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Test blu-ray
Image de la jaquette

La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz

BLU-RAY - Région B
Tamasa
Parution : 22 novembre 2022

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Alors que Tourments ressort actuellement dans les salles, c'est aussi l'occasion de se replonger dans l'univers buñuelien grâce à Tamasa qui nous donne le privilège d'une sortie française en Blu-ray de La vie criminelle d'Archibald de la Cruz, après l'édition américaine VCI disponible depuis le mois d'août dernier. Ces Blu-rays proposent dans les deux cas d'une toute nouvelle restauration 4K menée sous l'égide de la Cineteca Nacional pour son "projet de présentation du cinéma mexicain". Les travaux ont été effectués à partir du négatif original safety (acétate) assez bien conservé, auquel il ne manque que quelques photogrammes en de rares occasions. Le résultat est particulièrement réjouissant : la précision est au rendez-vous, le trait est fin, les textures et les peaux sont bien détaillées. L'étalonnage est particulièrement séduisant : le noir & blanc est très nuancé, la palette est riche, les contrastes sont assez bien équilibrés, les noirs bien ajustés. La copie est très stable et plutôt bien nettoyée. La patine argentique a été respectée avec un grain fin et abondant qui est heureusement bien soutenu par l'encodage, à quelques faiblesses près (sur quelques aplats). Une très belle présentation du film qui enterre facilement le précédent DVD sorti en 2001, comme le montre le comparatif ci-dessous :

DVD Films Sans Frontière (2001) vs. Blu-ray Tamasa (2022) : 1 2 3 4 5 6 7 8

Son

La piste sonore a été restaurée à partir d'une copie positive, complétée par des segments du négatif son optique. Elle est globalement de bon niveau. L'ouverture du spectre est conforme aux capacités techniques de cette époque mais l'environnement sonore conservent une bonne présence, les ambiances restent palpables. Pour respecter au mieux son oeuvre et ses défauts techniques d'origine, le laboratoire en charge de la restauration n'a pas retouché l'aspect couvert de plusieurs scènes en prise de son direct qui pourront un peu dénoter par rapport au reste (un peu plus clair). On notera la belle amplitude de certains passages musicaux, un orgue aux basses puissantes, même si la musique reste très ponctuelle (et très rare). L'ensemble est propre, le souffle a été maîtrisé, il ne reste à la limite que quelques petites sifflantes.

Suppléments

Le regard de Marcos Uzal (43 min - HD)
Une longue et passionnante analyse de La vie criminelle d'Archibald de la Cruz par le critique cinéma Marcos Uzal. Il évoque "la vraie rencontre entre Buñuel et le Mexique", pays que le réalisateur qualifiait de "plus surréaliste au monde" et dans lequel il tournera plus de la moitié de sa filmographie. Uzal aborde évidemment l'aspect psychanalytique très présent dans le cinéma de Buñuel, utilisé pour ouvrir l'imaginaire, inventer d'autres formes de fiction et de rapports humains. Avec beaucoup d'ironie et humour, le réalisateur ne reprend du roman original que l'aspect fétichiste et obsessionnel du héros, utilisé comme un "refus de la réalité extérieure" : Archibald est resté un "grand enfant" nourri d'une "volonté de puissance absolue". Uzal précise comment Buñuel joue de la frustration de l'empêchement (la réalité qui vient empêcher le désir), le mannequin brûlé permettant de montrer la violence refoulée, et dessine à travers Archibald un personnage sadien, "sorte de poète surréaliste" qui symbolise le pouvoir de la pensée. Le critique revient sur l'imagerie des rituels de mise en scène qui parcourent le film (le mariage, le fétichisme, la crémation), le happy end qui pourrait être trompeur, l'importance du son et de la "ritournelle obsessionnelle", le rapport au détail (le regard du spectateur qui est "aspiré par l'objet"), l'ironie cruelle du suicide de Miroslava quelques jours avant la sortie du film. Il loue enfin la beauté plastique de cette période mexicaine, relevant les ruptures imaginaires du film qui passent par l'image et jouent avec les clichés. Agréable à écouter et très intéressant.

Bande-annonce 2022 (1 min 20 - HD - VOSTF)
Produite pour la reprise en salle d'avril dernier.

On trouvera également Entre rêve et réalité, livret de 16 pages qui reprend un article publié dans la revue de psychanalyse Savoir et Clinique en 2014. La juriste, chercheuse et essayiste Marcela Iacub (également connue pour son roman très autobiographique sur sa liaison avec DSK) évoque la vraie nature d'Archibald, un "vulgaire assassin" excité par le pouvoir d'ôter des vies, qui justifie ses pulsions par "une histoire à dormir debout". Elle analyse la réflexion de Buñuel sur la notion d'assassinat  dans le droit pénal, évoquant une justice faillible qui ne protège pas vraiment et demeure un rituel légitimant la fonction de l'Etat (des "procédés archaïques que sont les châtiments"). Marcela Iacub revient sur la part de hasard qui peut disculper en dehors de toute notion d'intention, et éclaire sur la manière qu'a Buñuel de distinguer la morale du juridique, révélant la véritable valeur de la vie humaine aux yeux de l'Etat.

En savoir plus

Taille du Disque : 24 345 574 648 bytes
Taille du Film : 18 714 415 104 bytes
Durée : 1:30:42.750
Total Bitrate: 27,51 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 25,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 25999 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Spanish / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 192 kbps
Subtitle: French / 59,361 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 17 novembre 2022