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Test blu-ray
Image de la jaquette

L'Éventreur de New York

BLU-RAY - Région B
The Ecstasy of Films
Parution : 28 août 2020

Image

Alors qu'il avait été annoncé en janvier 2017, The Ecstacy of Films sort enfin L'Etrangleur de New York après de multiples reports, un burn out malheureusement... mais également de nombreux ajouts (cf. la partie suppléments). L'éditeur reprend la restauration HD effectuée par William Lustig et Blue Undergound en 2009, un master vieux de onze ans qui reste pourtant relativement solide : on sent bien la finesse des images, le bon niveau de détail, la stabilité et la propreté exemplaires. Si le rendu est encore très honorable, légèrement meilleur que les Fulci édités chez Artus par exemple (car l'image ici n'est pas lissée), et si la plupart des spectateurs ne remarqueront sans doute pas grand-chose au final, le bât blesse malgré tout quand on observe l'étalonnage d'un peu plus près. Comme tout bon master américain de cette époque, à la fois un peu limité par les capacités techniques des scanners et motivé par des retouches "personnalisées" dans le plus total irrespect du matériel, les caractéristiques de l'image ont tendance à être plus ou moins boostées et à s'éloigner de la photographie d'origine. Ainsi, la colorimétrie tend ici sensiblement vers le magenta et la luminosité apparaît surtout excessive, avec des niveaux de contraste très atténués.

Il se trouve que Blue Underground a produit et édité en 2019 une nouvelle restauration 4K que The Ecstacy of Films n'a pas souhaité (ou pu) reprendre, ce qui est fort dommage. En suivant ce lien vers le comparatif de caps-a-holic.com, on peut constater une différence très nette d'étalonnage, avec selon nous un avantage évident pour la nouvelle restauration dont le rendu apparaît cette fois beaucoup plus filmique, bien plus fidèle à la photographie argentique d'origine : la luminosité a été revue à la baisse, les contrastes sont plus affirmés et réalistes, la colorimétrie elle aussi retrouve des teintes plus naturelles, mieux saturées et également plus nuancées. Master 4K oblige, la précision du trait est logiquement accentuée, comme la gestion du grain, améliorée. Concernant le grain sur le Blu-ray français, précisons qu'il apparaît sensiblement tempéré mais bien là, conforme au matériel fourni à l'éditeur. On le répète, le visionnage du disque français ne choque pas outre mesure, c'est largement convenable et l'on a vu bien pire ailleurs. Mais pour les plus soucieux du respect et de la fidélité de l'aspect filmique d'origine, grosse frustration en perspective...

Son

L'éditeur propose les trois pistes sonores déjà présentes sur l'édition 2009 américaine, chacune ayant ses qualités et ses défauts, avec de petites différences de l'une à l'autre mais aucune ne réunissant toutes les caractéristiques "idéales" à la fois, même si on peut juger les pistes anglaise et italienne mieux équilibrées. Ainsi la version française bénéficie d'un meilleur rendu dans les basses fréquences, plus présentes contrairement aux autres pistes davantage axées sur les aigus. Mais la VF apparaît en même temps plus couverte, nettoyant ainsi le souffle potentiel mais réduisant le spectre à un rendu brouillon et beaucoup moins détaillé (exemple à 12 min 44), au contraire des versions originales anglaise et italienne plus riches en subtilités. Aucun souffle n'est à déplorer en VF tandis que la VO anglaise en possède un parfois peu discret, de temps en temps ajouté à un léger bourdonnement en arrière-plan. On notera des sifflantes plus marquées en italien, sans souci sur les autres pistes, et quelques différences de musique dans la VF (comme pendant l'attaque sur le ferry). Précisons que deux scènes coupées en France à l'époque, et donc non doublées en VF, sont présentées dans cette version intégrale en anglais sous-titré.

Suppléments

The Ecstacy of Films propose L'Eventreur de New York dans un beau digibook limité à 1 200 exemplaires, avec la possibilité de choisir entre deux affiches différentes (600 exemplaires de chaque). Mise en vente à la fin de l'été, cette édition est pratiquement épuisée au moment où nous publions ce test. L'éditeur précise même qu'il ne la vendra plus à partir de décembre, peut-être à cause de droits d'exploitation qui arrivent à son terme (la sortie avait été décalée de plusieurs années, ne l'oublions pas)...

