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Test blu-ray
Image de la jaquette

Intégrale Jean Vigo

BLU-RAY - Région A, B, C
coffret prestige
Parution : 10 octobre 2018

Image

L'Atalante

En 2011, alors que Criterion venait d'annoncer la sortie imminente des films de Jean Vigo en Blu-ray, nous avions demandé lors d'un entretien avec les responsables de Gaumont si une sortie française était aussi à l'étude. L'éditeur nous avait alors répondu que les films devaient retourner en restauration et que le matériel que Criterion allait utiliser n'était pas satisfaisant pour eux. Tous les films de Jean Vigo ont finalement été restaurés en 4K en 2017 et nous pouvons dire que notre attente aura été pleinement récompensée, tellement le résultat est enthousiasmant. Pour cette restauration, et selon le souhait de Luce Vigo, il a été décidé de revenir à la version 1934, celle du BFI, "premier état incontestable connu depuis toujours". Tous les rushes et autres chutes, qui avaient été en partie intégrés en 1990, sont maintenant proposés dans un montage de 70 minutes réalisé par Bernard Eisenschitz sous le titre Tournage d'hiver (voir les suppléments, ci-dessous).
Cette nouvelle restauration, que l'on doit au laboratoire L'image retrouvée, nous donne la possibilité de voir le film dans son format d'origine 1.20, le format usuel pour les premiers sonores. Jusqu'à maintenant, le film était toujours montré au format 1.37, ce qui occasionnait une perte d'image, essentiellement dans la verticalité. 

Comparatif Blu ray Gaumont 2018 (format 1.20)/ Blu ray Criterion (format 1.37):
Comparatif 1  Comparatif 2  Comparatif 3  Comparatif 4  Comparatif 5

Outre le cadrage plus respectueux, le comparatif ci-dessus nous montre la qualité de la restauration avec un nettoyage mesuré des éléments chimiques et une stabilité générale retrouvée. La définition est évidemment très supérieure grâce principalement au scanner Arriscan, plus performant que le scanner hybride Spirit data cine utilisé pour la restauration 2001. L'encodage AVC est de bonne qualité, comme c'est souvent le cas pour les éditions Prestige de l'éditeur Gaumont, il n'y a aucun artefact vidéo à déplorer. Le grain est homogène et bien géré, et nous ne constatons pas d'appauvrissement des nuances de gris dans les basses lumières ni lors des fondus au noir. Nous n'avons pas trouvé nécessaire de produire un comparatif avec la précédente édition DVD Gaumont qui date de 2008, tellement sa qualité d'image apparaît aujourd'hui médiocre. Et force est de constater que le DVD pouvait être un format techniquement très embarrassant par instant. Ainsi va la vie du progrès technique...

Zero de conduite

La version que nous avons toujours vu, depuis ces dernières décennies, est en fait un montage d'une durée de 44 minutes réalisé pour la ressortie du film en 1945. Zéro de conduite ayant fait scandale lors de sa présentation en 1933, le moyen-métrage ne fût jamais réellement exploité dans sa version non censurée de 50 minutes. En 1947, Henri Langlois fit don d'une copie de cette version complète à Luigi Comencini, qui est aujourd'hui la propriété de la cinémathèque de Milan. Pour la restauration 2017, Bernard Eisenschitz a utilisé cette copie pour remonter le négatif original et ré-introduire les six minutes manquantes.

Les différences entre la version 1933 et la  version 1945

Version 1945 :
Alors que les élèves rentrent de promenade, le proviseur et le surveillant général s'inquiètent de l'amitié jugée excessive qui est en train de naître entre les élèves Tabard et Bruel. Dans le plan suivant, l'élève Tabard est convoqué par le proviseur qui le sermonne. L'entretien est terminé par un intriguant "Que sais-je ?", déclamé par le proviseur, levant les bras au ciel.

