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Test blu-ray
Image de la jaquette

L'Ascension

BLU-RAY - Région B
Potemkine Films
Parution : 19 avril 2022

Image

L'Ascension avait été édité par Potemkine, avec une qualité d'image honorable, au sein du coffret Chepitko Klimov édité en 2017. Entre temps, l'éditeur américain Criterion a dégainé son blu-ray en janvier 2021, ce qui donne l'occasion à Potemkine d'enfin sortir le film à l'unité.

Un comparatif sur captures nous permet d'assurer qu'il s'agit rigoureusement du même master que celui utilisé par Criterion (issu d'un scan 4K depuis un négatif original 35 mm, puis restauré par Mosfilm en 2018), et les éventuelles différences en termes de contraste ou de compression sont bien trop subtiles pour être mentionnées ici : on peut donc partir du principe que, questions de région (le Criterion est zoné A) et suppléments mis à part (voir plus bas), les deux éditions peuvent être traitées sur un pied d'égalité, et que ce pied est bien haut.

En effet, le rendu est ici d'une grande qualité, proposant une image immaculée d'une très belle définition, des détails fins (les gros plans sont splendides), avec de la profondeur et des contrastes bien rendus (des noirs denses mais jamais bouchés, des gris et des blancs nuancés). Les quelques plans à la définition moins solide sont des plans en extérieur (avec parfois des effets optiques) et ne sont donc imputables qu'aux conditions de tournage, particulièrement difficiles. Rien de négatif non plus à signaler au niveau du rendu du grain, naturel et bien texturé.

Son

Là encore, le rendu est très satisfaisant, remarquablement immersif dans la gestion d'un mixage qui mêle la partition d'Alfred Schnittke, les dialogues (tout à fait clairs), les bruits d'ambiance et des effets sonores hors diégèse. Pas de saletés, de distorsions ou d'effets de compression à déplorer.

Suppléments

Le Chant du partisan (18min12 – HD)
Il s'agit d'une lecture par la comédienne Sigrid Bouaziz d’un texte original écrit par Elias Herody, contributeur au collectif Répliques (et élève de l’Ecole Normale Supérieure). Prenant la forme d'étude analytique sur un montage d’extraits du film, le module combine une mise en perspective historique, des points de comparaison avec d’autres films soviétiques contemporains (citant à l’occasion d’autres plumes, comme celle de Marcel Martin) et un examen parfois assez précis des choix formels opérés par Chepitko. Si on peut déplorer un certain manque de dynamisme et une lecture trop monocorde, qui peine parfois à faire ressortir les idées essentielles (le registre de vocabulaire est un peu universitaire parfois), des points très intéressants sont régulièrement soulevés, en particulier dans la dernière partie, autour notamment de la question complexe – et très actuelle - de l’identité : en « invitant à décentrer le regard soviétique vers les marges de l’URSS », l’ukrainienne Cheptiko propose « une nouvelle conception de l’héroïsme qui se nourrit de ces espaces marginaux » et livre ainsi « un discours anthropologique sur le sentiment d’appartenance ».

A Talk With Larisa (52 min) est un documentaire réalisé en 1999 pour la chaîne de télévision russe Kultura en 1999 et articulé en deux parties : d'abord une introduction d'une douzaine de minutes par Elem Klimov, son mari, accompagné de la critique et universitaire Irina Rubanova, qui insistent sur la trace laissée par Larissa Shepitko après sa mort ; puis un long entretien avec la cinéaste, réalisé à la suite du Festival de Berlin 1978 (donc quelques mois avant sa disparition), durant lequel Chepitko parle longuement de sa vision. S'y révèlent la grande exigence, intellectuelle, morale, esthétique, d'une personnalité admirable de force et de conviction. A noter deux curiosités : premièrement, l'intervieweuse (qui semble parfois intimidée) pose des questions en russe qui sont doublées en russe... ; et deuxièmement, les sous-titres sont assez incomplets, parfois erratiques, et il est donc parfois difficile - pour les non-russophones, en tout cas - de parfaitement suivre le fil de la pensée développée.

Larissa (19min53)
Ce court-métrage documentaire était déjà disponible sur le DVD des Adieux à Matiora à l'intérieur du coffret Chepitko-Klimov édité par Potemkine il y a quelques années : il s'agit du très émouvant film réalisé par Elem Klimov pour conjurer la douleur de la disparition de sa compagne. Le film démarre par une succession de photos de Larissa, de son enfance jusqu'à son enterrement, puis donne à voir ou à entendre de très beaux documents : quelques courtes séquences de Matiora tournées avant sa disparition, des témoignages de proches, ou - surtout - la voix de Larissa Chepitko parlant de sa découverte du cinéma, ou de sa rencontre avec Dovjenko son modèle (artistique et humain)...

Les deux derniers suppléments figuraient sur l'édition blu-ray Criterion (le premier étant une exclusivité Potemkine).

Par Antoine Royer - le 18 avril 2022