Test blu-ray
Image de la jaquette

La Cible

BLU-RAY - Région B
Carlotta Films
Parution : 19 septembre 2023

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Après les américains de Criterion en mai dernier et juste avant les anglais du BFI (fin septembre), Carlotta a réédité La Cible, poursuivant ainsi, après une série de films, documentaires ou livres, son beau travail de réhabilitation autour du réalisateur Peter Bogdanovich. Le film a été scanné en 4K puis restauré en 2K à partir du négatif original. On retrouve dans l'aspect général de nombreuses caractéristiques d'un scan récent, à savoir une très grande stabilité et une propreté impeccable des images, ainsi qu'un étalonnage nuancé. Ce dernier nous a paru très réussi, restituant avec une certaine fidélité aux tonalités argentiques d'époque, sans sacrifier à des dérives modernistes inappropriées. La palette est chaude et douce à la fois, bien saturée, plutôt convaincante dans le respect du matériaux d'origine. On notera également une très bonne gestion des plans sombres, sans aucune pulsation ni souci d'encodage, tandis que les contrastes restent généralement équilibrés, parfois un peu relâchés mais toujours détaillés. Le bât blesse davantage en ce qui concerne la définition et le piqué de l'image, plutôt décevants. L'ensemble apparaît trop doux pour une restauration 2K, d'autant plus s'il y a eu un scan 4K au préalable : on sent un manque de détail significatif et un grain palpable mais curieusement épais. La logique aurait voulu une plus grande précision du trait, mais si l'écart est ici encore bien perceptible, le résultat est loin d'être honteux, le piqué restant tout de même à peu près honnête. Il est juste dommage d'être passé si près du zéro faute...

Son

Restaurée à partir de la piste magnétique 35mm, la version originale bénéficie d'un rendu tout à fait conforme au mixage d'origine et aux techniques de l'époque, c'est à dire avec quelques défauts d'origine. Ainsi, l'ensemble a tendance à manquer sensiblement de graves, avec des prises de son parfois un peu trop réduites aux mediums. Mais les prises en son direct conservent en revanche beaucoup de détails, le montage son ayant également bien utilisé les arrière-plans et les ambiances. La piste est très propre, sans aucune trace d'usure. A peine remarquera-t-on, et encore, un très léger souffle ambiant. La version française est de bonne facture, il n'y a qu'une faible saturation et de légères sifflantes. Mais on sent que la piste a été compressée, ce qui a réduit la dynamique et fait surtout remonter un souffle désormais moins discret.

Suppléments

La Cible est proposé dans une édition prestige limitée, tirée à 2000 exemplaires. Le boitier comprend plusieurs memorabilia : le fac-similé d'un courrier de Peter Bogdanovich adressé à Alfred Hitchcock (et sa traduction), un jeu de 12 photos de tournage et une affiche récente du film (format 38cmx53cm).

La Cible est présenté en combo Blu-ray et DVD, dans un digipack 2 volets, avec quelques suppléments :

Commentaire audio de Peter Bogdanovich (VOSTF)
Le réalisateur excelle dans l'exercice du commentaire audio, qui lui permet de raconter en détails les multiples péripéties d'un projet original et osé dans sa fabrication. Il évoque la collaboration avec sa première femme Polly Platt sur le scénario et les décors, les codes couleur utilisés pour chaque histoire, l'environnement du tueur qui rappelle les illustrations de Norman Rockwell, l'absence de musique au profit de sons réels qui accentuent le réalisme, ses astuces de montage (parfois invisible) ou la chance d'avoir pu tourner dans des lieux qui correspondaient à l'ambiance. Il se souvient avec émotion de certains moments de tournage, comme la longue prise de Boris Karloff pour laquelle l'acteur fut ensuite applaudi par l'équipe. Un commentaire riche en informations et passionnant à suivre.


Introduction de Peter Bogdanovich (14 min - SD upscalé - VOSTF)
Module réalisé par Laurent Bouzereau en 2003 dans lequel le réalisateur revient sur le projet Targets. Il raconte la proposition "des plus alléchante" venue du producteur Roger Corman, de concevoir un film où il aurait Boris Karloff à disposition pendant deux jours seulement, plus deux semaines de tournage en équipe réduite, et pour lequel il aurait le loisir d'ajouter des extraits d'une production Corman avec Karloff, sortie quelques années plus tôt. Il explique comment il est arrivé au bout de ce challenge en racontant parallèlement deux histoires, aidé par les "idées extraordinaires" apportées gracieusement par Samuel Fuller. Il se souvient d'un Boris Karloff, pourtant en mauvaise santé, qui "ne s'est jamais plaint", explique pourquoi il joue lui-même dans le film, raconte le tournage sur l'autoroute sans autorisation ou le montage son en post-production. Bogdanovich se souvient de la manière dont le film a finalement été vendu à Paramount après une première tentative avortée, faisant faire un petit bénéfice à Roger Corman. Un premier film qui n'a pas attiré les foules mais permit au réalisateur de se faire remarquer...


Sidération (28 min - HD)
L'historien et critique Jean-Baptiste Thoret raconte les premiers pas de Peter Bogdanovich comme réalisateur, son passage dans l'écurie de "l'attrape-tout" Roger Corman, véritable école de l'artisanat "où il [fallait] toujours trouver des solutions". Il revient sur l'écriture de La Cible, les hésitations sur la structure du scénario afin de profiter au mieux de la star Boris Karloff, l'aide de Samuel Fuller, "script doctor avant l'heure", qui apporta de précieuses modifications et refusa d'être crédité au générique pour ne pas vampiriser la paternité du film aux yeux du public. Jean-Baptiste Thoret fait une passionnante analyse de La Cible, avec sa double mise en abyme entre les références au cinéma, les clins d'oeil aux films d'Alfred Hitchcock ou Fritz Lang, et "le film dans le film", mise en image du scénario que propose Bogdanovich à Karloff. Dès cette première oeuvre, très moderne, le cinéphile Bogdanovich montre le cinéma comme une philosophie de vie, avec déjà ce rapport aux oeuvres passées qu'il faut faire fructifier. Thoret démontre comment La Cible, inspirée d'un fait réel qui secoua l'Amérique par sa violence gratuite et "déconnectée", décrit en filigrane une société anxiogène, un "empire du faux (...) qui enferme", tels ces membres d'une famille qui se révèlent étrangers les uns les autres. Un film qui ne montre jamais le tueur comme un monstre parce que c'est son environnement direct, où la violence est infusée, qui l'a rendu comme cela. Limpide et très intéressant, comme toujours avec Thoret.

Bande-annonce originale (1 min 55s - HD - VOSTF)

En savoir plus

Taille du Disque : 36 374 426 796 bytes
Taille du Film : 26 544 452 928 bytes
Durée : 1:30:05.024
Total Bitrate: 39,29 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,88 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34881 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1025 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1045 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: English / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / DN -1dB
Subtitle: French / 20,499 kbps
Subtitle: French / 2,570 kbps
Subtitle: French / 45,520 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 9 octobre 2023