
coffret Ozu 6 films rares ou inédits
BLU-RAY - Région B
Carlotta Films
Parution : 19 mars 2024
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L'oeuvre d'Ozu continue de faire l'objet de restaurations numériques, notamment à travers le programme renouvelé l'an passé pour fêter les 120 ans de la naissance du cinéaste. De nouveaux titres restaurés sont ainsi venus s'ajouter à ceux, déjà très nombreux, sortis par Carlotta. L'éditeur poursuit aujourd'hui sa longue et belle aventure avec ce réalisateur emblématique, en proposant pas moins de 3 films totalement inédits en France et 3 autres présentés dans des versions ou restaurations inédites. Il faut préciser que la plupart de ces films font partie des oeuvres moins connues du cinéaste, sans doute aussi moins vues et plus rares parce que le matériel à disposition était relativement limité. À l'exception de Dernier caprice, le film de loin le plus récent, aucun négatif n'a pu être utilisé, parce que perdu ou dans un état trop dégradé pour pouvoir être exploité. Les nouveau transferts HD proposés aujourd'hui restent donc encore souvent imparfaits.
Notez que plusieurs de ces restaurations sont sorties en Blu-ray fin 2023 : d'abord en Angleterre (par le British Film Institute, avec un premier coffret de 3 films) puis au Japon (chez Shochiku, en coffret 5 films). On signalera que la restauration 4K de Gosses de Tokyo, sortie en Blu-ray au Japon fin 2023, et en avril 2024 en Angleterre (dans un second coffret, toujours chez BFI), n'est pour l'instant pas encore reprise en vidéo en France, mais peut-être bientôt dans les salles...
Blu-ray 1 : Femmes et voyous
Présenté pour la première fois en France, ce muet inédit d'Ozu a été restauré en 2022 par le laboratoire Imagica Entertainement Media Services pour le studio Shochiku, à partir d’une copie 35mm du négatif original Nitrate, conservée au National Film Archive of Japan. Le rendu est relativement confortable et étonnamment bien conservé par rapport à d'autres films de ce coffret, pourtant plus récents, notamment parce que l'élément photochimique a été plutôt bien conservé, peu soumis à des usures majeures. Il reste encore quelques "rayures peigne" trop complexes à gommer, quelques irrégularités de noirs qui fluctuent encore au sein d'un même plan, mais les désagréments restent vraiment très légers. On peut profiter sereinement du visionnage grâce à une belle copie, à la définition convaincante (quand la mise au point n'est pas trop approximative) et au niveau de détail très honnête. Les images ont été stabilisées, profondément nettoyées, et les contrastes sont dénués de pulsations. On remarquera une densité de contraste assez relâchée, ce qui ne gâche pas une palette de gris plutôt agréable, que les anglais du BFI ont su cependant réajuster sur leur édition Blu-ray. Autre bémol, si l'on veut : le grain reste perceptible mais encore un peu trop discret, une atténuation influençant sans doute la sensation générale de douceur. On notera enfin que le master proposé par Carlotta est plus long d'une vingtaine de minutes par rapport à celui du disque anglais, tout simplement parce que la cadence de défilement est ici plus lente (24 images par seconde pour Carlotta, contre 20 pour le BFI).
Blu-ray 2 : Il était un père
Présenté en SD dans le coffret DVD sorti en 2014 et les coffrets Ozu en 20 films (2019) et Ozu en couleurs (2020), Il était un père est aujourd'hui proposé dans une nouvelle version, presque intégrale, plus longue de près de 7 minutes. Le montage que l'on connaissait jusqu'alors était une version censurée en 1945 par l'occupant américain, qui avait supprimé toutes les allusions à la guerre. Une copie 35mm plus complète du montage d'origine, sorti en 1942, a été retrouvée il y a plus de 25 ans ans, parmi de nombreux films japonais que l'on croyait perdus, dans les stocks du Gosfilmofond, organisme qui gère les archives centrales du cinéma en Russie. Les nouveaux travaux de restauration, effectués en 4K en 2023, ont (enfin) permis d'utiliser cet élément rare et plus complet, conservé au National Film Archive of Japan, complété par le master positif 16mm conservé par la Shochiku, qui avait déjà servi pour la précédente restauration. Cette reconstitution s'est également appuyée sur le script original, conservé à la bibliothèque Shochiku Otani.
