Stanley Kubrick (1928-1999)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Anorya
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Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Anorya »

L'ultime razzia

Second film de Kubrick (3e si on prend l'invisible "fear and desire") mais déjà comme dans tous les autres Kubrick, l'histoire d'un déréglement à cause de multiples détails laissant la place a l'absurde le plus complet au sein d'un film noir ordonné chronologiquement autour d'un casse pourtant banal. Mais Kubrick en grand perfectionniste ordonne son échiquier humain, quitte a nous faire revivre les mêmes scènes mais par un personnage, des points de vues différents, pour au final un ratage complet de la grande machinerie a cause de ce qu'on peut appeler "l'erreur humaine", la même qui plus tard forcera un certain ordinateur de vaisseau spatial a se détraquer dans sa paranoïa la plus totale...
Bon film noir, bon Kubrick, même si les chefs d'oeuvres arrivent dès le film suivant, "les sentiers de la gloire" (qui passe jeudi sur arte aussi, chic).

4/6
AtCloseRange a écrit :Un des plus grands films noirs et je préfère même ce "petit" film à pas mal de ses imposants "chef d'oeuvre" plus ambitieux sans aucun doute mais plus réussis, pas sûr.
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Nestor Almendros
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Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Nestor Almendros »

"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Nestor Almendros »

Posté par Eusebio Cafarelli le 21 novembre 2007

Le Baiser du tueur
Court film noir, avec une superbe photographie, un côté reportage sur NY. Kubrick avait l'oeil, on sent le photographe. Très belle utilisation du noir et blanc, des décors urbains et industriels, de l'ombre et de la lumière, pour dépasser les stéréotypes. Déja l'obsession des travelling avant et des labyrinthes pour montrer le cauchemar.


Posté par nobody smith le 22 décembre 2007

KILLER’S KISS de Stanley Kubrick
Ultime Kubrick qu’il me restait à découvrir (je peux faire une croix sur fear and desire non ?). Le scénario de cet énième film noir n’est pas vraiment fameux. L’intérêt se révèle tardivement au gré de quelques intéressants ressorts dramatiques. Le tout est très classique mais à le mérite d’être court. Le film est surtout intéressant car il dévoile les prémisses du talent de Kubrick. Le film arrive à faire l’étalage des compétences du réalisateur (cadrages, photographie, décors...) alors en gestation mais déjà assez impressionnant.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par The_Thing »

Stanley, enfin son cinéma m'a toujours ravi au plus haut point, il sait conjuguer la forme et le contenu comme nul autre ne sait le faire, il n'y a aucun mauvais film sur une période certes ralenti qui lui laissait le temps de préparer secrètement ses projets. On lui doit les meilleurs films réalisés et je pense que personne ne viendra le détrôner tant son cinéma cumule perfection sur perfection, son caractère justement atrabilaire a du jouer sur ses films et la façon dont ils étaient confectionnés, en effet le caractère revêche du metteur en scène prouvait -selon ma théorie sur Kubrick- que l'on ne peut pas être un auteur sans se mettre dos à dos la plupart des gens, ce qui veut dire que le cinéma est une entreprise personnelle qui ne peut être comprise que par son auteur. C'est le cas je pense du grand Stanley ou comment il a révolutionné le cinéma en se forgeant un caractère hors norme qui l'a porté très haut dans les sphère du monde artistique. Ne pas aimer Kubrick est un choix compliqué, car son cinéma est tout bonnement parfait que se soit dans la mise en scène, l'élaboration de cadrages prouvant son amour pour la photographie, sa certitude concernant les rapports humain, certitude basée sous l'emprise de la lucidité car on le voit l'aventure humaine n'est que conflit et guerre intestine sans grande résolution interne et tout cela a aidé Kubrick à se forger une personnalité décalée seulement intéressé par la mise en route de ses projets, ce qui laisse penser qu'il devait être bien asocial sous une certaine manière, non pas qu'il eut rechigné à se satisfaire de rapport humain loin de là puisqu'il devait composer avec pas mal de gens pour le suivre dans l'édification de son oeuvre. Non Kubrick était certes un misanthrope mais seulement parce que les rapports humains sont compliqués et il est toujours très difficile de s'orienter en s'appuyant sur le monde extérieur. En résumé je pense que ce fut un choix, contacter le plus de monde possible en restant enfermé dans sa tour d'ivoire via le téléphone et les nombreux fax qui ornaient son "territoire". Son attitude de reclus ne servait qu'à une seule chose se préserver du monde extérieur et c'est je crois tout à son honneur puisqu'avec ses gains il pouvait se passer de tout ce qui faisait le petit monde ennuyeux de tout les jours.
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Wagner »

