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Test blu-ray
Image de la jaquette

Le Roi des imposteurs

BLU-RAY - Région A, B, C
Elephant Films
Parution : 23 février 2021

Image

Cette année, Elephant Films nous gâte en nous proposant trois films rares parmi les premiers réalisés par Robert Mulligan. Le plus - relativement - célèbre de ce tiercé est donc Le Roi des imposteurs. En termes techniques concernant l’image, le résultat est satisfaisant mais également contrasté, si l’on ose dire. L’éditeur annonce un nouveau master restauré en haute définition. Sur ce point, on ne peut lui donner tort. La copie est véritablement stable et plutôt propre - si l’on excepte quelques scories comme des petites rayures verticales blanches (on a aussi noté une saute d’image) et surtout la présence surprenante de poinçons circulaires de fin de bobine qui sont généralement effacés numériquement. Quant à la HD, elle est bel et bien présente, heureusement, avec un très bon piqué qui fait souvent et agréablement ressortir la précision et les détails des différentes matières, des cheveux et même du grain de peau. Mais avec deux bémols toutefois : des chutes de définition se produisent lors de certaines séquences (notamment en extérieur) comme si différentes sources avaient été utilisées ; ensuite, un effet de dégrainage a été appliqué même si l’image conserve un certain aspect argentique (le grain reste discret). En revanche, on ne relève aucun usage évident d’accentuation des contours, ce qui est un très bon point. Le plus étonnant concerne la luminosité globale de ce master : les hautes lumières sont trop poussées et donne un rendu parfois opalin. Les contrastes en sont évidemment affectés puisqu’ils manquent de profondeur même si les ombres sont bien débouchées - les scènes dans la pénombre peuvent néanmoins s’apprécier avec des basses lumières aux noirs suffisamment denses. L’échelle de gris, pourtant appréciable dans ses nuances, est aussi, de ce fait, décalée vers le haut. Enfin, la compression s’avère correcte, un aspect technique qui joue parfois des tours à l’éditeur. En conclusion, malgré quelques objections, on doit reconnaître que ce Blu-ray constitue une réussite, notamment si l’on pense à la faible renommée du film.

Son

Ce disque contient la version originale et la version française dans un mixage DTS-HD MA 2.0 mono équivalent. Ces deux pistes sont conformes à nos attentes : propres, claires, sans usure particulière ni bruit sonore. La bande-son originale, sans surprise, présente un bien meilleur équilibre entre les voix et les ambiances et propose une belle ouverture sonore pour la musique de Henry Mancini. La version française, si elle ne démérite pas, plaque les voix en avant et ces dernières montent d’ailleurs un peu trop dans les aigus (mais pas au point d’être gênantes à l’écoute). Le doublage français en lui-même est convaincant, même si quelques voix s’éloignent trop de celles des comédiens originaux qui leur correspondent. Le doubleur de Tony Curtis, en revanche, a été soigneusement choisi.

Suppléments

Le Roi des imposteurs par Jean-Pierre Dionnet (4 min 39 - 16/9 - DTS HD-MA 2.0 - 2021 - HD)
Il s’agit d’une brève présentation - un peu décousue - qui peut se voir avant ou après le film. C’est donc logiquement que Dionnet ne s’étale pas trop sur son sujet. Il esquisse quelques comparaisons avec Catch Me if You Can de Spielberg, évoque Ferdinand Waldo Demara Jr., le protagoniste réel sur lequel se base le film (« un enfant avec une prestance extraordinaire »), admire le travail de l’acteur principal (« un des plus jolis rôles de Tony Curtis ») et ses échanges avec Karl Malden. Dionnet, réellement emballé par Le Roi des imposteurs, achève son propos par l’hypothèse un peu osée d’une projection de Robert Mulligan dans son personnage mythomane, un cinéaste en effet à l’aise dans tous les genres.