Le digibook comprend un livret de 40 pages, magnifiquement illustré, composé de deux longs textes. Le giallo hard-gore et desespéré de Lucio Fulci par Lionel Grenier., le tenancier de luciofulci.fr, revient sur la genèse du film puis décrit toutes les étapes de sa réalisation, du scénario à la post-production, explicitant l’apport des différents collaborateurs, parcourant minutieusement le casting et détaillant les lieux du tournage. Il revient ensuite sur les attaques lancées contre le film et sa prétendue complaisance et misogynie, et termine en évoquant l’influence d’Alfred Hitchcock sur l’oeuvre du cinéaste. Avec Jack l’éventreur à l’écran, le spécialiste du cinéma de genre Alain Petit se propose de faire un historique de la figure du célèbre tueur au cinéma, des adaptations et variations sur ses crimes à la création d’un mythe qui va innerver tout un pan du cinéma fantastique et d’horreur. Le livret se termine sur une quinzaine de photos d’exploitation.

The Ecstacy of Films gâte les fans de L'Eventreur de New York avec d'autres suppléments, nombreux et spécialement produits pour cette édition entre 2017 et 2020 :

Don’t Fear the Ripper (26 min - 1080i)
Une rencontre fort sympathique avec Almanta Suska, "un paradoxe" très nature qui joue le jeu de l'interview carrière avec franchise et simplicité. L'actrice revient sur cette "chance incroyable" d'avoir tourné L'Eventreur de New York aux côtés de Lucio Fulci, un réalisateur qui "voulait du vrai", dont elle se rappelle les "grosses colères" contre l'équipe. Elle se souvient d'un New York hallucinant, avec "des gens à moitié fous dans la rue", et du Bronx dangereux et inquiétant où ils tournaient la nuit. Elle évoque son interprétation "dans l'instinct", portée par une énergie qui canalisait ses peurs d'enfant (être envoyée dans les camps en Sibérie, comme ce fut le cas d'une partie de sa famille). Elle évoque enfin son bref parcours cinématographique après le Fulci, notamment dans un film d'aventures dont elle garde un bon souvenir car elle appréciait autant les rôles physiques que le danger. L'actrice raconte aussi à demi-mot avoir parfois croisé la route de cinéastes prédateurs durant ses quelques années de cinéma ("il y a des choses étranges dans ce métier"), assumant en tout cas son choix de la discrétion : elle a préféré arrêter les films pour suivre sa propre voie dans le théâtre itinérant pour enfants...

Des souvenirs qui déchirent (22 min - 1080i - VOSTF)
Entretien inédit avec Antonella Fulci, fille du cinéaste, qui regrette que son père n'ait pas été considéré à sa juste valeur de son vivant, "mort avant de connaître le succès". Elle parle des difficultés à gérer la censure et à tourner des films d'horreur dans l'Italie de cette époque, et revient sur le tournage "hors-la loi" (car sans autorisation) de L'Eventreur de New York dans un quartier chaud où la population a finalement bien aidé l'équipe. Antonella Fulci parle du casting de ce "mélodrame horrifique" avant tout divertissant, et du savoir-faire du producteur Fabrizio De Angelis ("il faisait des miracles avec des petits budgets") qui se tournera ensuite vers la réalisation.


The Ripper Files (24 min - 1080i - VOSTF) 
Souvenirs croisés des comédiens Renato Rossini (aka Howard Ross), Barbara Cupisti et Zora Kerowa qui reviennent sur leur casting pour le film, sur quelques moments du tournage à Rome ou à New York, et évoquent leurs partenaires. Ils donnent aussi leurs impressions sur Lucio Fulci, un "personnage exceptionnel", un grand professionnel qui ne supportait pas les amateurs sur son plateau et qui "jouait au méchant perfide" en se cachant derrière une "carapace de défense". Des souvenirs malheureusement assez anecdotiques pour la plupart...


