparatif DVD TF1 vidéo (2002) vs. Blu-ray Carlotta (2020) :

1 2 3 4 5 6 7 8 9

Son

Le film est proposé dans une piste stéréo sans doute très proche du mixage d'origine. On appréciera l'ouverture palpable et le rendu assez détaillé. Ce n'est pas un film à effets, c'est même tout à fait le contraire, l'ensemble montre un bel équilibre entre les voix (plutôt cristallines) et les ambiances discrètes. On notera un arrière-plan musical toujours très délicat, assez bien mis en valeur dans les surrounds du nouveau remix 5.1, aux caractéristiques très semblables. Les deux pistes ont été minutieusement nettoyées de toute impureté.

Suppléments

Carlotta accompagne Les Fleurs de Shanghai de plusieurs suppléments conséquents :


CINÉMA, DE NOTRE TEMPS : HHH - PORTRAIT DE HOU HSIAO-HSIEN (1997 - 91 min - VOSTF)
Restauré en 2K par l’INA, ce beau document réalisé par Olivier Assayas s’épanche en déambulations complices (Assayas et HHH ont noué une amitié depuis dix ans déjà) dans les rues de Taipei et aussi à l’occasion d’étapes ferroviaires à l’intérieur des terres formosanes dont les trajets ont le charme de la série Des trains pas comme les autres. HHH aborde les sources de son inspiration, son cheminement personnel, ses méthodes de travail (corroborées, lorsqu’elle est présente, par la fidèle et sympathique scénariste Chu Tien-wen) ainsi que le contexte géopolitique et culturel de Taïwan. Des participants à la Nouvelle Vague taïwanaise évoquent l’exaltation des premières années, parfois avec émotion (Chen Kuo-fu, scénariste et critique).  Ces évocations nous laissent imaginer le degré de stimulation et d’émulation ressentis par ces acteurs d’un courant majeur de l’Histoire du cinéma contemporain. D’autant que les intervenants paraissent dénués d’apprêts dans leur apparences, leurs attitudes et leurs propos. On pourrait presque dire qu’ils ne « paient pas de mine » eu égard à l’importance de cette cinématographie. Cette humilité artisanale, loin des postures artistiques, fait aussi le prix du documentaire. Surtout lorsque cela concerne également le principal intéressé, Hou Hsiao-hsien : personnage terrien, « clopeur » et mâcheur de chewing-gum, qui retrouve, dans les rues de sa jeunesse, lorsqu’il s’adonne à un karaoké ou quand il confie sa nostalgie d’un monde de voyou qu’il a connu jadis, des attitudes d’éternel « ragazzo ». Cette réalité du personnage apporte beaucoup d’éclairage à l’œuvre qu’il a su élaborer. En outre, le film nous montre une très énigmatique autant que fascinante manière de préparer le thé !


Un monde flottant 
Présentation du film, face caméra, par Jean-Michel Frodon, critique et ex-rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma. Avec un ton monocorde qui ne semble appartenir qu’à lui, Jean-Michel Frodon donne une présentation des Fleurs de Shanghai exemplaire de clarté, de précision et d’argumentation quant à la conclusion vers laquelle il nous amène inévitablement : ce film est un chef-d’œuvre. Il donnera de toute façon envie au néophyte.


Bande-annonce 2020 (1 min 43 - HD)

Nous avons testé l'édition simple en Blu-ray mais Les Fleurs de Shanghai est également sorti dans une Édition Prestige limitée comprenant le Blu-ray et le DVD, ainsi que quelques goodies : le livre exclusif Le Prix des sentiments de Charles Tesson (60 pages), un jeu de 5 photos et l'affiche du film (40cm x 60cm).

En savoir plus

Taille du Disque : 49 483 796 194 bytes
Taille du Film : 30 824 248 896 bytes
Durée : 1:53:54.869
Total Bitrate: 36,08 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,10 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29104 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Chinese / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 3490 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: Chinese / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1599 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 27,531 kbps

Par Stéphane Beauchet (technique) et Alexandre Angel (suppléments) - le 21 septembre 2021