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Test blu-ray
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Héros ou salopards

BLU-RAY - Région B
Rimini Editions
Parution : 11 août 2022

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L'un des plus grands films de l'histoire du cinéma australien était, à ce jour, inédit sous support numérique en France, voilà un tort enfin corrigé par le biais de cette édition Combo Blu-ray + DVD + Livret.

Comme souvent, des cousins d'autres continents avaient toutefois déjà dégainé leurs éditions, parfois depuis bien longtemps, ce qui donne des points de comparaison. A noter toutefois que si certaines de ces éditions étaient "zone free" (pas toutes), cette édition est la première à proposer des sous-titres français (voire une version française, on en reparle plus bas).

La toute première édition (USA - Image Entertainement) date déjà de 2008, et a depuis largement été supplantée. Notamment par l'édition américaine de Criterion, qui date de 2015, et qui représente à ce jour encore l'édition de référence. Enfin, en 2021, Umbrella Entertainment a sorti le film dans sa collection Sunburnt Screens (en #5), pour un résultat assez sensiblement plus faible que l'édition Criterion. Pour tout vous dire, hormis pour l'édition Criterion (qui précise dans son livret qu'elle se repose sur une restauration 4K réalisée à Modern VideoFilm), nous ignorons les sources exactes de ces différentes éditions, et nous pouvons donc seulement nous contenter d'hypothèses sur la foi de comparatifs sur captures. Pour résumer sommairement, si l'excellence de l'édition Criterion n'est pas atteinte (probablement à cause d'un master de qualité moindre), cette édition Rimini n'a pas à rougir face à son homologue australienne.

Le point le plus flagrant, lors du comparatif, reste celui de la définition, et à ce titre, l'édition Rimini se place en position intermédiaire : si elle n'atteint pas le piqué ou la finesse de l'édition Criterion, elle semble beaucoup plus précise que l'édition Umbrella, qui offrait parfois des arrière-plans un peu baveux et des détails peu lisibles. L'édition française s'avère également un peu plus contrastée, avec une meilleure gestion des zones sombres, mais le rendu parfois trop lumineux, le fourmillement assez artificiel dans des zones unies (typiquement, les cieux) ou des contours très marqués, entre autres choses, laissent présumer de l'utilisation (plutôt discrète : pas de dégrainage massif !) d'outils de correction numérique. La copie est globalement très propre, et le rendu chromatique plaisant.

Son

Deux pistes sont proposées : version originale et version française d'époque.

L'éditeur a eu l'élégance de nous transmettre un message préparatoire, indiquant que "la version française présentait un défaut technique", sous la forme "d'un ronflement permanent" qui n'a pas pu être corrigé. Il précise que "n'ayant pas pu localiser d'autre source", il a "longtemps hésité avant d'intégrer cette piste audio à son édition". Evidemment, une fois prévenu, nous n'avons entendu que le ronflement en question, auquel nous n'aurions peut-être pas prêté plus d'attention... Autrement dit, il existe, mais il ne nuit que modestement au visionnage du film. A noter l'insertion d'une séquence en VOST (car elle ne figurait pas dans la version d'exploitation française, donc n'a jamais été doublée).

Ceci étant précisé, on privilégiera une nouvelle fois la version originale : outre le plaisir des accents divers (anglais, australien, et même australien à l'anglaise dans le cas d'Edward Woodward, interprète de Morant), elle s'avère surtout bien plus claire et homogène, avec un  rendu dynamique et équilibré des différents niveaux sonores.  

Suppléments

Sur le disque, deux suppléments inédits produits par Rimini films :

London Holiday (18'15'' - HD) est un entretien tourné en juin 2022 avec Bruce Beresford, octogénaire d'une belle vitalité. Celui-ci rappelle les faits réels ayant inspiré son film, et le fait qu'il ait tout de suite senti que le film, par-delà le contexte spécifique, touchait à une "thématique universelle : la façon dont la guerre affecte la personnalité des gens". On apprend également qu'à titre personnel, l'histoire de Breaker Morant lui était familière, puisque ses parents vivaient à proximité d'une ferme où le personnage historique avait vécu.

