Les Féroces

Éléphant Films poursuit sa collection Les années de plomb avec le réussi Les féroces, sorti en Blu-ray en Allemagne en 2019, à partir du même transfert 2K. On remarque assez vite une palette de couleurs réduite et peu naturelle, dans une sorte de bichromie déjà croisée sur Magnum 44 Spécial, mais ici à un niveau heureusement moindre. On constate essentiellement un ensemble généralement un peu terne et des pointes de magenta sur les visages et des éléments de décor. Il y a plus spécifiquement un problème avec les rouges qui apparaissent quasi systématiquement rosés ou Bordeaux. Si l'on peut soupçonner un traitement plus que maladroit de la part de l'étalonneur, il semblerait que cela soit encore un problème de copie mal conservée, dont l'émulsion a commencé à virer. Pour preuve : les génériques de début (en italien) et de fin (en anglais), éléments dupliqués qui ont pu être conservés dans d'autres boîtes, ne sont pas concernés et offrent une colorimétrie plus riche et naturelle. On notera que certains passages échappent aux soucis de couleurs, par exemple autour de la 58e minute, un segment épargné mais hélas bien trop rare sur la durée du film. Certains plans souffrent à quelques reprises d'un mélange de pulsations de luminosité et d'émulsion colorimétrique légèrement instable.

La définition souvent précise et le bon niveau de détail sont cohérents avec un scan effectué en 2K, malgré quelques faiblesses récurrentes. La copie n'a pas été spécialement stabilisée (sans pour autant que les tremblements agacent) et l'image a été complètement nettoyée. On regrettera le retour d'un encodage mal paramétré qui tend à rogner les détails les plus fins et notamment la texture granuleuse originelle de la pellicule, sans éviter, parfois, un lissage bref mais drastique. Les contrastes sont plutôt équilibrés, souvent détaillés, parfois (brièvement) plus denses.

La version originale italienne apparaît un peu couverte, ce qui a pour effet de masquer le souffle en arrière plan mais aussi de limiter le niveau de détail. Les voix possèdent une présence honnête, à défaut d'être très naturelles, livrées avec quelques sifflantes. L'ensemble manque sans doute d'ampleur, avec un spectre un peu étroit mais correctement équilibré avec les ambiances et la musique. Il faudra toutefois prendre en compte les conditions techniques un peu limitées lors du mixage. On pourra sentir une infime compression dans certains arrière plans. La piste anglaise est quasiment identique, laissant passer davantage de souffle (à un degré infime), sans signe d'usure particulier. La version française est, elle encore plus étriquée et couverte, avec un excès dans les graves. La piste manque sensiblement de détail, voix et ambiances étant restituées de manière très brouillonne et grossière. La musique perd beaucoup subtilité. On notera que la tonalité est légèrement accélérée par rapport aux autres pistes.

Deux courtes scènes qui n'ont pas été doublées en anglais sont proposées en VO italienne sous-titrée.

Les Féroces, proposé en DVD et Blu-ray, est disponible au choix en boîtier métal Future Pack ou Scanavo (avec jaquette réversible). Les disques sont accompagnés de Les années de plomb - vol. 3, un livret de 24 pages écrit par Alain Petit. Le journaliste donne des informations complémentaires plutôt intéressantes sur les trois films de cette dernière salve, s'intéressant à leur exploitation en France et aux parcours des réalisateurs ou des acteurs. Il revient sur La police a les mains liées, un poliziottesco "quelque peu au-dessus du niveau habituels de ses prédécesseurs", avec Arthur Kennedy, "l'une des grandes figures du cinéma américain des années 40-50", devenu un habitué du cinéma italien dans les dernières années de sa carrière. Avec sa critique d'une presse parasite, Magnum 44 Spécial n'est "pas tout à fait un néo-polar comme les autres", grâce à Stelvio Massi, l'un des "petits maîtres" du genre avant le "difficile recyclage" des années 80, et les célèbres Lee J. Cobb ou John Saxon, "l'un des comédiens les plus connus des amateurs de séries B". Alain Petit évoque la discrète sortie des Féroces en VHS, "oeuvre maîtresse" de Romolo Girolani, oncle d'Enzo Castellari, et film qui porte "la griffe" de Fernando Di Leo au scénario. On y retrouve notamment au casting le français Max Delys qui oeuvra avec Paul Morrissey, et le fameux Tomas Milian, "icône du poliziottesco", ici en "vedette invitée mais omniprésente", dans un rôle assez riche.

