Test blu-ray
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Du rouge pour un truand

BLU-RAY - Région B
Carlotta Films
Parution : 16 mai 2023

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Carlotta Films poursuit son exploration du cinéma indépendant de Roger Corman et retrouve avec Du Rouge pour un truand le réalisateur Lewis Teague, dans un tout autre style après Cujo et L'Incroyable Alligator. La restauration est reprise du Blu-ray sorti aux Etats-Unis en 2021 chez Shout ! Factory. Le rendu, ressemblant au moins à un scan 2K, est très convaincant grâce à une patine photochimique agréablement respectée et un grain fin, souvent abondant, parfaitement géré par l'encodage. La précision est de mise avec un niveau de détail poussé et un trait assez aiguisé, à quelques petites douceurs près (mises au point légèrement manquées, plans truqués plus épais). Les contrastes sont équilibrés et l'étalonnage parvient régulièrement à marier des tonalités photochimiques naturelles avec quelques concessions un peu plus modernes, et notamment des carnations magenta un peu régulières. On remarquera sans peine une saturation un peu plus poussée qu'à l'habitude qui fait davantage ressortir les rouges sans pour autant déséquilibrer la palette, mais avec quelques colorations de visages tout de même un brin exagérées. Une belle présentation pour une jolie découverte.

Son

Du rouge pour un truand n'est proposé qu'en version originale sous-titrée (mais avait-il au moins été doublé pour sa sortie en France en 1983 ?). Le mixage mono bénéficie d'un rendu assez correct dont on notera l'absence notable de graves, sauf lors de quelques passages musicaux. L'ensemble est très détaillé, avec une bonne présence des voix et des ambiances équilibrées. Pas de traces d'usure marquées, pas de souffle envahissant.

Suppléments

A l'exception de la bande-annonce (2 mn 19 s - SD upscalé HD - VOSTF), Carlotta ne reprend pas les deux commentaires audio du Blu-ray américain. L'éditeur propose cependant deux suppléments inédits spécialement produits pour l'occasion :

En plein dans le mille (19 min - HD - VOSTF)
Le réalisateur Lewis Teague raconte ses années passées à New World Pictures, l'écurie de Roger Corman qui donna sa chance à "une bande de jeunes pleins de talent et d’ambition". Il estime lui aussi avec eu beaucoup de chance d’apprendre le métier dans cette école de l’efficacité où l'on savait boucler un tournage dans un budget limité, et raconte comment, après un petit mensonge, il put intégrer l’équipe en s’occupant d’un montage pour Monte Hellman. Il évoque Du rouge pour un tueur, l’un de ses films préférés, "version féministe de l’histoire de Dillinger" et "un sacré bon scénario", avouant avoir été obligé de payer avec son cachet de réalisateur une amende au Syndicat qui ne voulait pas le laisser travailler. Il revient sur le tournage du film, sa forme inspirée par le naturalisme de la Nouvelle Vague européenne, et l’aide précieuse de son directeur de la photographie français, ancien assistant de Claude Lelouch. Ravi de son casting, il se souvient du travail de Louise Fletcher, surprise du faible nombre de prises (pour l’économie), ou de Robert Forster qui ne fut pas payé car il pensait que sa carrière aller décoller avec Le Trou noir, qu’il venait de tourner (et qui fut un échec au box-office). Il revient enfin sur sa collaboration avec James Horner, dont c’était le premier score pour l’écran, évoquant notamment les morceaux joués au piano qui répondaient à des scènes du film. Sympathique et très intéressant.


Gagner la partie (19 min - HD)
Grand fan du cinéma d'exploitation des années 70, on le sait, Quentin Tarantino voue notamment une grande admiration pour Du rouge pour un truand, "un miracle [...] extrêmement divertissant" à propos duquel il écrivit un article élogieux fin 2021, dans le n°780 des Cahiers du Cinéma. Ce module est une version illustrée de cette déclaration d'amour à la plus ambitieuse production de Roger Corman, même s’il ne peut s’empêcher de regretter que ce "classique à petit budget de son époque" n’ait pas bénéficié d’une "plus grande ampleur". Il évoque "le meilleur scénario jamais écrit par Sayles" (son penchant à la provocation ne résiste pas à un "bien meilleur qu’Il était une fois en Amérique de Leone"), pensé comme un film de Howard Hawks mais filmé comme un Louis Malle (La Petite). Du rouge pour un truand reprend "les archétypes féminins de la Grande Dépression" et tous les genres cinématographiques des années 30, dans un "voyage épique" qui montre le rêve américain "hors de portée" de la classe ouvrière mais propose surtout "l’un des meilleurs rôles féminins de la deuxième moitié des années 70". Alternant "petits triomphes" et "impressionnantes démonstrations de force", l'héroïne vise toujours la victoire et ne se pose jamais en victime malgré une pléiade de harceleurs, magnifiquement incarnée par Pamela Sue Martin, l’interprète que son personnage méritait. Tarantino ne se focalise pas sur Dillinger et "le dur à cuire miniature" Robert Conrad, préférant se souvenir de Robert Forster, choisi pour son Jackie Brown grâce à Alligator (écrit par Sayles) dont les personnages pourraient être les mêmes, à quelques années d'écart...

En savoir plus

Taille du Disque : 36 062 803 710 bytes
Taille du Film : 26 438 237 760 bytes
Durée : 1:33:17.383
Total Bitrate: 37,79 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,87 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34875 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1098 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 21,248 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 13 juillet 2023