Test blu-ray
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La Résidence

BLU-RAY - Région B
Sidonis / Calysta
Parution : 11 avril 2025

Image

Parfois, l'exercice du comparatif sur captures est un peu anecdotique. D'autres fois, il est édifiant.

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Beaucoup de cinéphiles français ont vu pour la première fois La Résidence par l'intermédiaire du DVD René Chateau, sorti en 2003, qui proposait le film dans une copie médiocre (et trèèès sombre), en version française uniquement et dans une version tronquée. Sur ce dernier point, le DVD René Chateau affichait une durée de 95 minutes, correspondant à la version d'exploitation internationale, et indépendamment des vitesses de défilement différentes des supports (pour un film d'une telle durée, celle-ci induit un écart ne dépassant pas les 4 minutes), le Bluray propose une version "non censurée" de plus de 105 minutes. En réalité, l'essentiel des scènes réintégrées ne vient pas spécialement des séquences les plus sulfureuses, raccourcies de quelques plans, mais se situe par exemple au tout début ; la toute première scène post-générique, dans la salle de classe avec l'insolence de Catalina/Catherine, ne figurait pas du tout dans la version internationale, qui démarrait au moment où Madame Fourneau accueillait Teresa, et on n'y découvrait donc la jeune fille enfermée que bien plus tard, dans la cave.

Concernant l'image, le comparatif ci-dessus parle de lui-même : c'est un autre film (splendide) qui s'offre à nos yeux, dans lequel on découvre littéralement de nombreux détails dans le spectaculaire décor de la résidence, et avec surtout un rendu chromatique bien différent : les rouges, autrefois presque disparus, et les blancs, qui étaient bleu-verts, retrouvent leur éclat et leur pureté.

La comparaison a, évidemment, bien plus de sens avec d'autres éditions haute-définition, et pour ce faire, il faut se tourner vers l'édition Arrow de mars 2023, dont Sidonis-Calysta reprend ici le master (et une partie des bonus, voir plus bas), basé sur le scan 4K d'une négatif 35 mm original, conduit par Codicine Contenidos Digitales Cine et Keyframe Servicios Audiovisuales S.L., à Madrid, et complété par quelques éléments additionnels de la MGM ou de Park Circus. La restauration a ensuite eu lieu, à 2K, dans les studios londoniens de R3Store. Cette variété des sources est, à l'occasion, perceptible par l'irruption de séquences plus endommagées, par exemple à 26 minutes ou à 58 minutes (les deux fois dans des séquences confrontant Madame Fourneau à son fils). 

Malgré cette hétérogénéité ponctuelle du rendu, ce master est globalement très satisfaisant, avec une vraie richesse dans les détails, une texture organique très plaisante à l'oeil, et donc une palette de couleurs réaffirmée, qui permet - on le redit - d'avoir l'impression de découvrir le film pour la première fois. 

Son

Le film est proposé en version originale (en langue anglaise - pour info, le film est entièrement postsynchronisé, et chaque comédien jouait dans sa langue maternelle, la plupart des comédiens principaux étant anglophones...) et en version française d'époque. Compte tenu de ce que nous décrivons plus haut, il ne faudra pas s'étonner de voir surgir, dans cette version française, des séquences en VO sous-titrée : il s'agit des séquences qui n'étaient pas dans la version d'exploitation internationale, et qui n'avaient donc à l'époque pas bénéficié d'un doublage français.

Ce point mis à part, il faut noter la plutôt bonne qualité de cette version française, en particulier dans le doublage sérieux des personnages principaux (les domestiques ou le livreur de bois, eux, ont curieusement gagné un accent méridional) - le film était de toute façon postsynchronisé, et l'action du film censée se dérouler en France, cette VF n'est pas absurde.

On privilégiera toutefois la version originale, pour les voix de certains comédiens bien sûr, mais aussi parce que le rendu est un peu plus clair et dynamique - bon, le mixage n'est pas d'un relief inouï, mais quelques instants font leur effet.

Suppléments

La plupart des suppléments proposés ici sont des reprises de ceux proposés sur le disque Arrow de 2023.

Le principal supplément inédit se situe dans le boîtier, avec un livret de 52 pages rédigé par Marc Toullec. La première partie retrace sur une quinzaine de pages le parcours, en particulier sud-américain, de Narciso Ibañez Serrador. La partie centrale revient sur La Résidence, de sa genèse à sa réception critique, en passant évidemment par la production ou les anecdotes de tournage. D'assez nombreuses pages sont consacrées au second long-métrage de Serrador, Les Révoltés de l'an 2000 (¿Quién puede matar a un niño?), il est dommage que ne soient pas davantage commentés ses travaux pour la télévision, notamment La Faute (La Culpa), réalisé en 2006 pour l'anthologie Películas para no dormir, qui entretient des liens thématiques, autour de l'enfance et la peur, avec ses deux longs-métrages. Le livret est d'une belle qualité, papier et illustrations, nourri d'un grand nombre d'informations, dommage que le style soit parfois un peu léger ou imprécis.

