Test blu-ray
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L'Opération diabolique

BLU-RAY - Région B
Sidonis / Calysta
Parution :

Image

En ce début d'année, suite à un joli deal signé sur des films Paramount, Sidonis a pu poursuivre son exploration du cinéma de John Frankenheimer avec Black Sunday et surtout L'Opération diabolique, arlésienne devenue enfin réalité. L'éditeur reprend la très belle restauration parue chez les américains de Criterion en 2013, effectuée en 2K à partir d'un scan 4K du négatif original, vraisemblablement complété par une seconde source pour quelques plans épars mais réguliers, à la douceur plus palpable. Le résultat global est très convaincant, autant pour la précision de l'image et le bon niveau de détail, malgré des mises au point régulièrement approximatives, que par la conservation affirmée de la texture argentique et un grain fin, abondant... et idéalement géré par l'encodage (le débit vidéo est solide). Le noir & blanc est très agréable, offrant une gamme de gris nuancée, des contrastes assez équilibrés, dénués de pulsations. Seuls les plans de la seconde source n'ont pas été complètement réajustés et conservent encore un léger relâchement dans les noirs. La copie est très propre, quelques infimes dégradations pourront éventuellement apparaître pour les yeux aguerris. Une très belle présentation.

Son

La version originale est de bonne facture, restituant fidèlement un mixage qui alterne prises de son direct et passages entièrement post-synchronisés. L'ouverture est honnête, avec des arrière-plans présents et détaillés. Les voix sont claires, avec une présence honorable. Le spectre est plutôt équilibré, laissant vivre le score de Jerry Goldsmith. On ne relève pas d'usure du temps trop marquées. La version française est plus couverte et nettement plus fermée, bien moins ample, beaucoup moins détaillée et davantage marquée dans les mediums et les basses. Les voix sont aussi plus artificielles. Bref, un rendu moins réaliste qu'en VO.

Curiosité : le film est évidemment sous-titré en français... mais aussi en langue bretonne !

Suppléments

Sidonis a soigné son édition de L'Opération diabolique, présenté dans un digibook (en édition limitée) qui comprend le film en DVD et Blu-ray, ainsi qu'un livre de 52 pages écrit par Olivier Père, directeur de l'Unité cinéma d'Arte France, qui ne nous a pas été fourni. L'effort est également visible avec les nombreux suppléments :

Présentation par Jean-Baptiste Thoret (5min - HD)
Module réalisé en 2014 pour Lost Films, à l'occasion de la ressortie du film en salles. L'historien du cinéma évoque L'Opération diabolique comme la synthèse d'un "auteurisme fou" façon Orson Welles avec un objet de pop culture, comme La quatrième dimension. Il parle de John Frankenheimer qui prend ici le pouls d'une Amérique schizophrène en la filmant de manière "totalement singulière et à part", inquiétante et nouvelle. Une oeuvre qui annonce le cinéma paranoïaque des années 70, avec le choix de Rock Hudson, à la fois "extrêmement intelligent" et "déjà un acte critique"...

Je n'est pas un autre (26min - HD)
Une très bonne analyse de L'Opération diabolique par Jean-Baptiste Thoret, en voix off sur des extraits du film - qu'il faudra absolument avoir vu au préalable, au risque de quelques spoilers... Connu pour être un grand spécialiste du cinéma américain des années 70, Jean-Baptiste Thoret est aussi un grand fan de John Frankeheimer (on signale à cette occasion la vidéo d'une conférence qu'il a donnée sur le cinéaste, en février 2025, à la Cinémathèque Française). C'est donc en toute logique qu'il décortique ici l'une de ses oeuvres les plus singulières, "gigantesque Truman Show" teinté "un peu de l’esprit du Magicien d’Oz", un film qui questionne le statut de l’homme moderne, entre un modèle d’américain idéal mais "conditionné" et un "être réincarné" qui découvre trop tard qu’il est passé à côté de l’essentiel. Jean-Baptiste Thoret observe ici la mise en scène de John Frankenheimer et sa façon de montrer la "distorsion existentielle" de l’Amérique des années 50 et 60 par le "cauchemar éveillé" d’un homme à la fois conscient et inconscient, reprenant le thème de l’aliénation vu dans la série La Quatrième dimension et les deux autres opus (Un Crime dans la tête et Sept jours en mai) qui composent une trilogie de la paranoïa par le réalisateur. Thoret souligne l'"expressionnisme abstrait" du style visuel, l’étrangeté et l’inconfort du générique, les "dissonances au devenir tragique" qui annoncent l’"illusion d’une renaissance", et évoque "l’un des coups de génie du film" avec le choix de l’acteur Rock Hudson, icône familiale et héros viril, qui était lui aussi tiraillé par une identité cachée...