Le film par Stephen Sarrazin (13 min - HD)
Supplément spécialement produit pour cette édition, avec l'enseignant et critique Stephen Sarrazin qui évoque le cinéma de genre italien dont la production fonctionnait un peu comme celle du studio Nikkatsu, avec les roman-porno japonais, et des cinéastes qui devaient "livrer un film" dans un temps imparti et plutôt court. Il revient sur les deux facettes d'une jeunesse italienne aisée "qu'on n'a pas si bien connue" au cinéma, entre la beauté photogénique et sa destruction malsaine pour briser la monotonie de la richesse.? Il parle de ces assassinats froids et "sans états d'âme", et remarque comment Tomas Milian est discrètement mis à l'écart de l'histoire au profit du trio en fuite. Plutôt disert lorsqu'il parle de cinéma japonais, Stephen Sarrazin peine à se lancer ici dans une analyse intéressante et plus approfondie. Il n'a visiblement pas assez de choses à dire...

La férocité dans la peau (16 min - HD avec upscale - VOSTF)
Produit en 2004 pour un DVD italien, un entretien avec le réalisateur Romolo Guerrieri qui évoque le film policier italien des années 70 et l'accueil glacial de la critique qui les qualifiait souvent de films fascistes. Il parle de Fernando Di Leo, "grand scénariste" et "homme de valeur", et raconte quelques anecdotes autour des Féroces, revenant par exemple sur la façon dont il a réussi à convaincre Tomas Milian de participer au film, ce "grand acteur qui n'a pas été reconnu à la hauteur de son talent", dont il garde un très bon souvenir de tournage malgré une réputation de diva. Il raconte également l'arrestation de Benjamin Lev, qu'il dût remplacer par une doublure pour continuer le tournage. Romolo Guerrieri regrette cette "époque particulière" où le cinéma prenait des risques et avait des choses à dire. Les propos sont entrecoupés d'extraits des Féroces dans une qualité proche de la VHS, de quoi comparer (et relativiser) sur l'amélioration notable des conditions de visionnage.

Guerrieri, libre et dangereux (16 min - HD - VOSTF)
Repris du Blu-ray allemand, ces entretiens croisés avec le réalisateur Romolo Guerrieri, l'actrice Eleonora Giorgi et la scripte Sylvia Petroni (fille du cinéaste Giulio Petroni) permettent d'avoir quelques témoignages de première main, mais parfois redondantes avec le module précédent. Guerrieri regrette que le poliziottesco ait été trop souvent produit "à la va-vite", suscitant la fronde des critiques, et rappelle que, s'il a toujours travaillé, il n'a jamais tourné de projets qui lui tenaient vraiment à cœur, acceptant souvent des films qu'il pensait présomptueusement rattraper. Guerrieri rappelle son attachement à l'humanité des personnages et leur mise en avant, surtout s'ils étaient perdants. Sylvia Petroni raconte ses débuts de carrière et évoque Fernando Di Leo, "un homme de peu de mots" qu'elle a côtoyé sur 3 films. Elle se souvient de la vanité de Tomas Milian, Guerrieri racontant comment il a convaincu l'acteur de jouer dans Les Féroces. Avec une grande franchise, Eleonora Giorgi avoue ne pas s'être intéressée au monde du cinéma, à l'époque, produisant un travail "presque mécanique" pour réclamer son cachet. Elle se souvient surtout de l'arrestation de Benjamin Vel, un épisode "surréaliste" du tournage que Guerrieri explique davantage, racontant notamment les efforts qu'il déploya pour ne pas que cela se remarque dans son film...

Bande-annonce 2023 (1 min 15 s - HD - VOSTF)

Bandes annonces (HD - VOSTF) de La trilogie du milieu (1min 45s),Technique d'un meurtre (1min), La Mort remonte à hier soir (1min), La Guerre des gangs (1min 01s), Colère noire (1min 54s), Mister Scarface (1min 27s), Deux Flics à abattre (4min 11s), Magnum 44 Spécial (1min 23s), La Police a les mains liées (1min 21s).

On trouve aussi la bande-annonce du documentaire Eurocrime (5 min 15s - HD - VOSTF), récemment sorti chez Ecstacy of Films.

Taille du Disque : 39 339 131 515 bytes
Taille du Film : 27 629 998 080 bytes
Durée : 1:36:53.641
Total Bitrate: 38,02 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29995 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1645 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1908 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2047 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 17,294 kbps
Subtitle: French / 17,998 kbps
Subtitle: French / 0,029 kbps
Subtitle: English / 17,121 kbps