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Test blu-ray
Image de la jaquette

Keoma

BLU-RAY - Région B
The Ecstasy of Films
Parution : 10 février 2022

Image

Après une très longue attente, The Ecstacy of Films a sorti Keoma en début d'année, des efforts payants puisque l'édition limitée à 1 000 exemplaires s'est rapidement retrouvée épuisée. L'éditeur s'était procuré la belle restauration 2K proposée par les Anglais d'Arrow en 2019, effectuée à partir du négatif 2-perf 35mm original. Le scan offre beaucoup plus d'informations dans l'image par rapport au DVD Wild Side sorti dans les années 2000. En plus du gain de précision et du bon niveau de détail, la patine argentique est assez bien respectée  : le grain est fin, présent et bien palpable sans être trop envahissant, et plutôt bien géré par l'encodage du disque. L'ensemble est assez stable (mais pas toujours) et plutôt bien nettoyé, seules subsistent quelques rayures verticales forcément tenaces car plus difficiles à gommer. Les contrastes ont été bien renforcés par rapport à l'ancien master HD sorti en 2012 aux USA (chez Mill Creek), qui avait notamment tendance à casser les ombres. Ils apparaissent aujourd'hui mieux équilibrés, plus filmiques et sans trop de pulsations (il y en a essentiellement en luminosité, mais heureusement en amplitude infime). Si la palette de couleurs est ici bien plus ouverte que sur les anciens masters, on constate malheureusement une orientation générale tirant souvent très fortement sur le magenta (c'est nettement visible sur les carnations) et des plans d'extérieur-jour aux blancs trop neutres pour être honnêtes. Les étalonneurs ont visiblement toujours très peur des nuances jaune-vert inhérentes à la pellicule, et cela provoque ce genre d'incohérences. A l'exception des débordements rosés, la colorimétrie se montre pourtant agréable à l'oeil, manquant peut-être parfois de saturation - une caractéristique du procédé Techniscope ? Quelques déconvenues forcément regrettables mais finalement mineures en regard du résultat très efficace. Notez que l'éditeur propose de voir le film au choix avec le générique anglais ou italien.

comparatif DVD Wild Side (2005) vs. Blu-ray Ecstacy of Films (2022) :
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Son

Tourné en anglais mais sans prises de son direct, Keoma a ensuite été entièrement post-synchronisé, comme c'était la tradition en Italie jusque dans les années 80. Dans sa démarche d'offrir une édition très complète, The Ecstacy of Films propose Keoma avec un choix de trois langues : anglais, italien et français. Les pistes anglaise et italiennes ont été restaurées aux Etats-Unis à partir des négatifs son. Très similaires en rendu, elles sont d'une grande clarté avec des ouvertures honnêtes et des arrière-plans bien présents, sans excès. On ne remarque pas d'usures spécifiques, le souffle reste à chaque fois discret. Le spectre manque peut-être un peu de graves. La version française est visiblement plus compressée, ce qui fait pas mal remonter le souffle et légèrement saturer les passages musicaux. Le spectre est davantage situé dans les aigus et les mediums, plus agressifs. Reste la qualité du doublage, très au-dessus en qualité de jeu par rapport aux deux autres versions.

Suppléments

Le film est présenté dans un beau digibook (on pouvait choisir entre deux visuels), contenant un livret de 52 pages qui propose deux textes autour du film. Jean-François Giré, intervenant régulier de la collection Western de Sidonis, revient sur l'aspect "miraculé" d'un film que l'on n'attendait plus, dernier sursaut sérieux d'un genre "enlisé dans la grosse farce auto-parodique" mais porté par une équipe "animée du désir de rallumer la flamme". L'auteur Curd Ridel, Il analyse plus longuement Keoma, "dernier grand film de l'histoire du western italien" à travers quelques anecdotes de tournage (que l'on retrouve aussi dans les suppléments du Blu-ray). Il évoque la mise en scène des plans comme des "ballets de morts" au ralenti, la puissance dramaturgique qui en fait "un opéra de la violence", et fait également un rapide focus sur le casting. Jean-François Giré regrette que le film n'ait pas suscité un regain de mode à l'époque et ne cache pas de sérieux bémols (totalement subjectifs) sur la bande originale, "relevant plus de la musique de variété que d'une vraie partition pour l'écran". Le livret est complété par une série d'affiches et de lobby cards, et par quelques planches d'un projet de bande dessinée Keoma, conçue par le fidèle collaborateur d'Artus Curd Ridel, mais resté malheureusement inabouti.

Keoma est aussi accompagné de nombreux suppléments : Même s'ils sont en nombre inférieur par rapport aux éditions anglo-saxonnes, The Ecstacy of Film a fait un beau travail en concoctant son édition avec soin.

