La Triche

Après une intégrale en coffret DVD, la regrettée Yannick Bellon a eu les honneurs du support Blu-ray en 2017 avec L'Amour violé et Quelque part quelqu'un. Nouvelle sortie Blu-ray cette année grâce à LCJ qui a produit la récente restauration 4K de La Triche, effectuée par Eclair Classics. Sans surprise, on se réjouira de la bonne stabilité des cadres et de l'indéniable propreté de l'ensemble, du bon niveau de détail et d'une belle définition de l'image (malgré quelques mise au point approximatives au tournage). Les choix d'étalonnage sont conformes au parti-pris du laboratoire qui assume de rester au plus près des couleurs originelles de la pellicule. La palette est naturelle, quelques moments sont peut-être moins esthétique par rapport à d'autres transferts plus clinquants, dont les photographies ont été transformées et modernisées pour se rapprocher des rendus vidéo actuels, mais l'ensemble reste juste dans cette optique de fidélité. La restauration de La Triche conserve en l'état les tonalités argentiques imposées par la pellicule et l'étalonnage en photochimie, qui ne permettait pas énormément de marge de manoeuvre. On observera une gamme de couleurs parfois tranchée, des ambiances plus ou moins marquées, des visages chauds, des blancs cassés, etc. mais dans un ensemble très cohérent et typique de son époque. Les contrastes restent équilibrés, conformes à une projection en salle, avec des noirs encore détaillés. Une présentation solide.

Sans doute restaurée par L.E. Diapason, la piste son de La Triche est d'une excellente tenue, très détaillée et dénuée de traces d'usure marquées. Les voix possèdent une belle présence et sont idéalement équilibrées avec les arrière-plans et la musique. La dynamique est très correcte.

La triche est proposé dans un beau mediabook avec fourreau. Le Blu-ray est accompagné de Anatomie d'un film, un livret de 56 pages signé Eric Le Roy, chef de service au CNC et légataire universel de Yannick Bellon, et illustré de nombreuses photographies, souvent personnelles. Il résume le parcours de cette réalisatrice trop méconnue, restée en marge de la profession malgré un cinéma engagé sur des faits de société alors peu abordés, sur des "êtres partis à la reconquête de leur dignité". Eric Le Roy raconte le projet de La Triche, polar masculin sur la bisexualité, scénario "dangereux et glissant", "conte discret en faveur des libertés essentielles", à une époque où l'homosexualité, tout juste dépénalisée, était encore "profondément rejetée par la société française". On trouvera également un entretien avec la réalisatrice publié dans le dossier de presse d'époque, où elle explique avoir voulu éviter l'"ornement" des amours féminins en s'intéressant à deux hommes, dont un qui "détienne un pouvoir" et représente "la force virile". Elle revient sur sa découverte de Xavier Deluc, "un véritable coup de coeur", et sa difficulté à trouver des producteurs. Le livret est complété par les critiques de France Soir, le Nouvel Observateur, Le Point et Le Monde, publiés à la sortie.

Le film est accompagné d'un supplément :

La dualité des êtres et des sentiments (45 min - HD)
Entretiens croisés avec la journaliste et programmatrice Anne Delabre, Eric Le Roy, la comédienne Michèle Simmonet et des archives des comédiens Xavier Deluc, Lionel Soukaz et Valérie Mairesse (filmés en 2003). Ce documentaire évoque Yannick Bellon, "femme d'avant-garde", pionnière, engagée et libre, née dans une famille artistique, entre sa mère photographe et une soeur dramaturge. On redécouvre son cinéma encore trop méconnu, éclectique, qui voulait éveiller les consciences. La Triche en est très représentatif, avec son sujet osé et intègre, traité "tout en douceur", avec une finesse de traitement encore plus accentuée par le recul des années, lorsqu'elle montre les gestes entre les deux hommes comme dans une histoire d'amour hétérosexuelle. S'intéressant inhabituellement à des personnages masculins, elle souhaitait aborder l'homosexualité et la bisexualité, synonyme de désordre pour la société française qu'elle radiographie de façon pertinente. Malgré les déboires avec la productrice Denise Petitdidier (surnommée "Denise Petit budget"), on revient sur les "souvenirs harmonieux" du tournage, comment la cinéaste a préparé et dirigé ses comédiens, notamment un Xavier Deluc débutant, "tout feu tout flamme", qui a beaucoup appris à son contact. Le documentaire évoque enfin la mémoire du regretté Rémi Waterhouse, futur scénariste (Ridicule) et réalisateur, qui avait appris le métier aux côtés de sa cousine Yannick Bellon, dont le "don de dialoguiste" participait à un "compagnonnage d'écriture" soutenu.

Notez enfin que LCJ rééditera La Triche en octobre dans une édition simple, en boitier classique et sans livret.

Taille du Disque : 38 879 356 473 bytes
Taille du Film : 27 844 048 896 bytes
Durée : 1:43:19.166
Total Bitrate: 35,93 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,91 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29912 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1896 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2062 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 0,000 kbps
Subtitle: French / 26,554 kbps