
Le Festin nu
BLU-RAY - Région B
Metropolitan Vidéo
Parution : 3 mai 2024
Image
Les amateurs de David Cronenberg sont gâtés puisque plusieurs de ses films des années 90-2000 sont petit à petit disponibles dans les bacs grâce à de récentes restaurations 4K. C'est Metropolitan vidéo qui a ouvert le bal au printemps dernier avec Le Festin nu, sorti quelques temps auparavant chez Arrow (en Angleterre) et surtout Turbine Medien (en Allemagne) qui avait financé les travaux. La restauration s'est partagée entre Toronto (pour le scan 4K du négatif original 35mm) et Uelzen, en Allemagne (pour le traitement numérique, stabilisation, nettoyage et étalonnage). Les travaux ont été supervisés à Londres par le directeur de la photographie Peter Suschitzky, et approuvés par David Cronenberg lui-même.
Cette nouvelle restauration comblera les attentes, le rendu offrant des conditions de visionnage optimales. Le plus important : la précision est de mise, avec un niveau de détail acéré et irréprochable, qui offre un rendu très efficace sur les peaux et les textures. La patine argentique est respectée, le grain n'a pas été gommé mais il reste curieusement très ténu. L'étalonnage est aussi spectaculaire que le niveau de définition, avec des choix colorimétriques très affirmés et une saturation marquée, mais heureusement sans excès (sauf pour quelques carnations tirant vers le magenta). La luminosité un peu excessive de l'ancien master français (préalablement sorti chez Criterion) est désormais réajustée, avec des contrastes renforcés, plus marqués et surtout plus cohérents avec un rendu argentique. La copie, désormais dans son format 1.85 respecté, est totalement stabilisée et profondément nettoyée. L'encodage est aux petits oignons, que ce soit en Blu-ray HD ou en UHD (qui est proposé avec le Dolby Vision).
Blu-ray Movinside (2017) vs. Blu-ray Metropolitan vidéo (2024) :
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Son
La présentation sonore est aussi soignée que l'image, avec une offre double pour la VO (en stéréo et 5.1) quand la version française doit se contenter de la piste stéréo d'origine, heureusement de très bonne facture. Les différentes options ont un rendu assez proche, bénéficiant d'un spectre très ouver, qui ne souffre d'aucune trace d'usure marquée. Le rendu est extrêmement précis et réaliste, avec un bel équilibre entre des voix claires à la belle présence et des arrière-plans discrets mais palpables. Si la spatialisation se fait souvent sentir, la musique envoûtante est particulièrement mise en valeur dans les voies arrières du mixage 5.1, qui gagne encore davantage en ampleur.
Suppléments
Metropolitan propose Le Festin nu dans un digipack 4 volets avec fourreau rigide, comprenant le Blu-ray HD et le Blu-ray UHD, ainsi que Interzone, un livret de 64 pages principalement composé d'un très long entretien accordé aux Cahiers du cinéma en 1992. Interrogé par Serge Grünberg, David Cronenberg évoque notamment l'adaptation du livre et ses subtilités, la "relation dialectique" entre son univers et celui du romancier William S. Burroughs, le jeu "avec le narratif", entre impressionnisme et réalisme, sa vision d'une humanité qui se construit à partir des autres et transforme ses corps pour surmonter la mort, de l'importance du son et des dialogues, ou de la création de la musique du Festin nu. David Cronenberg parle également des rapports entre l'homosexualité et l'art, du cinéma comme son "laboratoire", de ses films comme "métaphores de processus intérieurs", revenant sur ses personnages qui acceptent leurs déficiences et avancent vers l'inconnu. Outre une intéressante introduction de Nicolas Rioult (de l'équipe Metropolitan) et quelques anecdotes autour du film et du casting, le livret comprend une introduction de David Cronenberg (issue du dossier de presse original ?) où il raconte ce projet de longue haleine et difficile travail d'adaptation, proche de l'écriture automatique, presque une possession de son esprit par celui de Burroughs.
Après une précédente édition française dénuée de suppléments (à l'exception d'un livret), Le Festin nu bénéficie cette fois de nombreux compléments, sans toutefois atteindre l'abondance de l'édition anglo-saxonne :
Commentaire audio avec David Cronenberg (VOSTF)
Enregistré au temps du DVD, le cinéaste s'est prêté à l'exercice de manière assez efficace, du moins dans la première partie, ses interventions devenant de plus en plus rares par la suite (il a même tendance à disparaître dans la dernière demi-heure). Malgré quelques redondances inévitables avec les autres suppléments, ses remarques sont souvent pertinentes. Il évoque par exemple le générique en hommage à Saul Bass, son amour des textures et des détails propres aux années 50, son invention autour des drogues pour rester dans le symbole sans aborder frontalement le sujet de la consommation, son goût pour les effets spéciaux réels qui facilitent l'interaction avec les acteurs, ou la "lutte de tous les instants" pour trouver le design du mudwum. Il s'arrête régulièrement sur le parcours et l'oeuvre de William S. Burroughs, son style et les points communs qu'ils entretiennent, avouant avoir écrit le scénario "habité par l'esprit" de l'écrivain...
