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Test blu-ray
Image de la jaquette

Les Chiens

BLU-RAY - Région B
Studiocanal
Parution : 30 juin 2021

Image

Retour d'Alain Jessua dans la collection Make My Day ! avec Les Chiens, présenté dans une restauration qui nous a un peu laissé perplexe au premier abord. Les travaux ne sont visiblement pas récents, avec des signes suspects de traitement vidéo. Le comparatif avec la précédente édition du film apporte une réponse : StudioCanal a repris l'ancien master sorti en DVD en 2011 en y ajoutant sans doute quelques modifications récentes (stabilisation et propreté) mais en ne pouvant masquer les défauts techniques dus à son âge. Du côté de la définition, le scan d'époque sauve tout juste un piqué plutôt raisonnable (peut-être renforcé par un peu d'accentuation des contours) mais ne peut compenser un faible niveau de détail - à l'exception de certains gros plans plus crédibles. On sentira un peu de lissage dans les textures et les aplats, dû justement à ce manque détail, ainsi qu'un trait qui semble un peu artificiel couplé à un grain discret qui rogne ces contours fragiles. Vu le débit vidéo relativement solide, la limitation du grain semble être d'origine (et non une conséquence de l'encodage du disque) et s'ajoute aux autres limites techniques du scan HD élaboré à l'époque. Mais heureusement, hormis ces "faiblesses" de définition, les autres caractéristiques de l'image tiennent plutôt bien la route. Les contrastes se montrent à peu près équilibrés (certains passages sont encore très contrastés) et, surtout, la colorimétrie, malgré des blancs un peu neutralisés entraînant des visages tirant sur le magenta, conserve un rendu assez agréable grâce à une saturation affirmée et une palette convaincante. La gamme de couleurs du DVD était relativement chaude, certains regretteront peut-être cette nouvelle dérive magenta...

DVD StudioCanal (2011) vs. Blu-ray StudioCanal (2021) : 1 2 3 4 5 6 7

Son

La piste sonore bénéficie d'une dynamique modeste mais le rendu est clair et très propre. Ambiances et voix sont équilibrées dans un mixage simple, au souffle discret.

Suppléments

Préface de Jean-Baptiste Thoret (9 min - HD)
Directeur de la collection Make My Day !, Jean-Baptiste Thoret présente en quelques minutes Les Chiens, l'"un des films les plus passionnants d'Alain Jessua", alors au sommet de sa carrière, et évoque avec passion les caractéristiques de son cinéma visionnaire qui anticipe les dysfonctionnements de notre société. Thoret souligne l'intuition et le sens de l'observation de Jessua pour des films qui ont souvent "un coup d'avance", mais aussi l'habileté d'un cinéaste qui sait créer une ambiance anxiogène en transformant le décor d'une ville témoin "extrêmement mignonnette" en ville fantôme "extrêmement inquiétante".

Les Chiens revu par Philippe Rouyer (53 min - HD)
Figure incontournable de la critique cinéma d'aujourd'hui, enseignant et "diffuseur de passion cinéphile", intervenant actuellement à Positif et dans plusieurs revues, chroniqueur multisupport, Philippe Rouyer est le même genre de compétiteur que Jean-Baptiste Thoret, capable de parler de cinéma pendant des heures et avec passion. Il fait une longue et très bonne analyse des Chiens, abordant le parcours d'Alain Jessua et "son moment" des années 70, où il s'ouvre au fantastique en recyclant les mythes du genre, dans une sorte de trilogie ancrée dans la France de l'époque. Rouyer montre comment Jessua utilise un cinéma populaire (Victor Lanoux, "le Français par excellence") en le rendant singulier, distillant l'image d'une déshumanisation de la société. Jessua utilise l'ambiguïté et l'aspect malaisant des chiens, à la fois compagnons sympathiques et bêtes dangereuses, qui s'immiscent dans la psyché sexuelle des habitants (la scène d'orgasme "par chien interposé") dans une espèce de folie. L'enthousiaste Philippe Rouyer n'omet pas les faiblesses d'un film qui "n'a pas toujours les moyens de ses ambitions", souligne la caractérisation inégale des personnages (les Sénégalais ou les jeunes, réduits à de simples figures, à des clichés), ou le renoncement du cinéaste au cours des années 80.

Entretien avec Alain Jessua et Nicole Kalfan (25 min - SD upscalé en HD)
Reprise des suppléments sortis en DVD en 2006, des interviews menées par Anne Andreu (Cinéma, Cinémas). Alain Jessua parle des difficultés rencontrées pour monter ses films ("c'est normal, c'est le métier") et revient sur la genèse du scénario, son côté "un peu medium" et l'ambiguïté du réflexe sécuritaire qui transforme l'agressé en agresseur. Il se souvient du métier de dresseur de chiens ("un milieu de fous !") et du décor intéressant de Marne-la-Vallée, alors en construction. Alain Jessua évoque plusieurs fois son plaisir à diriger les acteurs, notamment du "plus que doué" Gérard Depardieu, star en devenir que le cinéaste devait canaliser au risque d'être "roulé dans la farine" : il retournera au doublage pour diminuer le jeu de l'acteur dans certaines scènes. Jessua parle un peu du tournage et des accidents de chiens, du manque de moyens, du trac agressif de Victor Lanoux ou de la raison pour laquelle Depardieu, d'abord réticent, acceptera finalement de jouer dans le film, avec courage, "comme une thérapie". Nicole Calfan se rappelle un tournage agréable mais pas toujours très détendu à cause de la peur suscitée par les chiens et les morsures. Elle évoque son personnage, ses partenaires, un film "en marge" qu'on peut détricoter "comme une pelote", et le grand cinéma français des années 70, qu'elle a connu.

En savoir plus

Taille du Disque : 37 291 716 605 bytes
Taille du Film : 24 843 257 856 bytes
Durée : 1:39:34.125
Total Bitrate: 33,27 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,97 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29978 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1563 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 32,123 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 20 septembre 2021