Au final, la copie 35mm était dans un état trop dégradé pour être utilisée sur la longueur : elle n'a servi qu'en complément du master 16mm, parfois avec des raccords dans un même plan. L'amélioration par rapport au précédent transfert est cependant notable sur plusieurs points importants : la stabilité des cadres et les pulsations de luminosité, désormais mieux équilibrés, apportent un sacré gain de confort au visionnage. Mais la qualité limitée des sources freine encore considérablement les capacités générales du rendu. Le piqué est amélioré par rapport à la précédente restauration, mais il reste toujours limité, forcément très doux et avec peu de détails, à cause du 16mm. Si la seconde source, retrouvée en Russie, permet quelques petits sursauts de définition lors des passages réintégrés, il faut préciser qu'elle n'est pas revenue sans dommages : elle se distingue par des traces d'usure marquées, sous forme d'abondantes "rayures peigne" que la restauration numérique n'a pu gommer entièrement. L'élément 16mm a, lui, été plutôt bien nettoyé, on a essayé d'atténuer de nombreuses griffures dont les traces restent encore perceptibles, l'atténuation affaiblissant les textures sur certains plans. Côté étalonnage, les images sont plus lumineuses que sur le précédent master, avec certes une meilleure dynamique entre les hautes et les basses lumières mais aussi une clarté qui peut parfois accentuer la sensation de surexposition sur certains visages, ou provoquer une perte de détail dans la saturation des blancs. Le grain est un peu mieux restitué cette fois, davantage présent grâce à la source 16mm, d'origine plus granuleuse, ce qui donne à l'image une patine un peu plus organique et cohérente, même si on aurait pu aller encore plus loin.
comparatif Blu-ray Carlotta (2019/2020) vs. Blu-ray Carlotta (2024) :
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Blu-ray 2 : Récit d'un propriétaire
Carlotta upgrade ici Récit d'un propriétaire, jusqu'alors présenté en SD dans le coffret DVD sorti en 2014, ainsi que dans le coffret Ozu couleurs en 2020. Le film a été restauré en 2023 en 4K par Imagica pour la Shochiku, principalement à partir d'un contretype 35mm (copie d'un "marron" sous forme de négatif), un élément de 3e génération. Comme pour Il était un père, la stabilisation des cadres et des pulsations de luminosité améliore déjà sensiblement les conditions de visionnage. Malheureusement, l'utilisation d'un élément de 3e génération ne peut faire énormément de miracles et compenser une définition encore très douce à la base, trahissant les difficultés toujours présentes de la conservation du cinéma japonais qui, si elle s'est largement améliorée par rapport à ce qui nous était proposé il y a encore 20 ans, peut parfois être plus compliquée à gérer avec des titres anciens. Ce contretype a vraisemblablement été complété par au moins 3 sources de générations différentes, aux qualités de piqué forcément hétérogènes. Sur la durée, après un début prometteur, la définition est souvent réduite à une douceur très affirmée, un niveau de détail qui se cherche encore, et une impression de flou qui n'a pas été arrangée par quelques mises au point imparfaites et des aberrations optiques sur certains objectifs (provoquant des flous périphériques sur certains plans). De temps en temps, quelques rares moments épars (mais trop brefs) retrouvent soudain une finesse que l'on n'espérait plus. Enfin, on sent sur ce film, sans doute davantage encore que sur les autres titres du coffret, une limitation volontaire (et un peu incompréhensible) du grain qui tempère nettement la patine argentique.
comparatif Blu-ray Carlotta (2019) vs. Blu-ray Carlotta (2024) :
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Blu-ray 3 : Une Femme dans le vent
Cet Ozu rare et inédit en France a été restauré en 2022 par Imagica pour Shochiku, à partir d'un contretype 35mm. Il n'a pas été trouvé de meilleure source que cet élément de 3e génération, éloigné du négatif et victime de quelques soucis de tirage. Tout cela explique là aussi la patine épaisse voire floue des images qui manquent sérieusement de piqué (faible) et de détail (très faible), même sur les gros plans. Les contrastes sont assez bien gérés, avec des noirs suffisamment denses et équilibrés. L'atténuation très nette du grain n'a pas arrangé les choses, estompant sans doute encore un peu le détail, accentuant l'impression de flou par l'absence de naturel argentique. La copie est stable, immaculée et dénuée de pulsations. C'est déjà ça...