Version 1933 :
Les deux scènes mentionnées ci-dessus encadrent une scène dans le dortoir que nous n'avions jamais vu auparavant : deux élèves complotent, le premier propose d'en parler à Bruel. Le second lui rétorque: "Bruel est avec sa fille" (Tabard). Le plan suivant montre Tabard et Bruel sur le lit du second. Puis Bruel mache un chewing gum et le colle sur le nez de Tabard, l'étire et met l'extrémité dans sa bouche tout en le regardant dans les yeux. Le surveillant général apparaît dans le champs et observe la scène... Le plan suivant est la convocation de Tabard dans le bureau du proviseur. Et le "Que sais je ?" du proviseur devient une évidence, Vigo a voulu montrer une relation homosexuelle latente entre les deux élèves. Cette scène a été censurée pour atténuer le propos.


Autres plans censurés ré-introduits :
Le surveillant de nuit en ombre chinoise qui se pique avec une seringue. Un élève victime d'une blague potache alors qu'il est au toilette crie : "Cochons, salauds, satyres !" Le mot "satyres" avait été coupé. Enfin, le plan où un professeur caresse la main de Tabard de manière subjective est beaucoup plus long.

L'image:
Les deux versions de Zéro de conduite ont été scannées et restaurées en 4K par le laboratoire L'image retrouvée (fruit d'une coopération entre les deux entités françaises et italiennes). Le résultat est plutôt probant pour la version de 50 minutes, même si le négatif du film a beaucoup souffert des différents remontages. Comparée à la précédente restauration éditée par Criterion, l'image est moins contrastée mais les blancs sont moins surexposés (comparatif 1). L'image est plus propre avec un important nettoyage des rayures et traces d'émulsion (comparatif 2) . La version de 44 minutes proposée par Gaumont a elle aussi été nettoyée, mais l'image perd en texture et en naturel ( comparatif 3).

A propos de Nice

Le film a été restauré en 4K à partir du négatif original nitrate et de deux copies nitrates de première génération. La nouvelle restauration améliore grandement la définition de l'image tout en proposant plus d'image sur les côtés, respectant ainsi les compositions du chef opérateur Boris Kaufman. L'image est un peu plus contrastée, avec des blancs à la limite de la sur-exposition. La stabilité a également aussi été améliorée, et de nombreuses rayures ont été nettoyées. 

Comparatif Blu ray Gaumont 2018 / Blu ray Criterion 2011
Comparatif 1   Comparatif 2

La natation par Jean Taris

Le film a été restauré en 4K à partir d'un marron safety de troisième génération et d'une copie nitrate. Cette nouvelle restauration permet d'améliorer la visibilité des scènes aquatiques grâce une définition supérieure et des contrastes plus appuyés. L'ensemble a largement été nettoyé et stabilisé. Enfin quelques précisions sur le montage proposé:
Les éléments de La natation (copie et vidéo) qui circulaient depuis longtemps étaient endommagés et lacunaires, au point de rendre le film en partie incompréhensible. En 2017, la numérisation s'est faite à partir d'une copie complète provenant de la collection René Charles et conservée aux Archives départementales de Charente.

Comparatif Blu ray Gaumont 2018 / Blu ray Criterion 2011
Comparatif 1  Comparatif 2

Son

L'Atalante
Nous ne disposons pas d'information particulière sur la manière dont a été restaurée la bande sonore. Mais ce que nous pouvons dire, c'est qu'à l'oreille elle diffère sensiblement de la précédente restauration. Il parait évident que la piste optique a été nouvellement scannée et que la dynamique est gérée de manière différente. La piste audio présente sur l'édition Criterion paraît étouffée, avec une dynamique compressée et des aigus moins détaillés. La nouvelle restauration présentée par Gaumont est plus musicale, avec des instruments qui se détachent mieux lors des passages musicaux. Les voix n'en deviennent pas plus audibles pour autant, ainsi était le jeu de Michel Simon (des phrases souvent incomplètes et peu articulées). Nous sommes donc face à deux approches différentes en terme de restauration, l'une privilégiant la dynamique et la précision (la nouvelle), l'autre cherchant plus à masquer les saturations dues aux techniques de prise de son de l'époque, au détriment de l'émotion et de la musicalité.