Entretien avec Jeremy Thomas (22 min - HD avec upscale - VOSTF)
Dans ce supplément du DVD anglais sorti chez Optimum en 2004, le célèbre producteur du Dernier empereur raconte quelques anecdotes autour du Festin nu, projet qui aura mis 10 ans à se concrétiser. L'idée est partie de sa rencontre avec Cronenberg : il savait qu'il serait "le seul sur Terre à pouvoir en faire un film", lui qui sût effectivement "capter [la] folie" de l'écrivain. Jeremy Thomas se souvient des rencontres avec William S. Burroughs, leurs repérages à Tanger avant que la Guerre du golfe n'oblige à reconstituer la ville en studio, à Toronto, ou les effets spéciaux en dur, inspirés pour leur mise en oeuvre par le travail de Ray Harryhausen. Jeremy Thomas raconte la façon de travailler de David Cronenberg, précis, organisé et d'un grand calme ("Cronenberg a ça dans le sang"), relativise l'accueil critique qui peut se retourner au fil des années, parle de sa scène préférée dans le film et de son goût pour les idées simples et efficaces, ou regrette que Le Festin nu n'ait pas été tourné 20 ans plus tôt, constant que le monde est désormais "moins ouvert"...
Naked Making Lunch (55 min - HD VOSTF)
Produit en 1992 et réalisé par Chris Rodley, un making-of très documenté qui ne s'attarde pas vraiment sur le tournage du film mais sur le parcours et l'oeuvre de William S. Burroughs, et les audaces de l'adaptation de son livre sulfureux, entre drogues, sexualité extrême et "perversité polymorphe". Un documentaire qui analyse les thématiques propres à l'écrivain et l'esprit qui a oeuvré pour les retranscrire à l'écran, avec la fusion des sensibilités parfois communes entre l'écrivain et le cinéaste.
Masterclass avec David Cronenberg et Howard Shore (21min - HD avec upscale)
Supplément repris du DVD Opening de 2003, filmé au regretté Virgin Megastore des Champs-Élysées en 2002, à l'occasion de la sortie du livre d'entretien de Serge Grünberg. Durant cette courte masterclass, menée par le critique Thierry Jousse, David Cronenberg évoque une "collaboration qui ne se termine jamais" avec son compositeur Howard Shore, ce dernier étant "son premier lecteur", venant sur les plateaux et participant très en amont aux étapes de développement. Ils parlent de leur rencontre, au tout début de leurs carrières, de la musique d'avant-garde de Chromosome 3 et de l'évolution du travail de Shore qui accompagne celle du cinéaste. Le compositeur évoque sa musique du Festin nu, qui créait un lien entre la musique des années 50 et les sonorités nord-africaines.
Analyse du film par Serge Grünberg (16min - HD avec upscale)
Repris du DVD Opening de 2006, un entretien (filmé en 2003) d'un spécialiste de David Cronenberg (cf. livret), notamment auteur d'un livre d'entretiens avec le cinéaste en 2000. Serge Grünberg contextualise le projet et analyse Le Festin nu, "film parfaitement surréaliste", "au-dessus de la réalité", qui fût pendant longtemps un "vieux rêve" pour de nombreux cinéastes, Cronenberg réussissant à adapter ce livre "inenvisageable" au cinéma. Grünberg raconte la collaboration entre le cinéaste et l'écrivain, comment le scénario intègre de nombreux éléments de la vie de Burroughs, reprenant l'idée de l'écriture comme "une espèce de meurtre" et une malédiction, n'oubliant pas son rapport étroit avec la toxicomanie et la sexualité. Il relève le mythe de la femme double qui meurt et qu'on retrouve, ou le challenge de montrer Burroughs incarnant sa fiction.
Bande-annonce originale (1min 31s - HD - VOSTF)
Avec la participation de William S. Burroughs - et restaurée en 4K.
Bande-annonce 2024 (1min 14s - HD - VOSTF/VF)
En savoir plus
Blu-ray HD
Taille du Disque : 49 183 145 370 bytes
Taille du Film : 39 336 443 904 bytes
Durée : 1:55:14.908
Total Bitrate: 45,51 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,87 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34878 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1706 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1638 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 3917 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS Audio / 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 16-bit
Subtitle: French / 0,122 kbps
Subtitle: French / 24,393 kbps
Subtitle: French / 33,812 kbps