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Test blu-ray
Image de la jaquette

Le Village des damnés

BLU-RAY - Région All
Elephant Films
Parution : 12 avril 2022

Image

Un adage ancestral énonce que pour savoir où on se trouve, il est utile de savoir d'où on vient, et notre premier commentaire tiendra, avec une éloquence suffisante, en un simple comparatif (forcément inégal) entre la sortie 2022 dont il est question sur cette page et la seule édition française du film dont nous disposions jusqu'alors dans notre filmothèque, un DVD antédiluvien sorti chez Universal en 2003.

comparatif Blu-ray Elephant (2022) vs. DVD Universal (2003) :
1 2 3 4 

Les images se passent de commentaires, et on en vient même à comprendre enfin à quoi correspondaient certaines taches bien baveuses non identifiées (ah d'accord, sur la troisième image, dans la salle de classe, il n'y pas de problème de raccord sur la coiffure de David, à gauche de son visage, c'est simplement le dossier de la chaise située derrière lui...).

Mais puisque pour savoir où on se trouve, il est utile de connaître aussi les étapes du trajet, il nous faut mentionner que Village of the Damned a depuis eu l'honneur d'éditions haute-définition allemande (chez Koch) en 2014, britannique (Fabulous Films) en 2015, nord-américaine (Shout Factory) en 2016, espagnole (Reel) en 2019 (on en oublie probablement) et qu'à défaut de les avoir eues toutes en main, on peut légitimement supposer que toutes ces éditions se reposaient sur le même master, établi en 2009 pour la sortie du coffret  américain John Carpenter Master of Fear. Un comparatif sur captures avec l'édition Shout Factory nous autorise à affirmer que c'est le même master qui est ici utilisé par Elephant Films, et que 2009, eh ben, ça commence à dater...

D'autant que le transfert, déjà critiqué à sa sortie, porte non seulement les vestiges de son âge mais aussi des (mauvaises) habitudes propres à son époque de confection, avec un recours assez systématique à des outils de lissage numérique, type réducteur de bruit ou effets de sur-contour, qui visent à booster les détails mais aplanissent surtout les textures (en particulier les visages, trop cireux, mais aussi les surfaces unies, sans aspérité) et estompent considérablement le grain d'origine. La copie est certes extrêmement propre, avec un rendu homogène en termes de colorimétrie ou de gestion des contrastes, mais on déplore évidemment fortement ces recours abusifs qui dénaturent l'image cinématographique.

A noter également que les premières minutes du film sont "pillarboxées" (l'équivalent latéral du lettexboxing) et que subitement, à 5'19'' de film, les bandes noires latérales disparaissent.

Son

Village of the Damned fait partie de la première génération de films, à partir de Jurassic Park en 1993, à avoir bénéficié de la technologie DTS (Digital Theater System), et le mixage 5.1 offre, à cet égard, un beau dynamisme multicouches, avec des effets sonores efficaces, bien équilibrés avec les dialogues ou le score de John Carpenter et Dave Davies (qui sollicite bien les basses). Le mixage 2.0 en version originale est également très satisfaisant, mais tend à superposer davantage les choses et à en atténuer les effets.

Le mixage 2.0 de la version française est de même tout à fait honorable, mais le doublage est assez inégal (pour Christopher Reeve, par exemple, l'interprétation est considérablement affadie).

Suppléments

Sur le disque, un unique supplément : une présentation du film par Stéphane du Mesnildot (24 min 57 - HD), journaliste aux Cahiers du Cinéma et enseignant à Paris III, notoirement connu pour sa connaissance du cinéma de genre asiatique, mais également grand amateur de John Carpenter. Après un début rapide, presque balbutiant, dans lequel il recontextualise scolairement le film au sein de la filmographie de Carpenter ou vis-à-vis du film britannique de Wolf Rilla dont il est un remake, Stéphane du Mesnildot attaque ensuite l'analyse du film à travers ses thématiques fortes, en premier lieu la description d'une "communauté WASP de Nouvelle-Angleterre" qui méconnaît l'altérité, soudain "déréglée" par l'irruption de ces enfants, et si l'analyse est parfois poussée un peu loin pour le plaisir de pouvoir le faire (les couleurs qui tombent au sol...), elle est dans l'ensemble très pertinente (l'analogie avec Atticus Finch est bien vue), faisant ressortir avec justesse le "goût pour les marginaux" et les "gueules cassées" du cinéaste, et aidant ainsi à réévaluer ce titre assez mésestimé de la filmographie de Carpenter.

Dans le boîtier steelbook, un livret de 24 pages (avec du texte sur presque toutes les pages) rédigé par Alain Petit, et constitué de très brefs textes factuels consacrés à John Wyndham (l'auteur des Coucous de Midwich, le roman adapté), au film de Wolf Rilla, à d'autres films mettant en scène des enfants maléfiques, ou à l'univers de John Carpenter.

Par Antoine Royer - le 2 juin 2022