Dommage que tu sois arrivé après la réalité de la réalité.
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par makaveli »

je vais surement faire crier pas mal de monde mais je n'aime pas trop ses films a part full metal jacket.
je sais que c'est un des plus grands realisateurs mais je n'y arrive pas avec ses films meme apres plusieurs visions :?
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par bronski »

makaveli a écrit :je vais surement faire crier pas mal de monde mais je n'aime pas trop ses films a part full metal jacket.
je sais que c'est un des plus grands realisateurs mais je n'y arrive pas avec ses films meme apres plusieurs visions :?
Ben non t'aimes pas c'est ton droit. Si tout le monde aimait la même chose, les mêmes réals, toussa, la vie serait encore plus sombre... Moi j'aime pas le cinéma d'Orson Welles, voilà, y a pas mort d'homme. Chaque cinéphile a un ou plusieurs réalisateurs que les autres adorent mais pas lui :wink:
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Watkinssien »

bronski a écrit :
makaveli a écrit :je vais surement faire crier pas mal de monde mais je n'aime pas trop ses films a part full metal jacket.
je sais que c'est un des plus grands realisateurs mais je n'y arrive pas avec ses films meme apres plusieurs visions :?
Ben non t'aimes pas c'est ton droit. Si tout le monde aimait la même chose, les mêmes réals, toussa, la vie serait encore plus sombre... Moi j'aime pas le cinéma d'Orson Welles, voilà, y a pas mort d'homme. Chaque cinéphile a un ou plusieurs réalisateurs que les autres adorent mais pas lui :wink:
Ah là, lalalalalalalalala !

Le mieux c'est d'aimer Kubrick et Welles ! :mrgreen:
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par bronski »

M'aurait étonné aussi que tu te la ramènes pas :? :mrgreen:
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Watkinssien »

bronski a écrit :M'aurait étonné aussi que tu te la ramènes pas :? :mrgreen:
Ca m'aurait étonné aussi ! :)
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Demi-Lune »

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Après une défaite sur le ring dans un match officiel important, Davey Gordon défend une entraîneuse de dancing, Gloria, malmenée par son patron Vincent Rapallo. Les deux jeunes gens qui habitent dans le même voisinage, sympathisent et tombent amoureux. Gloria décide alors de quitter son travail pour fuir sa condition et son employeur.

Introduction d'une œuvre cinématographique monumentale et essentielle, Le Baiser du Tueur (1955) souffre un peu de l'ombre imposante projetée par les sommets qui jalonnent quasi exclusivement la filmographie de Stanley Kubrick. Pourtant, à y bien regarder, ce premier film - si l'on excepte l'invisible Fear and Desire de 1953 - est loin d'être anecdotique. Je dirai même, sans non plus tomber dans la diatribe dithyrambique, que c'est un sacré bon Dieu de film noir que l'on tient là. Évidemment, la modestie de sa durée (tout juste une heure) et de son histoire, doublé du fait que Kubrick n'est pas encore le fou de perfectionnisme qu'il deviendra, se ressentent et empêchent bien sûr le film d'être considéré comme incontournable au regard d'autres titres comme 2001, Barry Lyndon, Shining ou Eyes Wide Shut. Pourtant, en une heure montre en main, on assiste avec émerveillement à l'acte de naissance d'un cinéaste prodige, dont le génie irradie déjà la composition maladivement équilibrée des plans, la splendeur photographique trahissant les premières amours du Maître. Le Baiser du Tueur devient au final un exemple frappant d'un spectacle de série B transcendé par la virtuosité d'un réalisateur qui ne se refuse aucune audace, à commencer technique. En effet, Kubrick offre une mise en scène d'une sidérante modernité. Et cela, bien que ne disposant que d'un budget de 40 000 dollars, et comme pour contrebalancer un scénario légèrement conventionnel (quoique plus intéressant dans sa seconde moitié) dans lequel le cinéaste, co-auteur, se conforme bon gré mal gré à quelques règles immanquables d'un film noir qu'il dynamitera définitivement lors de son film suivant. On pourrait ainsi dire que Le Baiser du Tueur donne le la formel, tandis que L'Ultime razzia, film plus professionnel, et dans lequel Kubrick aura plus de moyens, donnera le la narratif. Pourtant, il serait presque tentant de voir dans Le Baiser du Tueur les germes de cette déconstruction narrative qui caractérisera L'Ultime razzia (1956) et quelques uns des chefs-d'oeuvre futurs. En effet, dans l'une des plus belles scènes du film, Kubrick opère une fracture de plusieurs minutes, guère justifiée par l'intrigue, mais qui devient à mes yeux l'une des plus belles scènes de son Cinéma : la danse de la ballerine. Dans cette scène, Irene Kane raconte au boxeur l'histoire de sa sœur danseuse. Cette histoire n'a vraiment qu'un rapport lointain avec l'intrigue (la chute permettant de comprendre pourquoi Gloria est désormais hôtesse dans le club du gangster), mais, cinématographiquement, elle est illustrée d'une telle façon (la ballerine qui se meut sous les projecteurs de la rampe et sous la voix-off de sa sœur qui raconte son destin tragique) qu'elle devient un moment magnifique, existant en vase clos et se suffisant à elle-même, sans que son intrusion ne soit problématique. Cette fracture dans le récit demeure cependant le seul vrai exemple (avec un flash-back surprenant car expliquant quelque chose qui a eu lieu deux minutes auparavant) de ce type dans ce premier film, qui n'en porte pas moins, tout de même, la marque profonde de son auteur, alors âgé de 26 ans.