Blu-ray 3 : Les Soeurs Munakata
Édité pour la première fois en France depuis la VHS Arte vidéo, dans les années 90, Les soeurs Munakata a été restauré en 4K par le laboratoire Tokyo Laboratory Ltd. pour la Toho, à partir d'au moins 3 sources différentes dont la meilleure en qualité est un "marron" 35mm (une copie directe du négatif). Les autres éléments sont de générations supérieures, et donc de qualités moindres et très variables, avec des différences parfois notables à quelques secondes d'écart. On notera que ces sources sont parfois sujettes à quelques rares "pulsations de flou" causées par un défaut de fabrication. Les images ont été stabilisées par consolidation photochimique et non par traitement numérique : on sent encore régulièrement quelques tremblements voire des déformations de photogrammes. Le nettoyage numérique a été plutôt efficace pour ôter les salissures et micro-griffures, il persiste essentiellement des rayures verticales, toujours compliquées à gommer. La définition reste assez hétérogène dans l'ensemble, passant du correct (pour le fameux "marron") à un trait franchement doux et plus épais. Une impression de douceur qui perdure de toutes façons tout au long du film, avec des moments plus tempérés que d'autres, notamment une dernière demi-heure mieux stabilisée à cause du "marron", qui nous a semblé majoritairement utilisé. Le niveau de détail va de pair, irrégulier mais souvent palpable quand la source le permet. On remarquera sur l'une d'entre elles, une sorte de très léger filtrage numérique suspect (genre" blur") ayant tendance à estomper le détail autour des zones très claires (chemises, visages, extérieurs à travers les fenêtres). Mis à part ce détail, les contrastes sont assez bien équilibrés, avec des noirs à la densité bien ajustée, détaillés sans être trop laiteux, laissant s'épanouir un beau noir & blanc malgré quelques pulsations de luminosité, heureusement discrètes et peu agressives. Restauration Toho oblige, on change un peu les paramètres concernant la gestion du grain, cette fois plus convaincante : la patine a souvent un aspect organique bien plus palpable, un grain assez fin parfois, même s'il n'est pas non plus homogène sur l'ensemble du film. C'est une restauration forcément inégale mais très recommandable, pour ce très beau film rare.
Blu-ray 4 : Dernier caprice
Restauré en HD à partir d'un scan 2K, dans les coffrets Ozu en 20 films (2019) et Ozu en couleurs (2020), Dernier caprice est le second film de ce coffret restauré pour la Toho. Les travaux ont été effectués en 4K à partir du négatif original, déjà utilisé sur la précédente présentation HD. L'analyse comparative entre les deux masters est très intéressante, car révélatrice d'un phénomène observé depuis longtemps et qui semble s'accentuer sur certains nouveaux transferts 4K. S'il n'y a absolument rien à redire sur la propreté et la stabilité de l'ensemble, la qualité de la définition (impressionnante), légèrement accrue en 4K par rapport au premier master, sur le niveau de contraste relativement similaire et équilibré, ou sur le grain qui a été conservé de manière plutôt légère mais encore bien perceptible, un simple coup d'oeil suffit pour repérer une différence flagrante d'étalonnage. L'ancien master est caractérisé par une sorte de léger voile jaune et des couleurs plus chaudes et saturées, tandis que le nouveau transfert se montre froid, moins coloré, avec des tonalités qui évoluent autour des nuances de rouge et magenta, notamment sur les visages désormais rosés. Deux écoles qui ont chacune leurs adeptes mais n'ont pas la même philosophie : la première (celle avec le voile jaune) respecte davantage la photographie d'origine, ses nuances chaudes typique de la pellicule ; tandis que la seconde choisit de moderniser le rendu, neutralisant le voile jaunâtre, refroidissant et désaturant l'ensemble, rendant parfois la palette comme délavée mais également beaucoup plus réduite en nuances. Si la seconde option pourra satisfaire les amateurs d'images qui correspondent davantage aux standards modernes, on rappelle que ces choix ne correspondent pas à la photographie d'un film tourné dans les années 60.
comparatif Blu-ray Carlotta (2019/2020) vs. Blu-ray Carlotta (2024) :
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Son
Comme pour l'image, la qualité des restaurations sonores des 6 films évolue en fonction du matériel utilisé. La dégradation prononcée des éléments photochimiques survivants a parfois compliqué certains travaux, les pistes optiques ayant pu être retrouvées dans une qualité très affaiblie.
