Enquête sur une passion

Potemkine reprend le master ITV sorti en Angleterre en début d'année, chez Network. C'est une restauration un peu datée qui souffre des contraintes techniques de l'époque : piqué et détail restent limités, mais d'une manière toutefois encore appréciable (surtout dans les gros plans). Car l'impression générale mérite d'être tempérée quand on se rend compte de la douceur assumée de la photographie d'origine. Anthony B. Richmond a en effet utilisé en (quasi) permanence des filtres diffuseurs, créant de multiples contours autour des silhouettes et des zones claires, et affaiblissant par la même occasion le niveau de détail. Le choix des optiques utilisées au tournage n'est pas non plus négligeable lorsqu'on observe les zones de netteté de certains plans, parfois extrêmement réduites (le plan - visible dans notre galerie - où le point est fait sur les yeux d'Art Garfunkel mais où sa bouche est déjà dans le flou, un exemple extrême). On remarque très souvent ce genre d'aberrations optiques, des dégradés de flou, souvent en périphérie du cadre mais pas seulement. Il faut également compter les quelques erreurs de mise au point au moment de la prise de vue, pénalisant un peu plus encore la netteté de l'ensemble. Le grain est en tout cas respecté, offrant une texture argentique bienvenue, soutenue par un taux de compression très appréciable. La copie utilisée est de qualité correcte, avec une colorimétrie aux tons désaturés qui reste cohérente, et des contrastes parfois un peu faibles. L'image, globalement stable, présentant toutefois quelques défauts comme des apparitions de lignes verticales ou, plus grave, un changement brutal d'étalonnage à la fin d'une scène (à 31 min 22 s) qui n'est sans doute pas intentionnel. 

Il n'a été fourni à l'éditeur qu'une unique piste Anglaise, le film étant pourtant sorti en France. Le mono d'origine est ici très clair, dénué d'imperfections (souffles, saturations ou dégradations). L'équilibre est bien respecté entre les dialogues et les sons d'ambiance.

Comme dans le cas des deux autres disques du coffret consacré par Potemkine à Nicolas Roeg en octobre 2015, l’éditeur n’accompagne Enquête sur un passion que d’un seul supplément : une intervention de Jean-Baptiste Thoret d’une vingtaine de minutes (en 1080i).

Le propos du critique est d’une grande qualité. Après une introduction resituant le film dans l’œuvre de Nicolas Roeg – Jean-Baptiste Thoret voit dans Enquête sur un passion l’apogée de l’âge d’or du cinéaste, entamé avec Performance –, le commentaire évoque la genèse d’une œuvre trouvant son origine dans un scénario soumis par le producteur Carlo Ponti à Nicolas Roeg. Ce dernier, séduit par l’idée générale du script – le récit de l’échec d’une passion amoureuse –, le fit cependant réécrire par Yale Udoff tout en intervenant largement dans ce processus de rewriting. Éclairant, ce rappel permet de comprendre pourquoi cette Enquête sur un passion s’avère aussi éminemment roegienne. Offrant ensuite quelques aperçus bienvenus sur les grands traits de la narration cinématographique selon Nicolas Roeg – absence de linéarité chronologique, recherche avant-gardiste d’effets visuels et sensoriels –, Jean-Baptiste Thoret en vient enfin à une lecture thématique du film avant tout centrée sur le couple formé par Alex et Milena, ses deux protagonistes. Fondées sur une analyse souvent pointue de scènes ou de séquences, les explications de Jean-Baptiste Thoret sont des plus stimulantes. On s’étonnera cependant (un peu…) que le personnage de l’inspecteur Netusil soit absent des considérations du critique. Remarque finale qui n’enlève pourtant rien à l’intérêt indéniable de cet excellent bonus proposé par Potemkine.

Rappelons, enfin, que comme en ce qui concerne Ne vous retournez pas et L’Homme qui venait d’ailleurs, les admirateurs et admiratrices anglophones de Nicolas Roeg pourront compléter ce disque français par celui publié en zone 1 par Criterion. Le DVD que l’éditeur étasunien en propose inclut en effet, dans les suppléments, des entretiens avec Nicolas Roeg, la comédienne Theresa Russell ainsi que le producteur Jeremy Thomas. On y retrouve aussi des scènes coupées ainsi que des photos de tournage et des reproductions d’affiches. Pour ceux qui seraient dépourvus de lecteur dézoné, le Blu-ray d'Enquête sur un passion édité au Royaume-Uni par Network reprend quelques-uns de ces bonus : l’entretien avec Jeremy Thomas ainsi que les scènes n’apparaissant pas dans le montage final. On ne doute donc pas que les roegiens et roegiennes complétistes doubleront leur achat de la très recommandable édition hexagonale d’Enquête sur un passion de l’un ou l’autre des disques anglo-saxons de Bad Timing…

On trouvera enfin dans les crédits du disque les noms des 123 contributeurs ayant participé au montage financier des éditions Blu-rays de Ne vous retournez pas et Enquête sur une passion, via un site de financement participatif.

Taille du Disque : 36 151 281 041 bytes
Taille du Film : 30 752 882 688 bytes
Durée : 2:02:08.362
Total Bitrate: 33,57 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29998 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1840 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 21,148 kbps