ZERO DE CONDUITE
Comme pour L'Atalante, la nouvelle restauration sonore de Zéro de conduite séduit dès les premières notes de la musique composée par Maurice Jaubert, avec des basses nuancées et agréables à l'écoute. La dynamique s'avère meilleure que celle de la précédente restauration qui parait plus ramassée et compressée. Un léger souffle reste présent malgré tout.

A propos de Nice
Le film est proposé avec une nouvelle musique d'accompagnement, en plus de celle composée par Marc Perrone en 2001. Elle est composée par Stephen Horne et Franck Bockius, et de facture plus classique que la précédente. Les deux pistes sont des enregistrements récents et il n'y a pas de remarque particulière à formuler sur le plan technique.

La natation par Jean Taris
Le film est proposé avec sa bande sonore d'époque restaurée, le souffle est encore assez présent et les aigus sont assez agressifs. Il y a peu de dialogue, seules les ambiances de la piscine sont audibles.

Suppléments

Blu-ray 1

A propos de Nice, avant/après restauration (4 min - 1080p)
Où l'on peut constater le nettoyage et la stabilisation des cadres par rapport au scan brut, non étalonné

Actualités Gaumont (6 min - 1080p)
4 reportages d'époque où le nageur Taris participe au championnat de Paris dans la Seine (!) parmi plusieurs centaines de concurrents. Les épreuves sont commentées et nous avons même droit à un mot du vainqueur...


La Natation, avant-après restauration (3 min - 1080p)

Jeunes diables au collège (16 min - 1080p - sous-titres anglais optionnels)
Bernard Eisenschitz a compilé des rushes de Zéro de conduite (images sans son ou son sans images), prises intégrales ou alternatives, non conservées au montage.

Extrait de "Napoleon vu par Abel Gance" (3 min - 1080p)
Une scène de dortoir, avec bataille de polochon, qui a sans doute inspiré Jean Vigo pour une scène de Zéro de conduite.

Zéro de conduite, avant/après restauration (4 min - 1080p)
On l'on constate l'énorme travail de nettoyage et de gommage pour certaines rayures tenaces et pas mal de tâches bleutées.

Blu-ray 2

Présentation de L'Atalante par Martin Scorsese (3 min - 1080p)
Le réalisateur présente, au nom de la Film Foundation qui a participé au financement des travaux, la "restauration très spéciale" de L'Atalante, "un des grands chefs-d'oeuvre du cinéma français". Il évoque Jean Vigo, "cinéaste visionnaire" qui vit son film amputé et modifié à sa sortie, et remercie Bernard Eisenschitz, Luce Vigo et la Gaumont pour leur travail sur cette résurrection.

Tournage d'hiver (70 min - 1080p - sous-titres anglais optionnels)
L'historien Bernard Eisenschitz, qui a coordonné les restaurations de ce coffret, propose un montage de scènes non retenues et de plans (ou sons) alternatifs issus de bobines acquises par Henri Langlois à la fin des années 40. Elles ont, depuis, été conservées à la Cinémathèque Française et récemment numérisées (sans restauration poussée). Ces moments inédits et rares, présentés pour la première fois, démontrent le travail méticuleux de Jean Vigo, visible dans la subtilité des variations du jeu ou des scènes, par rapport à ce qui a été conservé dans le film, comme lorsque "les fautes de diction sont préférées à une interprétation plus assurée". On appréciera ces moments de vie et les images furtives de l'équipe technique qui font presque office de making of, quand les commentaires précieux (mais trop rares) de Bernard Eisenschitz évoquent le tournage de L'Atalante, dans un hiver au "froid exceptionnel".


L'Atalante, avant/après restauration (3 min - 1080p)
On l'on voit l'énorme travail de réparation qu'il a fallu pour arriver à ce résultat final, le film comme on ne l'avait jamais vu jusque-là.

La suite des suppléments est proposée sur deux DVD, reprise d'une partie des modules du coffret sorti en 2008, avec quelques ajouts plus récents.