C'est sans doute un peu le cas du son d'Il était un père, restauré à partir de différents tirages 35mm. L'ancien transfert SD proposait ce qu'il faut bien qualifier de bouillie sonore, sans détails marqués, affublés d'un gros écho électronique qui résultait de bidouillages plus ou moins explicables. Grâce aux traitements numériques actuels, le rendu est toujours usé mais plus naturel, les voix sont aujourd'hui bien mieux restituées, plus distinctes, gagnant un peu en graves, avec une meilleure reproduction des sons d'ambiance et de la musique. Le souffle parasite continue d'endommager le signal, il reste encore assez haut en volume mais mieux équilibré, impossible à filtrer davantage sans toucher à la qualité des voix.
Pour compenser les défauts de conservation de la piste sonore d'Une Femme dans le vent, il a été choisi d'atténuer les hautes fréquences du signal. On obtient donc un rendu très couvert et brouillon, qui atténue certes le souffle, l'empêchant d'être trop mis en avant (sans le faire disparaître, on continue de le sentir), sauf que cela affaiblit aussi le niveau de détail et annule presque les arrière-plans d'ambiance. La musique réussit un peu à se frayer un chemin.
Si le rendu de Récit d'un propriétaire est encore un peu couvert, on gagne en clarté et en dynamique (dans les graves). Le spectre semble toutefois un peu déséquilibré, évoluant beaucoup dans les mediums. Par contre la piste a été bien nettoyée, sans craquements. Le souffle reste palpable mais relégué efficacement en arrière-plan. La musique sature légèrement dans les basses.
La partie sonore des Soeurs Munakata est plutôt convaincante. Les soucis d'usure restent limités, tant pour le souffle assez discret que pour le nettoyage général efficace. Le signal est mieux équilibré à défaut d'être parfait, légèrement saturé sur les voix mais très correct concernant les ambiances et la musique.
Les deux derniers films se distinguent nettement et positivement : tout d'abord Dernier caprice, avant-dernier film d'Ozu, tourné dans les années 60, a bénéficié d'une technique sonore élaborée, mais surtout son négatif a été bien conservé. On a pu restituer la piste audio de manière très convaincante. L'ensemble a été nettoyé des craquements, le rendu est fidèle à une bonne prise de son directe, avec un spectre plutôt équilibré, jusque dans les graves. L'autre film bien choyé, côté sonore, est le muet Femmes et voyous, proposé avec un nouvel accompagnement musical signé Maud Nelissen, une création originale enregistrée aux Pays-Bas et jouée pour la première fois en live lors du festival italien Il cinema ritrovato, à Bologne, en 2023. Le rendu est conforme à un enregistrement récent : cristallin, dynamique et équilibré.
Suppléments
Ce nouveau et beau coffret Ozu est proposé sous la forme d'un digipack 4 volets inclus dans un étui rigide, au visuel classieux. Les Blu-rays sont accompagnés d'un livret de 80 pages abondamment et joliment illustré, signé du fidèle Pascal-Alex Vincent, enseignant à l'université Sorbonne Nouvelle, éminent collaborateur de l’éditeur autour du cinéma japonais et auteur de Ozu, une affaire de famille, aux Éditions de la Martinière, fin 2023. Il commence par résumer le parcours d’Ozu au studio Shochiku, de son premier film tourné en 1927 en passant par "sa période la plus réputée" des années 50, sur "l’érosion de la cellule familiale dans le Japon en reconstruction". Le livret aborde chaque film du coffret dans des notules qui contextualisent les projets et racontent les coulisses. Femmes et voyous est ainsi "le film de toutes les audaces", emblématique de l’oeuvre muette d’Ozu, alors "jeune cinéaste cinéphile". Dans Il était un père, "miroir au masculin" du Fils unique, Ozu filme pour la première fois "la mort de face". Récit d’un propriétaire est le dernier "film Kihachi" de la série, avec son "joyeux vagabond maladroit". Une femme dans le vent montre un Ozu marqué par la guerre, qui n'en cache pas les conséquences dans un "monde de la défaite", tableau anxiogène, cruel et violent, comme il l’a rarement fait. Le cinéaste exprime ici une colère à travers Kinuyo Tanaka dans "son personnage éternellement victime des hommes". Les sœurs Munakata permet à Ozu de prendre l’air en tournant pour le studio éphémère Shintoho, "promesse d’un renouveau cinématographique". Il retrouve Hideko Takamine, "la petite fiancée du Japon" qui a grandi sous l’oeil des spectateurs, chez Kinoshita ou Naruse. Enfin Dernier caprice, tourné à la Toho comme "un évènement et une curiosité", mais sans son équipe habituelle, met en scène Ganjiro Nakamura, star du kabuki, "désigné Trésor national vivant en 1968". Pascal-Alex Vincent agrémente ces notules par de précieuses informations sur certains acteurs récurrents de sa filmographie, comme sa collaboration avec le "monument" Kinuyo Tanaka ou son "autre actrice fétiche" Choko Ida, "grande complice" à qui il offrit enfin un premier rôle dans Récit d’un propriétaire...
