
The Macomber Affair (l'affaire Macomber, 1947) de Zlotan Korda avec Gregory Peck, Robert Preston et Joan Bennett
Le couple Macomber (R. Preston & J. Bennett) embauche un chasseur professionnel (G. Peck) pour faire un safari au Kenya. Durant la partie de chasse, les tensions entre les époux atteignent leur paroxysme...
Ce film de Zlotan Korda est sans aucun doute une des meilleures adaptations d'Ernest Hemingway. Bien loin des grosses machines hollywoodiennes comme The Sun Also Rises (1958, H. King) où tout est souligné au crayon rouge, l'adaptation de Casey Robinson laisse aux personnages leur part d'ombre. Chacun des personnages est dessiné avec justesse et intelligence sans chercher un manichéisme de bon aloi. Robert Wilson est un chasseur professionnel qui se veut responsable et ne veut pas se mêler des problèmes de ses clients. Margaret Macomber est une épouse insatisfaite qui s'entend de plus en plus mal avec son époux. Francis Macomber est lui un homme perturbé qui voudrait prouver à son épouse qu'il n'est pas un lâche. La partie de chasse va exacerber leur conflit. Alors qu'ils sont en train de chasser le lion, Francis s'enfuit soudain. Et sa violence intérieure explose brutalement car il sait qu'il a fait preuve de lâcheté aux yeux de sa femme. Margaret elle se comporte d'une manière ambiguë. Elle raille son époux sans retenue et flirte même ouvertement avec Wilson. Et pourtant, elle reste attachée à cet époux qu'elle n'aime plus. Trouver le ton juste sans tomber dans le cliché n'est guère aisé avec un tel sujet. Et Zlotan Korda y arrive sans effort grâce à trois acteurs formidables qui jouent leurs personnages avec retenue et intelligence. Ce huis-clos dans la brousse africaine reflète bien les obsessions d'Hemingway. Il y a ce mélange de machisme et de misogynie. Pour être un 'homme', il faut savoir tuer un animal sauvage. Et la femme n'est qu'une perturbatrice dans ce jeu pour les males. J'ai été particulièrement impressionné par Robert Preston en homme possédé par ses démons ainsi que par Joan Bennett qui brille dans son rôle de femme volontaire et cinglante. Même Gregory Peck (qui me déçoit souvent) est ici parfaitement à sa place en chasseur tranquille qui tente de rester en dehors d'un conflit. J'ajoute que le film bénéficie d'une excellente partition du grand Miklos Rozsa qui rend le film encore plus délectable. Un film à découvrir d'urgence.