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Si le scénario dénote d'un optimisme final et d'une relative légèreté qui détone au sein d'une œuvre extrêmement pessimiste, l'inscription dans le noir, genre désespéré par excellence, permet à Kubrick de laisser parler sa fibre sombre et inquiète. Ici, on élimine froidement un homme innocent, par simple méprise. Et malgré qu'elle rejoigne le boxeur à la fin du film, le personnage féminin conserve cependant une certaine ambiguïté quant à ses sentiments puisqu'elle semble en fait et surtout rechercher la protection de celui qui est le plus en mesure de la lui donner à l'instant précis (cf. son retournement de veste total dans le hangar désaffecté). A l'instar d'un Eyes Wide Shut (certes à un degré très moindre, mais tout de même), le couple qui s(e)' (ré)unit à la fin du film le fait sur des fondations pour le moins particulières, potentiellement branlantes. Cependant, même si, on le voit, quelques germes thématiques figurent dans ce premier grand essai, Le Baiser du Tueur demeure écartelé entre sa structure classique, efficace mais dont on sent bien qu'elle entrave l'éclosion entière de l'inspiration de Kubrick, et la mise en scène foutrement carrée et virtuose qui nous est offerte. Cet écartèlement n'est pas, pour moi, réellement problématique grâce au format du film : c'est une série B très au-dessus de la moyenne, qui va droit à l'essentiel, et c'est ça qui est bon. D'autant que Kubrick s'en justifiait lui-même : c'est "une histoire contemporaine, tragique, qui repose plus sur les effets visuels que sur les dialogues". N'empêche. Qu'il filme un combat de boxe comme s'il était au cœur des coups sur le ring, ou qu'il filme une lutte à la hache avec un rythme aussi sec et tranchant que l'arme utilisée, Kubrick élève constamment son film vers des fulgurances visuelles qui font quand même regretter plus d'audace scénaristique de sa part. Jeu de miroir et de profondeur, travelling avant "shiningien" avec photographie polarisée et cauchemardesque, crépuscule derrière les gratte-ciels de New-York, le film est une succession de plans somptueux, où les noirs, parfaitement gérés, mettent en valeur l'architecture urbaine (clinquante ou décrépie) d'une ville rarement aussi bien filmée et "captée" dans son ambiance nocturne. Très travaillée dans la composition des plans, du cadre, la mise en scène se rapproche également d'un sublime style documentaire, caméra à l'épaule, s'introduisant avec vérisme dans le quotidien esseulé et sordide d'êtres écrasés par l'immensité de Manhattan. Ce qui m'amène à poser la question de l'influence de ce film. Je ne pense pas que Le Baiser du Tueur ait été un film très projeté, y compris lorsque Kubrick est devenu une légende vivante. Or, en le redécouvrant l'autre jour, j'ai été autant frappé par les qualités intrinsèques du film que par les échos qu'il entretenait avec ma cinéphilie. Dans le livre Stanley Kubrick que Bill Krohn a commis pour Le Monde/Cahiers du Cinéma (2007), l'auteur remarque ce qu'il nomme "une répétition de scénographie" entre Fenêtre sur Cour et Le Baiser du Tueur : effectivement, Kubrick alterne deux points de vue, depuis deux appartements qui se font face à face, entre deux personnages qui s'espionnent à tour de rôle. L'auteur note d'ailleurs une petite ressemblance physique entre Grace Kelly et Irene Kane. Mais en matière d'influence, je pensais surtout à celle que le film a eu a posteriori. Ce New-York 50's des métros et des destins modestes, n'est-ce pas celui du Faux Coupable d'Hitchcock ? Ces mannequins entreposés ne sont-ils pas ceux d'Henri Verneuil dans Peur sur la ville ? Ce New-York bruyant et vivant des trottoirs nocturnes, recueilli sans fard par la caméra de Kubrick, n'est-il pas pas celui de Taxi Driver de Scorsese ? Ce combat de boxe en noir et blanc, au montage aussi sec qu'un coup de trique, multipliant les cadrages audacieux et procédant d'une démarche totalement immersive, y compris en adoptant un point de vue subjectif, n'est-ce pas un de ceux de Raging Bull de Scorsese ? De même, il ne serait pas inintéressant de se demander si la représentation de cet univers new-yorkais attrapé dans son authenticité n'annonce pas, un peu, du Cassavetes.