Blu-ray 1
Ozu x Tanaka (23 min - HD)
Pascal-Alex Vincent revient sur la longue collaboration artistique entre Ozu et l’actrice Kinuyo Tanaka, présente à chaque étape importante de la filmographie du réalisateur. Il résume leurs parcours communs au Studio Shochiku, où ils sont entrés presque simultanément, évoquant notamment Femmes et voyous qui transgressait l’image de Tanaka, "la grande star" du studio, habituellement vue comme une "love interest", ici transformée en femme moderne, habillée à l’occidentale. Un film qui montre également que Ozu était aussi un "cinéaste sous influence" qui filmait "à la manière" de ses idoles américaines, ici dans un grand écart entre l'histoire japonaise et le film de gangster façon Warner. Pascal-Alex Vincent revient également sur la suite de la carrière de l’actrice, "totalement investie dans son métier", le cap du parlant passé avec succès, la parenthèse américaine en 1949, où cet "emblème national" est envoyé en Amérique comme ambassadrice de bonne volonté, la brève traversée du désert qui suivit son retour, ou sa lutte pour devenir réalisatrice, "ce qui ne se [faisait] pas pour une femme" dans un milieu géré par les hommes, mais qu'elle parviendra quand même à atteindre grâce au soutien public de son grand ami Ozu… Un très bon supplément, joliment illustré, qui contextualise ces deux carrières et partage de nouvelles informations sur les films du coffret.
Blu-ray 2
Il était un père est accompagné de deux suppléments produits pour le coffret DVD de 2006, repris dans les coffrets suivants.
Entretien avec Jean-Michel Frodon (14 min - HD avec upscale)
A l'époque directeur de la rédaction des Cahiers du Cinéma, Jean-Michel Frodon évoque les influences du cinéma américain et le malentendu "plutôt occidental" sur la japonéité du cinéma d'Ozu, "le moins japonais des cinéastes" dont il admire "l'ouverture quasiment infinie pour chaque spectateur". Jean-Michel Frodon analyse brièvement Il était un père, relevant surtout des caractéristiques du style d'Ozu, comme la défiance de la péripétie (mise à l'écart par l'ellipse) pour conserver la force de "la trajectoire principale" (la relation père-fils). Il observe également le "vocabulaire" stylistique du cinéaste, comme la hauteur de caméra ou "les plans vides", et comment il se perfectionnera de film en film, en affinant un système de signes complexes.
Rien (17 min - SD avec upscale)
A travers l'analyse d'Il était un père, Jean Douchet revient sur le cinéma d'Ozu, résumé dans ce "rien", cette "pensée du monde" inscrite sur sa tombe. Ozu capte "le réel du vécu affectif" au travers des petits riens du quotidien, sent les présences invisibles, utilise les objets comme des signes (le train comme "passage de la vie"), traduit les rapports entre les personnages par des subtilités de plans, de placements de caméra ou de personnages dans le cadre... Éclairant.
Récit d'un propriétaire est quant à lui accompagné de :
Figures : linges, fumées et poteaux électriques (8 min - SD avec upscale)
Figures : affiches et panneaux (9 min - SD avec upscale)
Figures : mers et rivières (6 min - SD - 4/3)
Figures : trains et voitures (10 min - SD - 4/3)
Compilations thématiques de ces fameux plans fixes utilisés comme transition par Ozu dans ses films.
