Image
Second film d'Alberto Lattuada proposé par Tamasa en Blu-ray, Les adolescentes a lui aussi fait l'objet d'une magnifique restauration en 2018, par le laboratoire L'image retrouvée (Paris/Bologne), effectuée en 4K en grande partie via le négatif original qui a nécessité au préalable un travail important de réparation mécanique. Un contretype muet a dû être utilisé afin de remplacer une partie de l’élément original. La première bobine a été scannée en immersion afin d’éliminer les nombreuses fines rayures. Comme pour Guendalina, le résultat est resplendissant de précision : une magnifique copie, stable et totalement nettoyée (hormis quelques très rares poils en bords de cadre), au noir & blanc très nuancé, aux contrastes idéalement ajustés, réétalonnés en se basant sur une copie positive italienne d’époque. Les yeux les plus aguerris noteront peut-être quelques infimes faiblesses d'encodage durant les passages les plus sombres, comme les scènes nocturnes dans la villa restaurée. Mais rien qui n'entache sérieusement des conditions vraiment idéales pour (re)découvrir le film.
Dans l'entretien inclus dans le livret, Alberto Lattuada évoque la censure dont fût victime Les adolescentes à sa sortie, "coupé sur plus de 300m" de pellicule : "ce qui devait être l'histoire délicate d'une métamorphose est devenu le récit sans nuances des fantasmes d'une nymphette banale". S'il précise ensuite que son "appel" (judiciaire?) a été "approuvé" trois ans plus tard, nous ne savons pas si le montage initial fût exploité par la suite. Si l'avis péremptoire de Lattuada ne correspond pas vraiment à notre ressenti après visionnage, il semblerait que la version proposée aujourd'hui en Blu-ray corresponde à celle, censurée, présentée dans les salles italiennes en 1960.
Son
Restaurée à partir du négatif son italien, la version originale en mono plein débit s'avère extrêmement propre et dénuée de craquements ou de saturations. Seul persiste un très léger souffle, peu gênant. Le mixage d'origine entièrement post-synchronisé est particulièrement bien restitué, avec un équilibre assez naturel entre les voix et les ambiances. La version française, elle aussi restaurée à partir du négatif son (français) mais pourtant proposée en "simple" Dolby Digital, bénéficie de conditions finalement assez similaires, très propres, à l'exception de petites sifflantes, quelques saturations assez proches, et avec parfois une meilleure présence des basses fréquences.
Suppléments
Les adolescentes est accompagné d'un livret de 22 pages reprenant l'entretien d'Alberto Lattuada paru dans le livre d'Aldo Tassone, Le Cinéma italien parle (éd. Edilig), en 1982. L'historien questionne le cinéaste sur son parcours, débuté comme critique de cinéma attaquant la propagande fasciste et "le conformisme qui envahissait la culture italienne", avant qu'il co-fonde la Cinémathèque de Milan aux côtés de Luigi Comencini. Cet entretien permet de dresser un portrait de l'artiste Lattuada, son style à l'élégance affirmée mais un regard cinglant, vif, sincère et spontané sur les maux de l'Italie de son époque ("un nid de contradictions"). Se plaçant en opposition des films qui exaltent "les instincts homicides" de l'homme, le cinéma de Lattuada célébre la "beauté" contre "l'âpreté des rapports humains", et pointe l'hypocrisie de la société, les abus, les tabous, la rigidité des moeurs, s'engageant pour des "valeurs fondamentales", sans sermon ni idéalisation. Lattuada revient sur sa collaboration avec Federico Fellini ("une « tête » extraordinaire"), ses rapports avec le néo-réalisme auquel il a contribué, sa passion pour la littérature russe qui donna plusieurs films parmi les plus grandes adaptations littéraires du cinéma italien, et la censure appliquée aux Adolescentes à sa sortie. Le cinéaste se dévoile au travail, commente ses films et avoue avec une rare franchise se consoler des échecs publics en recherchant "à tout prix" un succès populaire dans le film suivant. Excellente synthèse d'un parcours cultivé, exigeant et éclectique.
Le Blu-ray comprend aussi quelques suppléments :
Un roman d'apprentissage (10 min - 1080i)
Jean-François Rauger, critique et directeur de la programmation à la Cinémathèque française, fait un bien brève (mais néanmoins efficace) présentation des Adolescentes, film très important dans la carrière de Lattuada puisqu'il lance une nouvelle période de son cinéma, autour d'"un sujet qui va l'obséder" : des portraits de jeunes filles qu'il "déclinera de manière de plus en plus osée et audacieuse". Jean-François Rauger parle de cette histoire d'apprentissage teintée de "douce mélancolie", de la beauté picturale des décors, ou de la magnifique partition de Piero Piccioni qui accompagne l'"un des plus beaux débuts de film de l'histoire du cinéma". Il évoque également la révélation Catherine Spaak, 15 ans, fille du célèbre scénariste Charles Spaak, qui connaîtra une jolie carrière dans les années 60 et 70...
Bandes-annonces italienne et française d'époque (6 min 47 s- 1080i - VF/VO non sous-titrée)
Bande-annonce 2020 des Adolescentes (1 min 22 - 1080i - VOSTF)
Bande-annonce 2020 de Guendalina (1 min 26 - 1080i - VOSTF)
En savoir plus
Taille du Disque : 25 149 108 208 bytes
Taille du Film : 21 094 625 280 bytes
Durée : 1:31:29.916
Total Bitrate: 30,74 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 24,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 24999 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / LPCM Audio / 2.0 / 48 kHz / 1536 kbps / 16-bit
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 192 kbps
Audio: French / LPCM Audio / 2.0 / 48 kHz / 2304 kbps / 24-bit
Subtitle: French / 14,873 kbps
Subtitle: French / 19,267 kbps
Subtitle: French / 0,003 kbps