La Musique du sang (17 min - 1080i - VOSTF)
Entretien avec Daniele de Gemini, coresponsable de Beat Records, maison de disque italienne spécialisée dans la musique de films. Il évoque son rapport particulier avec le score de L'Eventreur de New York puisque son père y faisait l'"une de ses meilleures performances" à l'harmonica, organisant régulièrement à cette époque les sessions d'enregistrement des B.O. en studio. Il revient sur ses quelques rencontres avec Lucio Fulci, au début des années 90, pendant la post-production de son dernier film ou lors de présentations de festivals de musique. Il lui reste le souvenir d'"un doux dingue" très sympathique qui "vivait dans son monde"... Daniele de Gemini évoque également le "grand maître" Francesco de Masi, le score "de grande classe" et un peu rock de L'Eventreur de New York, ainsi que le compositeur Fabio Frizzi, aux musiques "en contrepied" qui ont davantage marqué le cinéma de Fulci.

Deux ou trois choses que je sais de Lucio... (20 min - 1080i - VOSTF)
Deux entretiens compilés avec le scénariste Dardano Sacchetti qui raconte sa collaboration "amour/haine" avec Lucio Fulci : deux personnalités aussi opposées que leurs méthodes de travail. Ils se livreront une sorte de bataille d'ego quand le réalisateur s'apercevra de son succès hors de l'Italie, où la critique était monopolisée par Dario Argento, et qu'il voudra être reconnu comme seul auteur de ses films. Forte tête, visiblement pas toujours facile à vivre, Sacchetti évoque le travail d'écriture sur plusieurs films de Fulci, et notamment L'Eventreur de New York sur lequel il est intervenu "pour donner un coup de main argentien"...


Le Peintre du diable (17min - 1080p - VOSTF)
Un entretien avec l'illustrateur Enzo Sciotti, créateur de l'affiche du film, qui évoque une époque sans ordinateur, où son travail ne consistait pas seulement à aller comme aujourd'hui à l'essentiel, sans inventivité, mais à se creuser les méninges, faire des recherches et proposer des images marquantes autour d'un thème ou d'une ambiance. Il évoque un peu sa carrière et surtout les méthodes de travail plutôt originales de l'époque, lorsqu'il préparait du matériel promotionnel, esquisses ou affiches qui servaient à pré-vendre le film avant même qu'il ne soit tourné. Il revient brièvement sur sa collaboration avec Lucio Fulci ou d'autres cinéastes, mais ne développe malheureusement pas toujours ses réponses. Une belle idée d'entretien malgré tout, produit spécialement pour cette édition mais déjà paru sur les Blu-ray américains de Blue Underground.



Souvenirs de la 42e rue  (82 min - 1080p - VOSTF)
The Ecstacy of Films ajoute à la liste des suppléments ce documentaire produit en 2015 qui intéressera tout fan de cinéma de genre qui se respecte. A travers les souvenirs de nombreux témoins de l'époque, cinéastes, producteurs, gérants de salle ou artistes, Calum Waddell raconte l'"ascension et le déclin du block le plus connu de l'Amérique", l'un des épicentres du cinéma d'exploitation des années 70 où se mêlaient pour pas cher grindhouse, porno, drogue et prostitution "comme un genre de buffet à volonté !" Un mélange de cour des miracles et de "cour de récré", avec ses personnages déviants et son folklore, à une époque où tout était encore possible. Un lieu de découverte cinéphile (c'était avant l'arrivée du câble et de la VHS) devenu "l'endroit le plus crade, perverti et mal famé du monde", où le spectacle se tenait aussi bien sur l'écran que dans la salle, et qui apparaît dans de nombreux films comme Taxi Driver ou (reconstitué) dans Last Action Hero. Un quartier nettoyé dans les années 80 grâce à Disney, devenu aujourd'hui l'une des zones les plus touristiques de la ville...


Bande annonce (3 min 20 - 1080p - non sous-titré)

Mais ce n'est pas tout ! Pour conclure cette copieuse édition, à l'instar de quelques récentes sorties du Chat qui Fume, et comme sur l'édition américaine de Blue Underground, The Ecstacy of Films propose également le CD de la bande originale de Francesco De Masi, 29 morceaux et 71 minutes très 70's, avec des soupçons de rock, de disco et de funk façon blaxploitation.

En savoir plus

Taile du Disque : 45 956 291 133 bytes
Taille du Film : 22 217 740 032 bytes
Durée : 1:32:57.488
Total Bitrate: 31,87 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)

Par Stéphane Beauchet et Olivier Bitoun - le 19 novembre 2020