DVD 1


Cinéaste de notre temps, Jean Vigo par Jacques Rozier (94 min - SD - 4/3)
Un making of avant l'heure, à la manière de ce que font aujourd'hui un Laurent Bouzereau ou un Jérôme Wybon, diffusé pour la première fois en 1964. Le cinéaste Jacques Rozier a retrouvé un grand nombre d'amis, techniciens et acteurs de Jean Vigo qui viennent raconter l'homme et le réalisateur. S'il suit essentiellement son parcours filmique, Rozier dessine au gré des réflexions, des souvenirs, des anecdotes, un portrait du cinéaste, "homme libre" à l'"énergie sans limite" et à la personnalité "qu'on ne peut pas expliquer". On évoque très peu A propos de Nice pour se concentrer plutôt sur la production de Zéro de conduite, comme la façon dont Vigo a dirigé les enfants déchaînés "comme s'il avait été dans l'histoire lui-même", ou l'aventure L'Atalante qui est partie d'un "scénario indiscutablement mièvre" auquel le réalisateur a apposé sa patte, et qui s'est conclue bien tristement avec "une cuisine atroce" : les changements de titre, de musique et de montage par la Gaumont de l'époque, "pour en faire une sortie commerciale". Ce documentaire évoque un pur artiste en pleine création qui doit faire face à d'innombrables contraintes (comme les obstacles récurrents de la censure), tout en rendant justice au courageux producteur Jacques-Louis Nounez, indispensable homme de l'ombre. Un supplément immanquable.


Jacques Rozier présente son Jean Vigo (9 min - 4/3)
Filmé en 2001, le réalisateur raconte comment il est arrivé sur ce projet de documentaire autour de Jean Vigo, pour un résultat qui lui a donné le sentiment de "corriger" l'image de ce "cinéaste essentiel" et de participer à la réhabilitation de sa mémoire auprès du public. Il parle de son montage très organisé, car assez dense (beaucoup de témoignages), d'abord effectué sur papier avec les entretiens dactylographiés, et explique comment il a réussi à obtenir le témoignage de Michel Simon, plutôt rare à cette époque à cause de la maladie.

Entretien avec François Truffaut par Eric Rohmer (18 min - 4/3)
Les deux compères de la Nouvelle Vague conversent dans ce module destiné aux lycées, en 1968, où Truffaut évoque Jean Vigo, "le premier cinéaste d'avant-garde professionnel". Il regrette que Vigo n'ait pas davantage influencé le cinéma en son temps, qu'il ait fallu attendre un peu ("le fils de L'Atalante, c'est A bout de souffle"), et cite plus tard Federico Fellini, leur goût commun de la caricature, comme dans Huit et demi, ou le triangle amoureux de la Strada qui ressemble à celui de la guinguette de L'Atalante. Ce film, justement, qui a été pour Truffaut "un très grand choc" qui lui a laissé une "impression très forte". Il admire cette plongée inédite dans l'intimité du couple, et notamment la façon dont Vigo a atteint un certain niveau de réalité sans se démarquer d'un certain esthétisme. Il ne cache pas que le film est parfois menacé par un excès de pittoresque et évoque ce goût du bizarre, de l'étrange, lié à la vie de tous les jours. Il parle du fantôme de Boudu qui plane sur cette oeuvre, et des nombreux points communs qu'entretient Vigo avec l'écrivain Raymond Radiguet. Un moment très intéressant, comme souvent avec Truffaut qui sait si bien parler de cinéma...

Les anticours d'Henri Langlois (13 min - 4/3)
Henri Langlois possède, lui aussi, une faconde communicative lorsqu'il évoque Jean Vigo. Dans cet entretien tourné en 1976, le fondateur de la Cinémathèque Française resitue L'Atalante dans son époque de production, où les grosses compagnies étaient menées par des "répétiteurs" qui écrasaient les auteurs : "victime de cette conspiration de circonstance", le film est voué à l'échec en sortant dans une salle des Champs-Elysées, au public très conservateur. Langlois parle du style de Vigo, avec les rushes "superbes" (disponibles dans ce coffret!) coupés par le cinéaste pour aller vers "la simplicité, la pureté totale". Le mystère et le miracle de Vigo est d'avoir obtenu une si belle alchimie de l'image et du son, en transfigurant "une image naturaliste en une image poétique", et en utilisant la musique comme un langage "qui fait corps".

