Test blu-ray
Image de la jaquette

Daniel

BLU-RAY - Région B
Spectrum Films
Parution : 14 octobre 2023

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Spécialisé dans les films en provenance d'Asie, l'éditeur Spectrum Films a lancé en 2022 une "Section parallèle" qui lui permet de s'ouvrir à d'autres cinémas. Le méconnu Daniel rejoint cette collection balbutiante, prometteuse comme ici de jolies raretés. Car on ne se plaindra pas de voir arriver pour la première fois en vidéo en France ce nouvel opus du grand Sidney Lumet, même si les conditions de visionnage restent imparfaites. Film oublié et peu soigné par son ayant droit (Paramount), Daniel bénéficie d'un master HD ancien, à la qualité modeste, sans doute produit pour alimenter les chaînes de télévision. La patine est extrêmement douce, le niveau de détail est très retenu. La photographie originellement ouatée n'a pas arrangé les choses, même si les gros plans semblent (un peu) mieux s'en sortir. Notez que l'éditeur a fait l'effort de quelques ajustements supplémentaires par rapport à la copie américaine, en redonnant au film son ratio d'origine (1.85) et surtout en nettoyant profondément les images, désormais immaculées. Le grain reste très épais et plutôt discret, voire même parfois lissé. Spectrum a sans doute obtenu la restauration d'origine, différente du Blu-ray américain édité par Olive Films en 2015 pour laquelle on remarquait une retouche colorimétrique assez nette... et sans doute trop accentuée. On peut s'en rendre compte avec plusieurs extraits inclus dans le supplément "Lumet par la gauche", à partir duquel nous avons fait ce mini comparatif qui ne vaut que pour la différence de couleur (le format d'image a été tronqué sur le bonus, qui ne doit donc pas être pris pour référence).



Blu-ray Olive Films (US) vs. Blu-ray Spectrum Films (FR)

La palette du disque français est beaucoup plus neutre et mesurée mais aussi plus naturelle, malgré un aspect magenta peu discret. On note des tonalités douces et parfois des pointes de saturation plus ou moins artificielles ou criardes. Quelques raccords aux noirs très bleutés semblent suspects. Les contrastes restent assez légers et auraient mérité un petit réajustement.

Son

Daniel est uniquement proposé en version originale sous-titrée (le film serait-il sorti en France sans avoir été doublé ?). La qualité de la piste sonore est honorable mais reste largement améliorable elle aussi. L'ouverture sonore est palpable, il y a un peu de détail, mais cela reste modéré par la présence intrusive d'un souffle peu discret et de sifflantes assez marquées. Les voix restent heureusement claires, avec malgré tout une bonne présence. On notera un spectre un peu avare en basses fréquences, une caractéristique visiblement d'origine puisque la chanson finale réveille enfin les graves.

Suppléments

Daniel est présenté en Blu-ray et DVD, dans un boitier Amaray avec fourreau. Spectrum Films a fait un bel effort sur le visuel, réussi, mais aussi sur les suppléments :

Lumet & Hutton (15 min - SD upscalé - VOSTF)
Issu des archives de la journaliste Bobbie Wygant, un court entretien mené à Dallas pour la promotion du film. Le réalisateur Sidney Lumet explique que Daniel ne raconte pas l'histoire des époux Rosenberg, mais qu'il se base sur le même point de départ. Il évoque la frilosité d'Hollywood à traiter de la mort, précisant qu'il a mis 12 ans pour concrétiser le film, et résume succinctement les raisons qui le poussent à se lancer dans un projet. Il raconte comment Timothy Hutton a été choisi, malgré une première impression négative. Le jeune acteur avoue avoir été marqué par le parcours de son personnage, et a pris plaisir à jouer avec une troupe pour la première fois. Il avance dans sa carrière sans ressentir la pression de son Oscar, obtenu pour Des gens comme les autres...

Avant le film : introduction de Jean-Baptiste Thoret (20 min - HD)
Le fameux historien, critique et réalisateur, spécialiste du cinéma américain des années 70, revient sur la filmographie prolifique de Sidney Lumet, dont le nom est curieusement resté moins célèbre que ses films. Après son âge d'or dans les années 70, Lumet entame selon lui des films "avec une forme d'intelligence supérieure" durant la décennie suivante. Il utilise notamment un casting "moins spontanément charismatique" que pour ses chefs-d'oeuvre passés afin de mettre le spectateur à contribution et lui faciliter sa "capacité de penser". Daniel est "une anomalie" dans le cinéma américain de cette époque reaganienne et patriotique, "à contre-courant" des envies du public. Il détourne aussi les attentes du film dossier dont Lumet s'était fait l'un des grands noms, lui qui s'intéresse à partir de ce film aux rapports entre les générations, comme le montrent les nombreux points communs avec A bout de course, le "film jumeau" qu'il réalisera en 1988. Daniel observe l'impact des luttes sur la génération d'après, "le rapport au fardeau" sur les enfants, opposant les époques au début du film dans deux styles visuels distincts (avec une forte inspiration du Parrain 2) avant qu'une esthétique commune finisse par les joindre. Jean-Baptiste Thoret évoque enfin la judéité inscrite dans le film pour marquer la "confusion volontaire" entre anticommunisme et antisémitisme dans les années 50. Un supplément forcément très intéressant.

Lumet par la gauche (35 min - HD)
Antonin Moreau et Etienne Cadoret, animateurs de l'émission Le Cinéma est mort sur la radio rennaise Canal B,  analysent la façon dont le cinéma américain représente (peu) les mouvements de gauche au cinéma, souvent avec la distance du film historique et toujours avec une trahison prépondérante (trauma du maccarthysme). Ils soulignent la fidélité de Daniel au roman original de E.L. Doctorow, malgré certaines scènes qui n'ont pas été conservées, louant le talent du cinéaste pour traduire en une images un sentiment développé sur dix pages. Ils évoquent la place "primordiale" du film dans le cinéma de Lumet, qui y dépeint le milieu de son enfance, la famille juive new-yorkaise de l'entre-deux guerres, et parce qu'apparaît le thème récurrent de l'"hérédité problématique", avec toujours les questionnements éthiques de plus en plus complexes du héros pour faire le deuil d'un récit simple du monde, comme un "récit de guérison" avec cette fin "lumineuse" où Daniel accepte enfin le passé. Les deux cinéphiles n'oublient pas le "film jumeau", A bout de course, qui pose les mêmes questionnements mais modifie le point de vue, cette fois avec les parents, et reviennent sur la très grande croyance de Lumet dans les capacités d'intelligence du spectateur, refusant l'identification facile avec un acteur célèbre. Un programme très intéressant et bien mené, dont on notera les redites troublantes avec un certain nombre d'arguments entendus chez Jean-Baptiste Thoret dans le module précédent.

Bande-annonce originale (1 min 17 - HD - VOSTF)

En savoir plus

Taille du Disque : 47 220 418 100 bytes
Taille du Film : 38 200 098 816 bytes
Durée : 2:09:45.416
Total Bitrate: 39,25 Mbps
bitrate Vidéo Moyen : 36,50 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 36507 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 894 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 26,977 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 6 novembre 2023