Blu-ray 3
Dissemblable (26 min - HD)
Retour de Jean-Michel Frodon pour un nouvel entretien, spécialement produit pour cette édition. Le critique contextualise Les Soeur Munakata, tourné peu après son retour de la guerre, à "un moment un peu instable dans la carrière d’Ozu". Il revient sur le "tandem" formé avec son co-scénariste Kogo Noda, qui lui sera fidèle jusqu’à son dernier film, et précise l’origine du récit, paru sous forme de feuilleton dans un grand quotidien. Jean-Michel Frodon présente les principales têtes d’affiche de ce film à l’énorme budget mais aux apparences pourtant très modestes, rappelant le mauvais accueil de Kinuyo Tanaka à son retour des USA, qui passera à la réalisation peu après Les Soeurs Munakata. Il nous apprend que, malgré leur amitié et leur collaboration suivie pendant des décennies, Ozu n’a pas été totalement satisfait du travail de l'actrice. Le journaliste livre ensuite une fine analyse du film qui, comme dans toute la dernière partie de l'œuvre d'Ozu, est "très massivement dédiée aux femmes". Il remarque une histoire avec des personnages d’une même génération et deux sœurs qui ne sont pas du même monde, dont les visions de la société reflètent deux époques, de part et d’autre de la guerre. Les Soeurs Munakata leur ouvre un espace commun pour construire un monde habitable : Ozu développe en douceur une vision originale, transgressive et "formidablement démocratique", montrant un accord de la différence où l’"on n’est pas obligés d’êtres tous pareils". Jean-Michel Frodon observe aussi l’effondrement intérieur du mari qui amène à une violence : c’est le "noyau noir" du film, où transparaît le traumatisme de la défaite. Il relève également le détail de l’amoureux vendeur de meubles occidentaux, comme une espèce d’"agent de contamination" de la société japonaise. Souvent éclairant.
blu-ray 4
Quand la cloche de la jeunesse a sonné (89 min - SD avec upscale - n&b - VOSTF)
Carlotta ajoute au coffret une jolie surprise qui ravira les complétistes : un téléfilm co-écrit par Yasujiro Ozu, diffusé sur la NHK en 1963. Quand la cloche de la jeunesse a sonné est l'équivalent de ce que l'on a appelé en France une "dramatique", un film tourné et diffusé en direct et en studio, dans plusieurs décors, dans lesquels on peut reconnaître plusieurs acteurs fétiches du cinéaste. Précisons que l'image est proposée à partir des meilleurs éléments disponibles, de qualité très modeste. La dramatique a été kinescopée, filmée (en 16mm ou 35mm) à partir d'un écran de télévision de l'époque, puis transféré sur support vidéo il y quelques décennies. Il persiste donc des sauts de signal ou d'images, et un étalonnage précaire, typique d'un rendu d'archive. Mais l'essentiel est là.
Le téléfilm est présenté par Pascal-Alex Vincent (3 min - HD)
Bandes-annonce de la rétrospective 2023 en 2 parties (2min 52s - HD - VOSTF)
En savoir plus
Femmes et voyous
Taille du Disque : 34 358 678 805 bytes
Taille du Film : 29 739 875 904 bytes
Durée : 2:00:44.904
Total Bitrate: 32,84 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,92 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29920 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Japanese / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1335 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 5,654 kbps
Il était un père
Taille du Disque : 49 515 850 012 bytes
Taille du Film : 24 254 622 528 bytes
Durée : 1:33:07.790
Total Bitrate: 34,73 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 31,94 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 31941 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Japanese / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1080 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 24,583 kbps
Récit d'un propriétaire
Taille du Disque : 49 515 850 012 bytes
Taille du Film : 20 274 859 392 bytes
Durée : 1:11:26.615
Total Bitrate: 37,84 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,92 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34922 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Japanese / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1065 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 26,094 kbps
Une femme dans le vent
Taille du Disque : 49 730 183 142 bytes
Taille du Film : 19 131 092 160 bytes
Durée : 1:23:40.306
Total Bitrate: 30,49 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 27,96 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 27965 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Japanese / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1028 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 17,509 kbps
Les soeurs Munakata
Taille du Disque : 49 730 183 142 bytes
Taille du Film : 28 212 839 808 bytes
Durée : 1:52:05.760
Total Bitrate: 33,56 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 30,94 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 30947 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Japanese / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1015 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 22,005 kbps
Dernier Caprice
Taille du Disque : 39 271 170 321 bytes
Taille du Film : 29 084 710 272 bytes
Durée : 1:42:54.418
Total Bitrate: 37,68 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,86 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34864 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Japanese / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1027 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 22,219 kbps