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Test blu-ray
Image de la jaquette

La Loi du scalp

BLU-RAY - Région B
Sidonis / Calysta
Parution : 21 octobre 2022

Image

L’éditeur annonce un master restauré et, malgré quelques scories, on peut affirmer que le contrat est rempli. L’image, propre dans son ensemble et sans soucis de stabilité, a clairement été nettoyée même s’il reste quelques menues salissures et la présence d’une rayure verticale rouge violacée sur le bord cadre droit de la 18e à la 19e minute. Autre exception : les stock-shots de plans aériens, montrant des vautours en chasse, sont d’une qualité assez médiocre. Le film utilise le procédé Pathé Color, qui offre une colorimétrie naturelle mais moins éclatante et saturée que le Technicolor (budget modeste oblige) ; les bleus sont moins soutenus et quelques plans présentent une légère dominante verte mais cela reste ponctuel. On relève une belle et puissante luminosité d’ensemble dans les plans diurnes ainsi que des contrastes très corrects mais peu profonds, mais avec du détail et sans que cela nuise au rendu de l’image. Le piqué global est séduisant même si assez doux, bien qu’on observe de franches différences de définition selon les plans diurnes et nocturnes (la chute est alors nette) et logiquement au niveau des plans truqués comme ceux tributaires des fondus enchaînés (mais sur toute la longueur des plans concernés). On note un léger usage de l’accentuation des contours mais l’effet reste léger et très peu gênant. De plus, il faut mentionner l’existence d’un pompage lumineux lors des plans nocturnes, qui décidément sont rarement à la fête. Enfin, si les visages apparaissent régulièrement lisses, le rendu général des matières et des étoffes est bien appréciable : La Loi du scalp conserve un aspect cinématographique et nous avons bien affaire à de la haute définition. En résumé, pour un film d’une grande rareté, Sidonis a accompli un joli travail.

Son

Une seule bande-son est proposée, la version originale d’assez bonne facture. Le souffle est très limité et malgré quelques saturations, le mixage mono est plutôt propre et clair dans ses effets, le rendu des voix s’avère net et précis. La musique, enfin, se déploie à son aise. Une piste mono peu enveloppante mais néanmoins très naturelle et immersive.

Suppléments

Présentation par Patrick Brion (7 min 33 - 16/9 - 2022 - HD)
Malgré un problème d’élocution qui devient de plus en plus gênant avec l’âge, nous sommes toujours ravis de retrouver le fort sympathique et érudit Patrick Brion dans les suppléments de cette collection. La Loi du scalp est « un film étrange » selon Brion avec l’apparition d’un pré-générique qui frappe l’esprit par sa présence et surtout sa brutalité. Dans la carrière très prolifique de Lesley Selander dans le genre, Brion tient à distinguer certains westerns de qualité dont ce War Paint, tourné quasi exclusivement en extérieur dans la Vallée de la Mort. Il décrit l’histoire de la décomposition « numérique et physique » de cette unité de cavalerie, avec l’absence cruelle d’eau puis l’ironie finale de la trouvaille de l’or. Il survole les destins particuliers des personnages (faisant remarquer la présence très rare d’un cartographe dans un western), qui se confient les uns aux autres et s’humanisent au fil du récit. Enfin, en citant les quelques acteurs connus pour leur carrière télévisuelle, Patrick Brion se livre par deux fois à une défense de Robert Stack qu’il considère vraiment comme un « comédien sous-estimé ».

Présentation par Jean-François Giré (12 min 17 - 16/9 - 2022 - HD)
Attention, prévient l’éditeur d’entrée, la fin de l’intrigue de War Paint est dévoilée dans cette interview qu’il conviendra donc de visionner après ce dernier. Grand passionné de cinéma et notamment de westerns, monteur de profession, réalisateur de documentaires et auteur d’ouvrages sur le genre, Jean-François Giré s’avoue, lui aussi, « agréablement surpris » par ce film (inédit en France et qui doit son titre français à sa sortie en Belgique) qu’il oppose à la mauvaise (et injuste) réputation du cinéaste de séries B, Lesley Selander. Il vante ainsi les qualités du réalisateur (« un travail sur la dramaturgie et la violence assez audacieux ») et l’utilisation dramatique du décor imposant de Death Valley. Par la présence rare d’une Indienne comme protagoniste principal, Giré aborde le début de la réhabilitation des Indiens au cinéma en ce début des années 50, met en avant l’interprétation de la belle Joan Taylor dans le rôle de l’Indienne belliqueuse et insiste sur le refus du manichéisme entre les deux cultures à travers les échanges de points de vue entre la jeune femme et le soldat incarné par Robert Stack, ainsi que sur le refus du cliché facile de l’idylle naissante entre les deux personnages (absente ici). Giré évoque rapidement la stature de Robert Stack et de Peter Graves, parle de la nature non conventionnelle des soldats et de leur itinéraire funeste, et a bien raison de mettre l’accent sur la séquence d’ouverture d’une grande violence pour l’époque. Il souligne enfin le « renversement » de l’histoire dans le dernier tiers de War Paint avec sa très forte dramaturgie. Une présentation au final intéressante par la mise en exergue des nombreuses qualités du film, qui se traduit également par une réhabilitation de Lesley Selander (166 westerns au compteur selon Giré !) dont il faudrait faire redécouvrir l’œuvre (du moins ses meilleures réalisations).


Bande-annonce (1min 54 - 4/3 - VO - 1953 - SD)
Un film-annonce présenté dans son jus, soit absolument pas restauré : peu défini, à la colorimétrie proche du sépia, constellé de rayures et de points noirs et blancs et à la piste sonore saturée. Mais sa présence ici se révèle néanmoins essentielle pour tout amateur de ce type de document : la voix off grandiloquente caractéristique de l’époque (mais non sous-titrée), ses phrases d’accroche incrustées et son montage font correctement et agréablement leur travail.


Par Ronny Chester - le 17 octobre 2022