Bruce Beresford rappelle que des livres et une pièce de théâtre existaient déjà sur le sujet, mais de la pièce, qu'il juge "pas très bonne" (voir deuxième supplément), il n'a gardé que la structure en flashbacks, sachant que l'idée de centrer le récit sur la cour martiale lui était aussi imposée par des contraintes budgétaires. S'il est crédité au générique avec deux autres co-scénaristes (Jonathan Hardy et David Stevens), ceux-ci avaient en réalité travaillé sur un projet antérieur, et c'est ainsi Beresford lui-même qui a écrit seul le scénario de Breaker Morant. Selon lui, l'avantage de procéder ainsi est qu'à l'écriture, il anticipe déjà ce qu'il va être capable de tourner ou pas.

Bruce Beresford évoque également des choix de casting (Edward Woodward, comédien anglais connu pour la série télévisée Callan, très populaire en Australie), de tournage (il fallait un endroit qui puisse ressembler à l'Afrique du Sud, et ce fut l'ancienne ville minière de Burra, à 160 km au nord d'Adélaïde environ) ou le concours de circonstances assez improbable qui vit son film sélectionné pour le festival de Cannes 1980). Enfin, interrogé sur sa carrière de cinéaste et sur sa façon de travailler, Bruce Beresford clame son admiration pour William Wyler, la découverte par exemple de Les plus belles années de notre vie ayant été un jalon décisif dans sa vocation.

I  remember (25'40'' - HD), tourné en mai 2022, voit le comédien Bryan Brown (interprète de Peter Handcock) revenir sur ses souvenirs du tournage. Il commence par préciser que la Guerre des Boers n'était pas spécialement un épisode historique connu par les Australiens de sa génération, plutôt considérée comme une guerre des colons anglais. Malgré tout, il avait vu la pièce inspirée par l'histoire d'Harry Morant, qui était "très bonne". 

Bryan Brown, qui avait tourné deux ans plus tôt avec Bruce Beresford dans L'Attaque du fourgon blindé (Money Movers), raconte la manière dont il a d'abord auditionné pour le rôle de l'avocat Thomas, mais comment, après l'arrivée de Jack Thompson (comédien plus connu à l'époque) et le désistement du comédien choisi pour Handcock, le rôle lui avait échu. Il parle également de la moustache qu'il a dû se laisser pousser pour le tournage, qu'il qualifie de "worst moustache of the movie", et revient sur le tournage de la séquence finale, celle qui a lu plus durablement imprimé sa mémoire.

Le comédien évoque aussi ce moment particulier, cette "période exaltante", au tournant des années 70-80, de l'histoire du cinéma, avec un grand nombre de films importants sortis quasi-simultanément, et comment ces films auront contribué à l'envol des carrières, notamment américaines, des artistes concernés.

Pour les suppléments figurant sur le disque, mentionnons également une bande-annonce originale (3'15'')

Dans le boîtier se trouve aussi un livret de 24 pages, rédigé par Stéphane Chevalier. Assez abondamment illustré, le livret est partagé en cinq brefs chapitres, consacré à une biographie d'Edwin Henry Murrant, alias Harry "Breaker" Morant ; à un rappel du contexte historique de la Guerre des Boers ; à la production du film ; à la carrière de Bruce Beresford ; et à la réception et postérité du film. S'il est parfois redondant avec les entretiens évoqués ci-dessus, ce livret a le mérite de les compléter et de les préciser le cas échéant, avec un style sans afféteries mais pédagogue.

En savoir plus

Taille du Disque : 39 962 212 352 bytes
Taille du Film : 27 478 972 416 bytes
Durée : 1:47:16.000
Total Bitrate: 34,15 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Subtitle: French

Par Antoine Royer - le 22 août 2022