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Les Nerfs à vif

Aujourd'hui sortent en salle chez Théâtre du temple les deux versions des Nerfs à vif : celle de 1962 signée J. Lee Thompson et le remake de 1991 réalisé par Martin Scorsese actuellement à l'honneur à La Cinémathèque française au travers d'une belle exposition et d'une rétrospective.

Si la première version de l'histoire conserve toujours une certaine efficacité - tout comme elle conserve par ailleurs de nombreux défenseurs qui ne jurent que par cette dernière - la deuxième approche est aujourd'hui parvenue à éclipser son modèle malgré le charisme de Robert Mitchum. Car si l'on pouvait se demander en 1991 que venait faire Martin Scorsese dans cette galère (au sens figuré comme au propre, avec un tournage assez compliqué de la dernière séquence du bateau sur une rivière déchaînée), force est de reconnaître que le cinéaste s'est complètement accaparé le sujet avec le soutien actif d'un Robert De Niro cabotin et totalement habité par son personnage - l'acteur est d'ailleurs à l'origine de ce projet de remake avec Steven Spielberg. En effet, Scorsese injecte ses propres obsessions tout en prenant un malin plaisir à pousser son style visuel à son paroxysme. Les Nerfs à vif devient alors un excitant exercice de style maniériste, emprunt de religiosité et de sexualité, qui décrit les affres d'une famille modèle américaine dysfonctionnelle, assailli par un ange exterminateur incarnant une culpabilité longtemps refoulée et accomplissant une entreprise de vengeance diabolique qui se manifeste autant par une violence grandiloquente que par une séduction subversive visant à réveiller une sexualité inassouvie ou balbutiante.

Libre à chacun aujourd'hui de se faire sa propre idée grâce à ces sorties conjointes qui permettent judicieusement - et sur grand écran ! - d'établir des points de comparaison entre les deux versions... et surtout de s'octroyer quelques beaux frissons.