Retour sur Keoma (25 min - HD)
Spécialement produit pour ce Blu-ray, un module avec le journaliste, scénariste et écrivain Alain Petit qui analyse Keoma, "pur produit italien" et "film testament" qui n'a pas provoqué la renaissance du genre malgré un héros qui apparaît comme "le Christ de la vengeance" et dont les fans attendent encore une suite, annoncée sur le net mais très improbable. Alain Petit restitue Keoma au sein du western italien, "une pièce d'orfèvrerie" à la mise en scène pleine d'idées, parfois influencée par Sam Peckinpah, qui joue avec les flash-back, fait des incursions dans le fantastique ou reprend de manière "pesante" certains passages de Django. Il raconte quelques anecdotes de production, par exemple comment Woddy Strode fut intégré au projet alors qu'il n'était pas du tout prévu, ou le tournage dans la ville western du Grand silence. Avec en prime quelques conseils de visionnage, ce qui est toujours bons à prendre.

Entretien avec Emmanuel Le Gagne (37 min - HD)
Un bon complément au module précédent avec le critique de culturopoing.com, qui évoque le cinéma "un peu naïf et enfantin" d'Enzo G. Castellari, artisan populaire dont le travail parfois sous influence américaine ne se prenait pas au sérieux, plus motivé par l'action que par la complexité. Sa filmographie se montrera assez inégale, des westerns parfois remarqués à des polizzioteschi qui valent le coup d'oeil, en passant par des comédies "pas drôles" ou des bisseries oubliables qui accompagnaient la décadence du cinéma de genre italien dans les années 80. Un bon supplément qui intéressera les néophytes du cinéaste, dont on soulignera l'effort d'illustration, et qui là aussi permettra à ceux qui souhaiteraient découvrir le genre de noter des titres à voir, plus ou moins obscurs et plus ou moins indispensables...

Face à face (30 min - SD - VOSTF)
Repris du DVD italien sorti en 2010, un double entretien avec Enzo Castellari et Franco Nero, rempli d'anecdotes passionnantes sur le tournage et la fabrication de Keoma. On apprend qu'ils ont "chamboulé sans arrêt" un script "bancal" en ajoutant des éléments allégoriques ou des allusions à Shakespeare, que Castellari s'amusait à tourner chaque jour en s'inspirant d'un cinéaste célèbre. C'était sa façon de leur rendre hommage et de témoigner de son amour pour le genre. Il explique quelques secrets de son style, sa vision des flash-back qui mélangent présent et passé dans un même plan, ou son plaisir de tourner des scènes d'action : il est alors son premier spectateur ("l'action au ralenti, c'est celle que j'adore le plus"). On apprend d'où vient le Keoma christique, inspiré des nombreuses allusions que les réalisateurs faisaient à propos du visage de Franco Nero. Ils évoquent leur collaboration au long cours, "comme un mariage", chacun louant les qualités professionnelles et humaines de l'autre, et parlent de la musique du film, inspirée de Leonard Cohen et Bob Dylan.


La légende Keoma (38 min - SD - VOSTF)
Suite du module précédent avec cette fois les témoignages successifs de certains membres de l'équipe du film. L'acteur Massimo Vanni parle de son cousin Enzo Castellari et de son style qui savait valoriser les comédiens et les cascadeurs. Orso Maria Guerrini, que l'on croit devenu chauve avec les années, explique avoir en fait utilisé une perruque sur Keoma. Il raconte des souvenirs de tournage, comme l'importance de la poussière ou le travail de Castellari qui tournait dans le temps imparti et savait ce qu'il voulait. Le scénariste Luigi Montefiori raconte le projet original, beaucoup plus violent, qui était au départ monté comme une suite de Django. Même s'il le trouve réussi, il regrette le résultat édulcoré de Keoma qui perd également sa dimension de fable et n'est plus "le film de rupture" qu'il avait imaginé. Enfin, l'acteur Wolfgango Soldati raconte à son tour la collaboration avec Castellari et évoque quelques souvenirs de la troupe sur le film, comme "le sérieux absolu" de Franco Nero pendant le tournage ou les secrets de forme de "la montagne" Woody Strode.

Le Blu-ray contient enfin deux bandes annonces du film (3 min 45 s + 3 min 41 s) en anglais et en italien. Aucune n'est sous-titrée.

Cette belle édition comprend également le CD de la bande originale du film, assez mémorable, composée par les frères de Angelis. 9 titres pour une durée totale de 21 minutes.

En savoir plus

Taille du Disque : 44 666 097 539 bytes
Taille du Film : 29 720 051 712 bytes
Durée : 1:40:49.710
Total Bitrate: 39,30 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 30,48 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 30484 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Video: MPEG-4 AVC Video (1) / 1213 (30403) kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / LPCM Audio / 2.0 / 48 kHz / 2304 kbps / 24-bit
Audio: Italian / LPCM Audio / 2.0 / 48 kHz / 2304 kbps / 24-bit
Audio: English / LPCM Audio / 2.0 / 48 kHz / 2304 kbps / 24-bit
Subtitle: French / 4,215 kbps
Subtitle: French / 19,284 kbps
Subtitle: French / 16,158 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 13 octobre 2022