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Test blu-ray
Image de la jaquette

Le Témoin à abattre

BLU-RAY - Région B
Studiocanal
Parution : 27 janvier 2021

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Suite des aventures de Jean-Baptiste Thoret et sa collection Make My Day ! chez StudioCanal, avec Le Témoin à abattre qui a été récemment restauré, au moins en 2K, avec une qualité bel et bien là : copie stable et sans pulsations, images immaculées ou presque, avec une très bonne définition et un niveau de détail soutenu. Les contrastes sont très bien ajustés, denses et détaillés à la fois, tandis que la colorimétrie apparaît nuancée et vive, avec une bonne saturation des couleurs. On regrettera peut-être que l'étalonnage soit moins vintage et plus moderne, atténuant parfois les nuances originelles de la pellicule pour des blancs plus "purs" et des carnations magenta légèrement accentuées. C'est en tout cas une présentation très solide, techniquement.

Il faut cependant préciser que le matériel utilisé pour cette restauration est celui du montage "international", en anglais, qui diffère de la version italienne et de celle sortie en France. C'était une époque où l'on ne respectait pas forcément l'intégrité des oeuvres d'un pays à l'autre, où l'on pouvait parfois pratiquer quelques coupes pour cause de censure ou, dans un autre genre, réduire la durée pour augmenter le nombre de projections quotidiennes. Il se trouve qu'un internaute avisé a récemment mis à disposition sur Youtube la fin du film dans sa version française, une séquence d'action d'une dizaine de minutes non incluse dans le montage international, et présentée ici dans des conditions très limitées (un écran TV filmé au caméscope, avec un son presque inaudible). Il semblerait que cet extrait en VF corresponde à la fin du film dans son montage italien, ce qui irait dans le sens des indications de durée sur le site imdb et le minutage du DVD italien sorti en 2008 (plus long de 8 minutes par rapport à celui inclus dans cette édition).

L'idéal aurait été de proposer une copie de cette version longue, même en bonus, histoire d'équilibrer les positions. Au lieu de cela, le DVD inclus avec le Blu-ray reprend curieusement la même version "internationale", mais dans un ancien master, plus terne à tous les niveaux, et en italien. Sans doute une question de droits ou de disponibilité de matériel, on sait que c'est souvent trèèèès compliqué avec l'Italie...

Son

Le Témoin à abattre est proposé sur le Blu-ray uniquement dans sa version anglaise. Il s'agit de la langue du tournage mais, comme tout film italien de cette époque, la prise de son n'était pas en direct et les voix ont été post-synchronisées (en conservant, même en anglais, un léger accent italien). Le rendu est en tout cas conforme au mixage d'origine, respectant l'équilibre entre ambiances, musique et voix. Mis à part quelques sifflantes et un léger souffle ponctuel, les conditions d'écoute sont très satisfaisantes. Le film est aussi disponible dans son doublage italien... mais uniquement sur le DVD, et également dans ce fameux montage "international". Il s'agit d'une restauration plus ancienne (estampillée Lumière), à la qualité plus limitée. Le spectre est très couvert, beaucoup moins détaillé, avec une dynamique plus resserrée et vite saturée, des sifflantes marquées et un léger souffle en arrière-plan. Pourquoi ne pas avoir "posé" la version italienne sur le master HD ?

Suppléments

Si le cinéma de patrimoine semble toujours fonctionner en vidéo, l'économie du marché français reste encore compliquée. Malgré le succès de la collection Make my Day ! (qui doit sans doute varier selon le film proposé), même StudioCanal doit ajuster ses budgets. On sent que cela a été le cas ici, que le temps et l'argent ont sans doute manqué pour peaufiner cette édition à sa juste valeur : pas de montage intégral, pas de VF, version italienne uniquement en DVD, et des suppléments intéressants mais finalement peu variés.

Préface de Jean-Baptiste Thoret (12 min - 1080i)
Le critique et historien, directeur de la collection Make my Day ! le dit et le répète : il est fier d'intégrer le polar italien dans sa collection, avec ce "film formidable". Il présente brièvement mais efficacement le Poliziottesco, "sorte de chaînon manquant" dans l'histoire du cinéma italien et genre proche de l'exploitation, encore trop méconnu en France, qui joue sur le conflit entre la loi et la justice, en partie inspiré par Dirty Harry, mais qui reste surtout le miroir d'"une Italie en proie au crime" et aux Années de plomb. Jean-Baptiste Thoret évoque rapidement Franco Nero et sa "puissance déterminée", mais présente surtout Enzo Castellari et Le Témoin à abattre, premier de ses trois polars importants (qu'on aimerait aussi découvrir !), avec son style réaliste et rapide, en urgence, dans "une forme d'énergie incroyable".

L'Italie à bout portant (12 min - 1080p)
Jean-Baptiste Thoret approfondit ses arguments sur des images du film, mais n'évite pas les redondances. A travers Le Témoin à abattre, il revient de nouveau sur la généalogie du genre Poliziottesco, fusion d'un cinéma policier national avec des oeuvres phare du cinéma américain de l'époque (Bullitt, French Connection). Ce mouvement est une sorte de retour aux sources vers le néo-réalisme, où de nombreux détails sont inspiré de faits réels : une autre forme du cinéma politique des années 70, sous un angle réactionnaire qui parle "pour la majorité silencieuse de l'époque", dans un traitement outrancier et baroque, "presque carnavalesque", dans la pure tradition de l'Arlequin italien. Toujours intéressant mais, pour un film soi-disant si important dans la collection, il est dommage de ne pas avoir élargi le spectre critique en donnant la parole à d'autres spécialistes.

En savoir plus

Taille du Disque : 33 183 463 771 bytes
Taille du Film : 26 663 608 320 bytes
Durée : 1:33:15.083
Total Bitrate: 38,12 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34999 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1294 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 25,657 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 11 mars 2021