Tout sur ma mère (9'15'' - HD) est un entretien avec Juan Tebar, l'auteur de l'histoire originale. Celui-ci identifie d'emblée comme thème principal du film celui de "la répression d'une mère envers son fils", hérité à la fois de Dickens (les enfants en pension) et d'Hitchcock, dont "90% des films traitent des relations troubles entre une mère et son fils" (c'est probablement une estimation haute). Il raconte comment son goût du fantastique et de l'horreur lui vient de ses lectures d'enfance, puis décrit un projet d'études de l'Ecole de Cinéma Espagnol de Madrid  intitulé Qu'y a-t-il dans le placard ? qui traitait déjà de "ses thèmes favoris, à savoir la terreur et l'enfance" et sa contribution à la série télévisée 12 contes et un cauchemar. Sa rencontre et ses premières collaborations avec Narciso Ibañez Serrador sont ensuite relatées, jusqu'à cette histoire, Mama, développée par le cinéaste (sous le pseudonyme de Luis Penafiel) pour donner La Résidence - Tebar précise ne pas avoir travaillé du tout au scénario et ne pas avoir assisté au tournage, et on aurait aimé qu'il évoque les différences principales entre son histoire, l'adaptation cinématographique qui en a été faite, et éventuellement celle pour le théâtre à laquelle il s'est lui-même livré qu'il évoque plus tard. Enfin, le statut "culte" de La Résidence est évoqué - évidemment, Quentin Tarantino est fan - et Juan Tebar médite sur la patine et la réputation acquises par le film avec le temps.

On peut poursuivre avec la présentation du film par Antonio Lázaro-Reboll (20' - HD), spécialiste du film d’horreur espagnol. Celui-ci entreprend de survoler l'histoire du cinéma fantastique espagnol, et revient sur La Résidence, à travers des anecdotes de tournage ou des commentaires sur la production ou la postérité du film - là-dessus beaucoup d'éléments communs avec le livret de Marc Toullec évidemment. Il évoque également le reste de la carrière de Narciso Ibáñez Serrador (son travail à la télévision, ses collaborateurs réguliers…), et dresse un parallèle entre La Résidence et la situation politique espagnole de la fin des années 60

Mary Maude à Rochester (12' - HD). A l'occasion du festival du film fantastique de Manchester 2012, la comédienne Mary Maude répond à des questions générales (avec un intervieweur, Adrian James, plutôt mauvais), sur la manière dont elle fut engagée sur ce film espagnol (en remplacement de l'actrice initialement prévue), qu'elle résume en établissant en lien avec Le Silence des agneaux et en spoilant la résolution. Elle relate quelques anecdotes de tournage, notamment sur sa relation "étrange" avec "Chicho" Ibañez Serrador ou sur les différences culturelles entre les cinémas anglais et espagnol. A la fin de l'entretien, elle évoque sa vision de Lili Palmer, qui venait sur le plateau entourée de toutes "ses Carmens".  

L'innocence du garçon (24 minutes - et non 4 comme indiqué au dos du boîtier) permet de retrouver l'acteur John Moulder-Brown, interprète de Luis. Il évoque son casting, et sa méconnaissance à la fois du métier d'acteur et du cinéma d'horreur, ce qui lui demanda une certaine adaptation. Non sans pertinence, il creuse la relation complexe entre Luis et sa mère, et mentionne le poids de la censure. Il confesse également ne pas avoir été, à l'époque, insensible aux charmes de Cristina Galbo, l'interprète de Teresa. Attention, dans le cadre de cette analyse plutôt éclairante, des éléments décisifs concernant l'intrigue sont révélés.

Dans L'Héritage de la terreur (13' - HD), c'est le massif Alejandro Ibanez, fils du réalisateur, qui s'interroge sur l'héritage de son père, et notamment son influence sur la génération suivante de cinéastes fantastiques espagnols, comme Paco Plaza ou Jaume Balaguero. Evoquant aussi bien leurs propres relations que le reste de la carrière de Narciso Ibañez Serrador, il situe par exemple, dans la grande histoire des anthologies télévisées, Historias para no dormir quelque part entre La Quatrième dimension et Dark Mirror

Sous l'intitulé à peine exact de Scènes coupées (6') se cache encore une autre version de La Résidence, qui correspond à la sortie espagnole de 1969, laquelle offre quelques plans censurés mais aussi quelques angles de prise de vue différents. Quatre exemples sont montrés, avec un générique de début différent, la lecture de la lettre d'Isabel, et le baiser entre Madame Forneau et son fils, avec un fondu enchaîné qui démarre plus tôt, et enfin un plan différent lors de la scène d'humiliation de Teresa.

Une bande-annonce, dans son jus, qui concentre son attention sur les éléments les plus sensationnalistes du film (horreur, humiliation, érotisme), est également proposée.

En savoir plus

Taille du Disque : 19 316 100 096 bytes
Taille du Film : 28 234 401 792 bytes
Durée : 1:45:11
Total Bitrate: 35,79 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Anglais DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 24-bit / 1509 kbps, FrançaisDTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 24-bit / 1509 kbps 
Sous-titres : Français

Par Antoine Royer - le 7 mai 2025