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Test blu-ray
Image de la jaquette

Le Distrait

BLU-RAY - Région A, B, C
Gaumont
Parution : 11 septembre 2019

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Avec ce titre, il faut l’avouer d’emblée, Gaumont atteint l’excellence. La restauration 2K du Distrait par le laboratoire Eclair ainsi que son transfert sur support vidéo font des merveilles sur tous les plans. Cet article donne l’impression de commencer par la conclusion, mais le sentiment de se trouver devant un pur film de cinéma (au niveau technique) - surtout en vidéo-projection - est si patent qu’il fallait que ce soit dit d’emblée. Stabilité et propreté parfaites sont au rendez-vous, mais on n’en attendait pas moins à ce niveau. C’est surtout la gestion du grain qui est exceptionnelle, et qui confère à ce master haute définition un rendu argentique renversant. De manière générale, cette copie présente un étalonnage naturel et une image très lumineuse, tout à fait fidèles à la photographie d’origine et aux canons de l’époque pour une comédie française qui ne s’embarrasse pas d’audaces visuelles, exception faite, bien sûr, des expérimentations colorées propres aux spots publicitaires conçus par Pierre Richard. Le rendu du film est assez doux, avec de beaux contrastes (même si le niveau des noirs est parfois un peu haut, mais laisse voir du détail). Le traitement HD respectueux (sans aucuns effets de DNR ou de EE) fait aussi que les nuances chromatiques joliment saturées sont bien exposées avec un effet « pastel » plutôt séduisant. L’aspect grossier des anciens masters avec leur saturation forcée et leur petite dérive magenta est définitivement de l’histoire ancienne. La définition est également au rendez-vous avec un piqué excellent qui, associé à l’aspect argentique, offre un spectacle total. Seuls les plans avec effets optiques varient logiquement en termes de définition. En somme, ce Blu-ray est une réussite majeure à conseiller sans la moindre hésitation pour les amateurs du Distrait et les autres.

Son

Si la piste monophonique, de par sa nature et son âge, ne donne pas le sentiment de faire des éclats, une écoute attentive permet de se rendre compte de la qualité de la restauration. Cette bande-son HD se révèle très claire, sans souffle ni craquements. Son mixage précis et équilibré nous place dans d’excellentes dispositions même si l’information sonore reste principalement frontale. Les effets sonores burlesques sont très bien rendus et l’équilibre entre les voix, les ambiances et la musique (assez présente) est satisfaisant. Tout juste pourra-t-on remarquer que cette piste manque un peu d’ampleur, mais elle est en cela conforme à ses caractéristiques originelles.

Suppléments

Jerico sert illico ! (28 min 40 - 16/9 - DTS-HD MA 2.0 - HD - 2019)
Réalisé par Jérémie Imbert, ce supplément prend la forme d’une longue interview de Pierre Richard effectuée quarante-huit ans après la sortie du Distrait. Il est illustré par de courts extraits judicieusement choisis. Toujours éminemment sympathique et disert, l’acteur-cinéaste nous parle de la naissance du projet et de sa fabrication. Il avoue avoir été beaucoup aidé dans son travail, déjà à l’origine par Yves Robert bien sûr qui l’a encouragé à « faire son propre cinéma ». Richard aborde sa collaboration singulière avec André Ruellan, médecin et écrivain de science-fiction qui l’avait orienté vers La Bruyère, pour le processus d’écriture puis s’exprime sur son approche de la mise en scène comme débutant complet à ce poste (bien aidé alors par son conseiller technique, qu’il remercie). Est évoquée ici la séquence complexe de la Place d’Iéna, réalisée en tout début de tournage. Pierre Richard revient surtout sur les thématiques abordées et la nature de son personnage : la publicité (« envahissante, indécente et absurde ») et l’influence de Mai-68, sa gestuelle personnelle, son art du déséquilibre (« des jambes et de la parole »), la distraction et son utilité, son rapport entre le cinéma et le réel, la musicalité de son art (il avait pris plus jeune des cours de danse) et l’importance du rythme pour le comique (le « sens de la rupture »). Le rôle de Vladimir Cosma est logiquement rappelé ici, notamment par Stéphane Lerouge, producteur d’albums de musique de films, qui parle du compositeur et de son style adapté au burlesque. Pierre Richard revient enfin sur les comédiens (Bernard Blier, Marie-Christine Barrault), le succès surprise du film à sa sortie et son accueil critique mitigé. Les entretiens avec André Ruellan, Stéphane Lerouge et Victor Lanoux sont extraits de Pierre Richard, l’Art du déséquilibre (2005) du même réalisateur, Jérémie Imbert, un documentaire excellent dont on ne peut que conseiller la vision.


Le Distrait restauré (1 min 39 - muet - HD - 2019)
Pour donner un aperçu de la restauration du film de Pierre Richard, ce court module propose une comparaison avant/après. Celle-ci nous est présentée de différentes façons (doubles extraits, doubles écrans, rideaux horizontaux) et parvient ainsi à rendre impressionnant le travail effectué.


Bande-annonce (3 min 07 - 1.66 - DD 2.0 - HD)
Un film-annonce particulièrement long mais magnifiquement restauré lui aussi.

Par Ronny Chester - le 1 octobre 2019