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Critique de film
Le film
Affiche du film

Maniac Cop

L'histoire

Alors qu’un tueur en uniforme de policier massacre des New-yorkais la nuit, le fonctionnaire Jack Forrest (Bruce Campbell) est accusé du méfait. Deux de ses collègues, son supérieur (Tom Atkins) et sa maîtresse (Laurene Landon), mènent l’enquête pour le disculper.

Analyse et critique


La Grosse Pomme de l’ère pré-Giuliani et son climat d’insécurité visible ont donné lieu à une vague d’exploitation prenant pour cadre un NYC cradingue et dégénéré : Street Trash (Jim Muro), le génial Frankenhooker (Frank Henenlotter) ou le plus méditatif Wolfen (Michael Wadleigh), les premiers Abel Ferrara... Scénarisé par Larry Cohen, réalisé par William Lustig (Maniac, c’était déjà lui), Maniac Cop s’inscrit dans cette veine d’horreur urbaine. A ceci près que la menace se trouve ici du côté de la loi, son tueur en série portant l’uniforme des forces de l’ordre. Jouant de l’effet de compliance qui fait obéir les badauds à tout ce qu’un agent de police leur ordonne (l’habit fait bel et bien le moine), avant que l’affaire ne jette le discrédit sur tous les policiers en service, le film, pour un budget dérisoire dont le metteur en scène tire un résultat impressionnant, entame une sympathique franchise. Le Maniac Cop reprendra rapidement du service dans une suite (en 1990), supérieure au premier opus, riche en scènes d’action, toujours en collaboration avec Cohen, qu’annonce ici une fin ouverte.


Outre un cameo de Jake La Motta (Lustig est son neveu) et un rôle secondaire pour Richard - Shaft - Roundtree (dans un rôle proche de celui qu’il reprendra dans Seven), on aura surtout le plaisir d’y retrouver Bruce Campbell, gueule qui incarne à lui seul tout un pan semi-cartoonesque du cinéma de genre de ces années. Encore qu’à parler de gueule, employer Robert Z’Dar pour le maniaque équivaut grosso modo à un délit de faciès. L’histoire, bête à manger du foin, de cet ancien flic revenu d’entre les morts pour se venger de l’institution policière qui l’a envoyé se faire défigurer en prison est un prétexte idéal à une succession de bastos, matraque en main. Soutenue par un score brillant (mise en avant dans plusieurs flash-back muets), la mise en scène de Lustig, en d’élégants travellings, des cadrages inventifs sur la ville et ses intérieurs de commissariat, fait montre d’une maestria étonnante.


En un peu moins d’une heure et demie qui ne relâche pas sa garde, Maniac Cop déploie un sens du polar vicieux en mégalopole propre à ce petit maître du glauque citadin. L’ouverture nocturne, particulièrement efficace, amorce l’enquête sur les chapeaux de roue. Le premier tiers (avant que Campbell, accusé à tort, ne se mette lui-même sur la trace du Maniac Cop) est une réussite toute en tension, en sécheresse virtuose. Si, une fois le visage de la menace dévoilé, le film se conclut sur un mode poursuite plus convenu, cette première partie suffit à en faire un joyau de brutalité rentre-dedans. Les rues chaudes, la nuit tombée, deviennent un terrain de jeu sadique où les victimes n’ont guère le temps de démontrer leur talent à cache-cache, que la lame du tueur à képi ne les traverse ou que sa poigne de grand brûlé ne se tende pour leur briser la nuque. Par la magie d’un montage absolument complice, le Maniac Cop est toujours là, présent au rendez-vous, tout de suite au bon coin de rue.

Film culte, pour une fois l’expression n’est pas galvaudée, Maniac Cop est une référence de la cinéphilie déviante, un jalon particulièrement méritant du bis américain. Ses fans qui l’ignoreraient encore seront heureux d’apprendre que Nicolas Winding Refn en parraine le retour contemporain, en collaboration avec son créateur original. Récupération prestigieuse mais pas hasardeuse, tant l’œuvre de Lustig témoigne d’une cohérence esthétique singulière, celle d’un cinéaste de talent qui s’est forgé une signature.

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La fiche IMDb du film

Par Jean Gavril Sluka - le 31 août 2016