Portrait de Robert Mulligan (23 min 27 - 16/9 - DTS-HD MA 2.0 - 2021 - HD)
Dans ce documentaire, richement illustré d’affiches, de photos et d’extraits des trois films édités par Elephant Films, Jean-Pierre Dionnet dispose de tout le temps nécessaire et peut se permettre de déclarer sa flamme à Mulligan, un cinéaste souvent oublié à son grand regret mais dont on ne cesse heureusement de redécouvrir l’œuvre. Il explique les raisons de cette sous-estimation, en partie par la grande discrétion de l’artiste. Dionnet cite quelques repères biographiques (son intérêt pour la théologie, son passage chez les marines, ses nombreux petits jobs) puis rappelle les origines télévisuelles de Mulligan (comme d’autres célèbres cinéastes de sa génération) qui réalisa 35 téléfilms. Adepte de la nécessité de changer régulièrement de genre, cinéaste sensible de l’enfance -à laquelle il revient souvent - et du regard de l’enfant sur le monde, « prodigieux révélateur d’acteurs », Robert Mulligan trouve en Dionnet un fervent défenseur. Et voilà que celui-ci, dès la neuvième minute, décide de lister tous les films du cinéaste ! Et pari tenu avec une présentation succincte mais juste de chacun d’entre eux (sauf un, qu’il n’a pas pu voir) avec leurs thématiques et l’approche adoptée par le cinéaste, dont bien sûr Du silence et des ombres (« pour moi l’un des plus beaux films du monde »), Un été 42, son plus gros succès, L’Autre et The Nickel Ride (son film préféré de Mulligan). Que l’on soit sensible ou non à la faconde de Jean-Pierre Dionnet, ce document mérite franchement le détour car il sait donner un aperçu pertinent du cinéma de Mulligan, dont il existe par ailleurs très peu d’exégèses.




Le Roi des imposteurs - Entretien avec Nachiketas Wignesan (22 min 27 - 16/9 - DTS-HD MA 2.0 - 2021 - HD)
Cet entretien est un bon complément aux deux suppléments supervisés par Dionnet. Wignesan, enseignant de cinéma, après avoir rappelé l’historique du film (initié par Tony Curtis et adapté d’une histoire vraie toute récente), développe certains thèmes autour de la quête éperdue de fuite et de liberté. Il insiste aussi sur le mélange des genres dans cette comédie qui tire vers le mélodrame, qui « passe d’une humeur à l’autre. » Film de tous les possibles, dénonciateur « d’une société trop clivée », promoteur de l’idée qu’on « peut avoir plusieurs vies », Le Roi des imposteurs se révèle bien plus complexe qu’il n’y paraît. Wignesan souligne l’importance de la séquence de la prison avec ses paradoxes et « l’idée d’entremêlement des genres » dans la scène de combat ; il se livre même à une courte analyse de la mise en scène de l’espace dans cet endroit suivant l’action du protagoniste. Il s’attarde ensuite sur la rencontre avec l’infirmière et les contradictions propres au cheminement de Demara, « un personnage qui confond liberté et enfermement. ». Enfin, l’enseignant termine sur l’inévitable comparaison avec le film de Steven Spielberg et évoque quelques liens entre les œuvres. Ce document parvient à prolonger intelligemment la vision du film en approfondissant ses enjeux.

Bande-annonce (2 min 39 - 4/3 - DD 2.0 - VOST - SD)
Elephant Films propose ce film-annonce « dans son jus », datant de l’époque de sortie du Roi des imposteurs. Au format 4/3, sombre et très peu définie, tachée et aux contrastes très poussés, cette bande-annonce peu engageante sur le plan visuel remplit néanmoins son rôle en rendant justice au film qu’il donne envie de voir (même si l’aspect comique l’emporte sur toute autre considération).


Dans la même collection
On trouve dans cette section la bande-annonce de L’Homme de Bornéo (1 min 17) et celle du Rendez-vous de septembre (1 min 35), la première restaurée et montée par l’éditeur et la seconde d’époque.

Par Ronny Chester - le 10 mars 2021