Souvenirs d'école par Jean Oury (6 min - 4/3)
Extraits d'un documentaire tourné en 2012 dans lequel le psychiatre et psychanalyste, fondateur d'un mouvement pour "soigner l'hôpital", évoque Zéro de conduite et  son élève Tabard auquel il s'est identifié. Lui aussi a vécu le même genre de rapport à l'autorité, un jour qu'il apostrophait son directeur d'école (avec un "Monsieur, vous me faites chier !"), moment marquant qui le décidera à ne pas être "aussi con que ces gens-là" dans sa vie future. Une intervention un peu trop anecdotique par sa brièveté et le manque de contextualisation.

Correspondances (9 min)
Quatre lettres lues par l'acteur Mathieu Amalric qui permettent trop succinctement de rentrer dans l'intimité du cinéaste. Vigo y parle par exemple d'A propos de Nice ("je voulais provoquer la nausée") et des soucis de santé de "Viga" (joli surnom pour sa compagne). Michel Simon lui conseille l'"extraordinaire" collier oscillant Lakousky, apparemment bénéfique pour la santé...

DVD2

Luce à propos de Jean Vigo (68 min)
Dans son petit appartement parisien en "joyeux bordel", comme la cabine du Père Jules, la fille de Jean Vigo se replonge dans les archives de son père qu'elle n'a pas connu (elle avait trois ans à sa mort) et qu'elle garde très (trop?) précieusement. En compagnie de Nicolas Sand, un descendant, membre du jury du Prix Jean Vigo, elle ouvre "la malle aux documents", feuillette un album de famille, retrouve des photos, raconte des moments de la vie du cinéaste, en tournage ou dans l'intimité, scrute des rushes ou des extraits de L'Atalante pour apercevoir ses parents et entendre subrepticement la voix de son père, "celle d'un inconnu". Autant le dire, il y avait sans doute mieux à faire pour rendre hommage à cette vieille dame (disparue en 2017) dont la vie a baigné dans le cinéma et que l'on voit ici très affaiblie, un peu présentée comme la gardienne d'un mausolée poussiéreux en l'honneur de son père. L'ensemble est également un peu long, en tout cas lent à démarrer, et l'on se consolera avec quelques bribes d'informations glanées au gré des découvertes, comme lorsqu'elle parle de son grand-père anarchiste, la rencontre de ses parents dans une clinique à Font-Romeu, le court-métrage A propos de Nice où elle constate "la jubilation" de quelqu'un qui peut enfin s'exprimer par le cinéma, ou ses commentaires sur la version remontée de L'Atalante sortie sous le titre Le Chaland qui passe (malheureusement absente de ce coffret) dans laquelle apparaît quand même le style Vigo, malgré les coupes et le changement de musique...


Courts-métrages : Lines of the hand de Guy Maddin (3 min) et Les chats de l'Atalante de Karl Heil (15 min - sous-titres français et anglais optionnels)

Jean Vigo vu par...
Plusieurs cinéastes évoquent l'art et les films de Jean Vigo.
Marco Bellocchio (8 min) parle de l'auteur "très influent" qui a beaucoup compté pour lui. Il apprécie son anti-conformisme et l'anti-expressionnisme de ses films, la discrétion de ses effets, sans exagération, le "grand frémissement de sentiments très profonds".
Bernardo Bertolucci (2 min) raconte avec émotion sa découverte de L'Atalante pendant le tournage de Prima della rivoluzione, grâce à son collaborateur Gianni Amico : "une sorte d'extase" et un film qui l'a beaucoup nourri...