Bref, Le Baiser du Tueur, qui n'aurait pu être qu'une quelconque série B 50's de plus, est un excellent film dont le scénario, certes pas révolutionnaire, est emporté par la puissance formelle et technique déployée, impressionnante pour l'époque. Stanley Kubrick était né.
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Watkinssien »

Demi-Lune a écrit : ce premier film - si l'on excepte l'invisible Fear and Desire de 1953 .
Pas si invisible que cela :

:wink:
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Demi-Lune »

Arf ! :shock: :D
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Frank N Furter »

Il y a même actuellement des rumeurs pour une future édition DVD.
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Re: Stanley Kubrick (1928-1999)

Message par Federico »

Demi-Lune a écrit :j'ai été autant frappé par les qualités intrinsèques du film que par les échos qu'il entretenait avec ma cinéphilie. Dans le livre Stanley Kubrick que Bill Krohn a commis pour Le Monde/Cahiers du Cinéma (2007), l'auteur remarque ce qu'il nomme "une répétition de scénographie" entre Fenêtre sur Cour et Le Baiser du Tueur : effectivement, Kubrick alterne deux points de vue, depuis deux appartements qui se font face à face, entre deux personnages qui s'espionnent à tour de rôle. L'auteur note d'ailleurs une petite ressemblance physique entre Grace Kelly et Irene Kane. Mais en matière d'influence, je pensais surtout à celle que le film a eu a posteriori. Ce New-York 50's des métros et des destins modestes, n'est-ce pas celui du Faux Coupable d'Hitchcock ? Ces mannequins entreposés ne sont-ils pas ceux d'Henri Verneuil dans Peur sur la ville ? Ce New-York bruyant et vivant des trottoirs nocturnes, recueilli sans fard par la caméra de Kubrick, n'est-il pas pas celui de Taxi Driver de Scorsese ? Ce combat de boxe en noir et blanc, au montage aussi sec qu'un coup de trique, multipliant les cadrages audacieux et procédant d'une démarche totalement immersive, y compris en adoptant un point de vue subjectif, n'est-ce pas un de ceux de Raging Bull de Scorsese ? De même, il ne serait pas inintéressant de se demander si la représentation de cet univers new-yorkais attrapé dans son authenticité n'annonce pas, un peu, du Cassavetes.

Bref, Le Baiser du Tueur, qui n'aurait pu être qu'une quelconque série B 50's de plus, est un excellent film dont le scénario, certes pas révolutionnaire, est emporté par la puissance formelle et technique déployée, impressionnante pour l'époque. Stanley Kubrick était né.
Beaucoup de remarques très justes. En ce qui me concerne, je ne peux jamais m'empêcher de chercher en amont qui a pu influencer Kubrick. Et je mets en vrac Lang, Sternberg, Stroheim, Hitchcock, Welles, Huston, Fuller, Aldrich, Joseph H. Lewis et peut-être Losey. A des degré divers, des cinéastes au regard d'entomologiste et/ou d'architecte (donc souvent froids et parfois cyniques), certains particulièrement inventifs et doués, d'autres (parfois les mêmes) entretenant une forme de complexe de supériorité.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
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