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Critique de film
Le film
Affiche du film

Ultime violence

(La Belva col mitra)

L'histoire

Nanni Vitali, un tueur fou, s’échappe de prison avec trois complices. Le commissaire Giulio Santini se met à sa recherche et identifie l’homme qui avait témoigné contre lui lors de sa première arrestation. Mais Vitali le retrouve en premier, l’enlève avec sa compagne, et le tue après avoir violé cette dernière. C’est le début d’une cavale brutale et sanglante, durant laquelle le commissaire Santini va voir sa famille exposer aux griffes du psychopathe.

Analyse et critique

En 1977, Sergio Grieco tourne avec Ultime violence, son dernier film qui vient conclure une carrière particulièrement prolifique dans les registres populaires. Péplum, espionnage, sexy-comédie, film de pirates, il se sera essayé à tous les genres, sans laisser d’œuvre réellement marquante mais en démontrant parfois un certain savoir-faire. Avec Ultime violence, il se rapproche du polar italien qui connait ses derniers feux à la fin des années soixante-dix. Mais le film reste toutefois éloigné de certains marqueurs du genre : pas de volonté documentaire, pas réellement de message politique ou social, le film se resserre sur le portrait d’un dangereux tueur, Nanni Vitali, symbolisant à lui seul toute la menace qui pèse sur la société italienne. Le rôle est confié à un Helmut Berger particulièrement convaincant en tueur fou, ne faisant pas d’excès et ne sombrant jamais dans les mimiques de la folie. Il fait peur, sa folie est réellement perceptible dans son regard, et il sait même donner de la profondeur à son personnage, notamment avec son jeune complice en fin de film. Une performance remarquable, d’autant qu’elle représente malheureusement la seule qualité notable du film.


Il est évident qu’Ultime violence est un film tourné sans grands moyens. Cela se reflète à l’écran dans une structure de récit étrange, avec des éclipses surprenantes, puis des moments exagérément étirés, comme dans une volonté de boucher les trous de séquences non tournées. Le résultat est une narration un peu molle, qui n’est ravivée que par la présence d’Helmut Berger. Et malheureusement, Sergio Grieco n’apporte pas, par sa mise en scène, les solutions qui permettraient de cacher ces difficultés. Alors que les séquences de violence devraient être les points culminants du film, elles sont médiocres, filmées sans inventivité, notamment la première de ces scènes lorsque le témoin est tué, particulièrement insipide avec son interminable succession de champs/contre-champs entrecoupée d’un ralenti gratuit. De la même manière, les séquences en véhicule sont pauvres, sans la moindre sensation de vitesse, sans plan d’ensemble, loin des moments offerts par Rémi Julienne et son équipe dans de nombreux polars italiens.

A ces problèmes derrière la caméra s’ajoutent ceux qui se trouvent devant, avec en premier lieu la performance terrible de Richard Harrison, qui ne donne aucune crédibilité au commissaire Giulio Santini. L’ancien culturiste était correct dans les péplums du début des années 60, dans lesquels sa masse musculaire faisait effet ; il ne l’est plus du tout ici et il ferait passer Maurizio Merli, auquel il ressemble parfois, pour un acteur d’une finesse rare. Son jeu déséquilibre totalement le rapport de forces du film, réduisant le personnage qui aurait dû être le héros positif à l’état de benêt risible. Harrison n’est malheureusement pas le seul dans ce naufrage, car Marisa Mell semble elle aussi totalement perdue, alors qu’elle est une valeur sûre du cinéma de genre italien. Ses émotions sont rarement justes, elle parait ne pas comprendre les intentions de son personnage à de nombreux moments, et cette sensation culmine bien sûr dans ses confrontations avec Harrison, qui deviennent des moments presque gênants pour le spectateur. Le cumul de ces défauts fait d’Ultime violence un film raté, décevant parfois, car la performance d’Helmut Berger est bonne, et fait de Vitali un personnage intéressant qui aurait pu être le cœur d’un film fort si tous les autres éléments avaient été à la hauteur. Cela n’empêchera pas le film d’être un succès public à son époque, mais il constitue aujourd’hui une production totalement oubliable.

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Philippe Paul - le 5 mai 2022