Le réalisateur Jean-Paul Civeyrac (10 min) parle bien confusément du style de Jean Vigo, "l'absolu contraire d'un film hollywoodien", chez qui il dit ressentir "un tempérament sexuel" dans sa manière de montrer une "obscénité positive" extraite avec "une énergie presque brutale", admirant également la grande liberté de tournage où Vigo se décharge de toute continuité ("il fait absolument tout ce qu'il veut, tout le temps").
Henri-Georges Clouzot (2 min) parle de la grandeur de L'Atalante grâce à un style qui ne cherche pas une signification immédiate. "L'oeil du spectateur s'arrête à l'image" comme dans la poésie où "l'esprit butte contre le mot". Il parle également de Michel Simon qui a rarement atteint une aussi grande dimension au cinéma. Un trop bref extrait de la série documentaire L'histoire du cinéma français par ceux qui l'ont fait d'Amand Panigel.

Lucile Hadzihalilovic (10 min) parle de la "découverte excitante" des films de Jean Vigo qui est, selon elle, tout le contraire de son propre cinéma : Zéro de conduite qui l'a marquée quand elle avait vingt ans, mais surtout L'Atalante "le plus extraordinaire, tellement libre, humain, délicat, vif, audacieux...", "l'un des immenses films français". Elle en admire la poésie dans le monde réel, ressent une grande proximité de Vigo avec sa troupe ("un sentiment d'égalité"), leur grand désir de jouer et envie leur liberté où "rien n'est ficelé".
Otar Iosseliani (13 min) dit être devenu cinéaste en grande partie grâce à L'Atalante qui l'a "marqué à vie". Il y sent les "bons hasards", une simplicité "bien réfléchie", "une fausse nonchalance" qu'il reproduira ensuite dans ses propres films. Il parle de certains personnages de L'Atalante comme le camelot qui cache ses sentiments profonds derrière ses clowneries, ou le capitaine, "pauvre chevalier" désarmé par la vie.
Le documentariste Jean Rouch (2 min) revient très brièvement sur L'Atalante, film typique du mouvement surréaliste, découvert à sa sortie sur les Champs-Elysées en 1934. Il évoque l'organisation du film (image, son et musique) sur un scénario "bêta" et parle de "dernier miracle"...

Ce Coffret Prestige bénéficie, vous l'avez constaté, d'une offre éditoriale très riche qui ne s'arrête pas là puisque les disques sont accompagnés d'un livre inédit de 100 pages, supervisé par Bernard Eisenschitz et composé de cinq chapitres :

1- A propos de Jean Vigo
Rédigé en 1970 par François Truffaut, ce texte devait être à l'origine la préface d'un livre consacré à Jean Vigo qui sera finalement publié en 1985. Truffaut fait preuve d'une certaine tendresse à l'égard de Vigo car c'est un cinéaste qui lui ressemble à bien des égards : comme lui, il a abordé le sujet de l'enfance, et tous deux ont été cinéphiles avant d'être cinéastes. C'est un très beau texte, et l'on constate à quel point son expérience de cinéaste a changé son regard et sa qualité d'écriture par rapport à ses premiers textes comme critique de cinéma.
2- Vers un cinéma social 
C'est la retranscription d'une présentation en public d'A propos de Nice par Jean Vigo lui-même, en 1930. Proche des milieux de gauche, Vigo y milite pour un cinéma social qui aurait du sens et "éveillerait un autre écho que les rots de ces messieurs-dames venus au cinéma pour digérer". Un texte polémique, donc, qui permet d'éclairer A propos de Nice, très inspiré par le  cinéma soviétique et Dziga Vertov.
3- Vie de Vigo : Amereyda-Jean-Lydu
Résumées en deux pages et de manière chronologique, toutes les étapes clés de la courte vie de Jean Vigo.
4- Vie de Vigo : quatre films
Chaque film de Vigo possède une histoire contrariée. Censurés, remontés, mal accueillis par la presse, difficultés diverses et variées : Bernard Eisenschitz nous raconte la genèse difficile de ces quatre films.
5- Filmographie

En savoir plus

BR 1 : Zero de conduite

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Blu-ray 2 : L'atalante

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Subtitle: English / 16,805 kbps

 

Par Jean-Marc Oudry (technique) et Stéphane Beauchet (suppléments) - le 14 décembre 2018