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Test blu-ray
Image de la jaquette

Gun Crazy

BLU-RAY - Région B
Wild Side
Parution : 4 décembre 2013

Image

L'éditeur indépendant Wild Side propose en cette fin d'année 2013 le premier Blu-ray au monde du chef-d'oeuvre de Joseph H. Lewis. Gun Crazy était jusqu'ici inédit en DVD en France, alors qu'il existe une édition zone 1 sortie par Warner en 2004. La qualité de ce DVD était assez satisfaisante, on pouvait imaginer que Wild Side utiliserait le même master pour son édition française. Il n'en est rien, car il semblerait que Warner ait depuis refait un master avec un travail complémentaire de restauration. C'est ce nouveau master que Wild Side utilise pour sa luxueuse édition Blu-ray / DVD + livre. Autre indice, le film est disponible en DCP pour exploitation dans les salles de cinéma équipées d'un projecteur numérique, un master datant de 2004 obtient rarement ce privilège. Ce nouveau master offre un splendide noir et blanc, très pur. C'est-à-dire vierge de tout artefact vidéo, et nous ne rappelons jamais assez que le grain n'est pas un artefact vidéo mais une composante essentielle de l'image cinéma. Sur ce Blu-ray, le grain est intact, plus fin et mieux défini que sur le DVD Warner. Les éléments film sont mieux restaurés, de nombreux points blancs ont été nettoyés et les rayures atténuées. On constate également un supplément d'image sur les côtés, le Blu-ray proposant l'image au format 1.37, plus large que le 1.33 du DVD. La compression est correcte, y compris dans la scène finale du marais, la brume ayant une certaine propension à embrouiller les codecs de compression. L'utilisation d'un Blu-ray simple couche devient anecdotique pour un film de cette durée.

Son

La version originale est évidemment à privilégier, surtout pour la scène du hold-up, caractéristique des nouvelles méthodes de prise de son recherchant avant tout le réalisme. Pour le reste, la musique envoûtante de Victor Young occupe bien l'espace sonore et les dialogues sont clairs. La VF d'époque laisse perplexe, tellement on a l'impression que les acteurs parlent avec une pince à linge sur leur appendice nasal, ce n'est pas très sexy alors que Russ Tamblyn dans les suppléments nous informe que Peggy Cummins avait une voix qui invitait au lit...

Suppléments

Peggy Cummins à bout portant (22 min - SD)
C'est en janvier 2013 qu'Eddie Muller fit venir d'Angleterre Peggy Cummins à l'occasion du traditionnel Festival du Film Noir de San Fransisco. Ce document de 22 minutes nous propose de revivre cette émouvante rencontre entre l'actrice mythique de Gun Crazy et son public.

Russ Tamblyn, enfant de la balle (27 min - HD)
Riche idée que d'être allé retrouver le comédien bondissant de West Side Story. Acteur enfant, interprète du jeune Bart Tare à 14 ans dans Gun Crazy, Russ Tamblyn évoque sa carrière qui commença en 1948 avec Le Garçon aux cheveux verts de Joseph Losey, en passant par Samson et Dalila de Cecil B. DeMille, jusqu'aux cameos chez Tarantino et dans Drive. Tamblyn évoque aussi avec humour la censure qui obligea à remanier le film et ses relations amicales avec Joseph H Lewis.


Analyse de scènes par Joseph H Lewis
Le hold-up (2 min 22 - SD) : le célèbre plan séquence du hold-up commenté par Joseph H. Lewis
La rencontre (54 s - SD) : le réalisateur explique la relation entre ses deux personnages.

Le livre de Eddie Muller, Gun Crazy, un film de Joseph H. Lewis ?
Eddie Muller est un écrivain américain spécialiste du film noir, président fondateur du Film Noir Foundation à San Francisco. Il est l'auteur de cet imposant ouvrage (220 pages) traduit de l'américain par Philippe Garnier, qui accompagne cette édition de Gun Crazy. Le titre de l'ouvrage interpelle - Un film de Joseph H. Lewis ? - mais Eddie Muller ne cherche pas à remettre en doute la paternité du film. Joseph H Lewis en est bien le réalisateur, simplement son colossal travail de recherche le pousserait à en faire une oeuvre collective. Celle de l'auteur de la nouvelle, MacKinley Kantor, auteur du scénario et premier réalisateur pressenti avant de se faire virer par les frères King (les producteurs), celle de Dalton Trumbo qui réécrit le script sans être crédité puisqu'il était déja black-listé au moment ou les frères King font appel à lui, celle des deux comédiens Peggy Cummings et John Dall qui improvisèrent les dialogues de nombreuses scènes dont celle du hold-up, celle de la PCA, organe de censure qui imposa la réécriture de nombreuses scènes. Cet ouvrage, écrit dans un style familier, pose beaucoup de questions et y répond avec force, en produisant un nombre incroyable de documents. Ecrit comme un roman, il nous plonge dans l'histoire de Gun Crazy et l'on en sort comme Eddie Muller, passionné par ce film.

Par Jean-Marc Oudry - le 4 décembre 2013