Rock Hudson à propos du film (5min - HD - VOSTF)
Également proposé dans le Blu-ray Criterion, un reportage de WNBC pendant le tournage de L'Opération diabolique, qui observe le travail de l'équipe dans une rue de New York, accompagné par les commentaires de Rock Hudson sur son personnage.


John Frankenheimer, maître du cinéma (56min - SD - VOSTF)
Dans cet épisode de la série The Directors, produit en 1997 et illustré de nombreux extraits et interviews, John Frankenheimer revient sur son parcours, sa fructueuse carrière à la télévision (152 téléfilms tournés en direct) et surtout ses principaux projets pour le cinéma. Il raconte notamment son éviction de Diamants sur canapé, sa collaboration au long cours avec Burt Lancaster, la rencontre avec Frank Sinatra, on évoque la pression du Pentagone pour torpiller le tournage de Sept jours en mai, le "faustien" Opération diabolique, le tournage des Cavaliers entre l'Afghanistan et l'Espagne. Un cinéaste soucieux de réalisme, dans la reconstitution de l'Occupation sur Le Train ou la course de Grand Prix, le tournage qui lui a procuré le plus de plaisir. Il évoque également sa fin de carrière, plus difficile, qui le voit revenir au succès grâce à la télévision dans les années 90, sur des projets de plus en plus ambitieux. Un bon supplément pour découvrir la carrière de John Frankenheimer, malgré un léger sentiment de frustration quand tant de films moins connus sont survolés...



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James Wong Howe, l'oeil de la caméra (21min - HD avec upscale - VOSTF)
Court-métrage documentaire produit en 1973 et beau témoignage d'un immense directeur de la photographie. James Wong Howe raconte quelques anecdotes de tournage, avouant quelques heureux accidents qui l'ont obligés à trouver des solutions finalement bien meilleures. Il explique l'importance de savoir imaginer une ambiance à partir d'un scénario écrit, Martin Ritt soulignant l'étroite relation qu'un directeur photo doit entretenir avec son réalisateur. James Wong Howe explique un peu de sa méthode de travail (par exemple : élaborer des seconds plans plus sombres pour mieux faire ressortir les visages) et, à partir d'exemples pratiques et assez pédagogiques, montre ce que peut être le travail sur la lumière.


John Frankenheimer (11 min - HD avec upscale - VOSTF)
Autre document rare, repris de l'édition Criterion, qui est extrait d'un documentaire produit pour la télévision canadienne en 1971. Le réalisateur de L'Opération diabolique parle de son métier de cinéaste, "peut-être le plus solitaire du monde" parce qu'il n'est pas seulement artistique mais "schizophrénique". Il souligne l'importance d'avoir un style visuel tout en essayant d'atteindre à la simplicité, en s'inspirant des grands artistes, photographes ou peintres - comme Magritte. Il évoque la beauté d'un plan immobile dans Les plus belles années de notre vie, où tout passe par les jeux de regard, et dit se voir comme un "professionnel" qui veut dépasser ses limites et encore se prouver qu'il est un artiste. Un très beau document, d'une franchise rare.

On trouvera enfin la bande-annonce originale (2min 12s - HD avec upscale - non sous-titré), la bande-annonce 2014 (2min 03s - HD - VOSTF) pour la ressortie dans les salles françaises, et une bande-annonce américaine récente (1min 26s - HD - non sous-titré).


En savoir plus

Taille du Disque : 46 754 754 792 bytes
Taille du Film : 28 740 827 136 bytes
Durée : 1:47:07.546
Total Bitrate: 35,77 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,84 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29841 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1970 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1891 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 0,020 kbps
Subtitle: French / 23,551 kbps
Subtitle: Breton / 21,554 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 20 février 2025