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Critique de film
Le film
Affiche du film

Le Spécialiste

(Gli specialisti)

L'histoire

Hud, pistolero solitaire, revient dans la ville où son frère aurait caché le butin d’un braquage avant d’être lynché par la foule… nombreux sont ceux qui ne voient pas cette arrivée d’un bon œil, mais son pistolet saura les faire taire…

Analyse et critique

Autant le dire tout de suite, même les amateurs de spaghetti ne doivent pas s’attendre à un film du niveau de Django ou Le Grand Silence : Le Spécialiste n’a pas leur noirceur, leur violence, leur puissance formelle ; les personnages rampant dans la boue lors de la première séquence n’évoquent que de façon lointaine la ville embourbée de Django, et le dernier plan très Lucky Luke ne pèse guère face au nihilisme du Grand Silence. Pourtant, on aurait tort de le rejeter. Le Spécialiste porte bien la patte de Corbucci, ne serait-ce que pour son aspect politique - la condamnation de la société bourgeoise est sans appel, mais il égratigne également au passage le mouvement hippie, représenté ici par une bande de vauriens dont la violence se révèle peu à peu, et qui conclut le film en organisant une version dégénérée de Woodstock sous forme d’un happening nudiste. De plus, le casting est aussi hétéroclite que d’habitude : après Jean-Louis Trintignant, il continue d’employer des comédiens liés à la Nouvelle Vague avec cette fois Françoise Fabian, tout juste sortie de Ma Nuit chez Maud - elle confiera à Olivier Père que pour elle, Le Spécialiste était un « film bifteck ». Mais il emploie aussi le comédien suisse-allemand Mario Adorf - que l’on verra aussi bien chez Argento que Fassbinder, en passant par Schlondorff, belle époque où les frontières entre Bis et cinéma d’auteur étaient plus minces qu’on en le croit - dans le rôle d’un bandit mexicain ; le genre de casting que permettait le cinéma populaire italien. Et notre Johnny national, dans tout ça ? Eh bien… il ne s’en sort pas si mal que ça : certes, il n’a pas la carrure d’un Franco Nero, encore moins celle d’un Clint Eastwood, pourtant il est loin d’être ridicule en pistolero façon « Jésus Christ est un Hippie ». Authentique amateur de cinéma, on imagine bien qu’il regrette de ne pas trouver de rôles qui lui conviennent : pas facile, lorsque les frontières sont cloisonnées entre les disciplines - ce qui est moins vrai aux Etats-Unis - et qu’on ne vous propose que d’interpréter un chanteur. Et la Camargue de D’où Viens-tu Johnny ? est tout de même bien éloignée des plaines du Grand Ouest. Et il est plus que probable que persiste en lui un rêve de petit garçon, celui d’être un cow-boy. Sans doute à cause de cette frustration, il initiera ce projet, ayant apprécié Le Grand Silence. Le résultat ? Certes, il ne s’agit pas de l’un des sommets du genre, et son achat est plutôt à recommander aux amateurs de spaghetti complétistes, mais il pourrait bien satisfaire une petite envie de Cinéma de Quartier.

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La fiche IMDb du film

Par Franck Suzanne - le 11 septembre 2006