
Adieu Philippine, Jacques Rozier, 1962
Un parfait représentant de la Nouvelle vague, dans l'apparente lâcheté de sa narration, sa captation de l'atmosphère d'une époque, le portrait d'une jeunesse insouciante jusqu'à ce qu'elle se confronte enfin à des problèmes d'adultes, la légereté de l'ensemble, le qualificatif de fraîcheur, qu'on a tout de suite envie d'accoler. Les interprètes principaux sont charmants. Et c'est toujours un plaisir de voir le Paris de ces années, les boîtes où l'on traîne, mais aussi d'entendre le langage "djeuns" d'alors.
En même temps, parce que c'est Jacques Rozier, j'ai très vite accepté de considérer ce film comme "à part". Un rythme tranquille où l'on se laisse très agréablement porter, un humour imprévisible où l'on rit souvent aux éclats, une satire toujours tendre de certains excès d'une époque (la télévision, la publicité, le Club Med), une place assez importante laissée à la musique, où l'on se laisse envoûter par l'ambiance. Et puis, bien qu'effleurée, une certaine gravité qui parvient miraculeusement à s'harmoniser avec le ton plutôt badin qui règne la plupart du temps. Après le flirt, les sentiments s'installent et l'on aimerait savoir où s'arrête le jeu. On vit le présent dans une totale inconséquence, mais vient un moment où la jeunesse est rappellée à certains devoirs, en l'occurence ici ce sera d'être appellé pour faire son service militaire (et l'on sait que ça signifie alors débarquer en Algérie).
Je me rends compte qu'en parler ainsi ne donne pas vraiment une vraie idée d'à quoi ça ressemble. J'ai juste beaucoup aimé.