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Test blu-ray
Image de la jaquette

I... comme Icare

BLU-RAY - Région B
Gaumont
Parution : 29 juin 2022

Image

Longtemps resté inédit sous support numérique, I... comme Icare était sorti en blu-ray en 2017 chez LCJ, pour une édition qui fut dès sa sortie critiquée, notamment pour son encodage 1080i ou pour son usage du réducteur de bruit.

Depuis, Gaumont a fait l'acquisition du catalogue Roissy Films, ce qui justifie une nouvelle édition, a priori (un doute demeure compte tenu de différences assez flagrantes) basée sur le même scan (restauration 2K) mais qui corrige bon nombre des défauts de l'édition précédente, comme en atteste le comparatif ci-dessous.

Blu-ray Gaumont (2022) vs. Blu-ray LCJ (2017) : 1 2 3 4 

Outre une cadence restaurée à 24 images par seconde, l'encodage 1080p permet de retrouver une texture argentique plus naturelle, et le comparatif permet de mesure, sinon l'absence totale, en tout cas la parcimonie dans l'usage de filtres quelconques concernant le grain. Là encore, on perçoit dans les différences entre les deux éditions une meilleure gestion de la luminosité : si l'image paraît plus sombre globalement, cela évite de "cramer" les blancs et contribue à offrir un rendu extrêmement homogène, qui préserve une définition convenable et un niveau de détails assez fin. La copie est propre, stable, et le rendu chromatique dynamique comme il faut...

Son

L'unique piste sonore, mixage DTS-HD Master Audio 2.0, est propre et ne manque ni de clarté ni d'équilibre ni de dynamisme. Pas de défauts significatifs à signaler. 

Suppléments

A cause d'un assassinat (37' - HD) est une analyse critique d'I... comme Icare, notamment à travers l'influence du cinéma américain, menée tambour battant par Jean-Baptiste Thoret, qui opère ici dans un domaine d'expertise notoire. Il évoque tout d'abord la volonté de filmer Cergy-Pontoise comme un "endroit imaginaire passe-partout", très "imprégné par les Etats-Unis". Il mentionne ensuite la cohérence du "diptyque" que constituent I... comme Icare et Mille milliards de dollars, films motivés par le manque de reconnaissance critique subi par Henri Verneuil, qui voulait alors prouver qu'il n'était pas qu'un professionnel accompli mais qu'il pouvait développer un point de vue d'auteur - selon Thoret, le fantôme du Costa-Gavras de Z ou d'Etat de siège plane cependant sur le film.

Thoret identifie ensuite plusieurs sources essentielles dans la genèse du film : l'assassinat de JFK (qu'il développe abondamment, sa maîtrise du sujet n'est plus à vanter), le film de conspiration des années 70 et notamment The Parallax View d'Alan Pakula, qualifié de "film-matrice", le contexte géopolitique (et notamment les changements de régime en Amérique Centrale), etc... Il émet ensuite quelques réserves sur l'articulation entre ces différentes sources, et notamment entre la partie "complot" et la partie "banalité du mal", se demandant notamment en quoi la longue partie centrale consacrée à l'expérience de Milgram fait réellement "avancer le schmiblick" dans l'enquête. Selon lui, l'accusation trop large ne vise plus rien, se limitant à un sommaire "on nous ment", le film souffrant selon lui d'une sorte de "contresens structurel". Malgré cela, le film traduit selon lui assez bien cette "humeur générale de désenchantement et de gueule de bois à la fin des années 70 dans le monde occidental".


Dans La Banalité du mal (24'20'' - HD), Laurent Bègue, professeur de psychologie sociale à l'Université de Grenoble, revient en détail sur l'expérience de Stanley Milgram, avec un descriptif précis du protocole des expériences telles qu'elles furent menées à Yale dans les années 60. Il détaille également le lien entre la soumission à l'autorité telle qu'il l'observa et les travaux contemporains d'Hannah Arendt sur la "banalité du mal", en lien avec le procès Eichmann. Laurent Bègue qualifie I... comme Icare de "très bonne translation cinématographique", même s'il revient sur quelques points de détail statistiques ou sur la question de la "légitimité" d'une autorité, évoquée dans le film mais peu développée par Milgram. 

Monsieur Caméra (18 minutes - HD) est un entretien avec Didier Decoin, écrivain lauréat du Prix Goncourt en 1977 et scénariste d'I... Icare. Celui qui est également le fils du cinéaste Henri Decoin ne tarit évidemment pas d'éloges sur le "Monsieur Cinéma" du titre, en l'occurrence Henri Verneuil, qu'il qualifie d' "immense réalisateur" et de "cinéaste génial quand il s'agit de se concentrer sur l'atmosphère". Avec un enthousiasme réel mais une prise de parole parfois décousue, Decoin raconte les modalités de sa collaboration avec Verneuil, qui l'incitait à réécrire même quand le scénario était fini, et sur leur volonté initiale de se concentrer sur l'expérience de Milgram. On y apprend qu'Henry Kissinger contribua au film, en tant que "conseiller technique" non-officiel.

En savoir plus

anTaille du Disque : 41 761 765 376 bytes
Taille du Film : 31 361 875 968 bytes
Durée : 2:08:08.000
Total Bitrate: 32,63 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29991 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 16-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 16-bit)
Subtitle: French, English

Par Antoine Royer - le 11 août 2022