Cet exercice (toujours délicat) du top annuel est à peu près la seule occasion, dans l'année, pour la rédaction de DVDClassik d'évoquer son intérêt pour le cinéma contemporain. Par sa nature même, notre site envisage en effet habituellement l'histoire du cinéma avec un recul certain, qui se compte souvent en décennies, et l'angle d'approche n'est pas toujours évident à trouver quand il s'agit d'évaluer la production actuelle, de tenter d'envisager les films qui, dans quelques années, seront à leur tour considérés comme des oeuvres majeures...
Placer aussi haut dans notre classement les films de "jeunes" cinéastes comme David Robert Mitchell (pour son deuxième film) ou J. C. Chandor (pour son troisième film, lequel aurait dû, compte tenu de sa date de sortie française du 31 décembre 2014, ne pas figurer dans notre classement, mais qui nous a à ce point plu qu'il a bénéficié d'une mesure d'exception) représente d'une certaine manière un pari sur l'avenir... En laissant voguer notre imagination, peut-être aurons-nous la fierté, d'ici quelques années, quand ils seront devenus de grands cinéastes, de pouvoir prétendre que nous les avons défendus dès leurs débuts.
De retour en arrière, ou vers les origines (l'origine des émotions, l'origine d'un mal, l'origine d'un amour...), il en a beaucoup été question cette année, et sans aucune complaisance passéiste, nous nous délectons particulièrement de ces échos qui se créent entre l'ancien et le moderne et de ces résonances qui s'établissent à l'intérieur des filmographies : on pourrait citer George Miller réinventant avec une fougue démentielle le mythe qu'il avait créé 35 ans plus tôt ; Arnaud Despleschin décrivant la rencontre entre les personnages d'un de ses précédents films ; Nanni Moretti évoquant la mort d'une mère avec la même pudique élégance que lorsqu'il décrivait la mort d'un fils ; ou Rithy Panh qui, de film en film, ne cesse d'interroger sa mémoire et celle de son pays...
Et finalement, c'est un film d'animation qui - sans contestation aucune, disons-le - s'impose à nos yeux comme film de l'année. Quoique, en réalité, cette manière de présenter les choses soit assez réductrice : notre numéro un est avant tout l'un des films d'aventures les plus enthousiasmants, les plus inventifs, et les plus émouvants qu'il nous ait été donné de voir, toutes époques et toutes nationalités confondues. Voici notre sélection.
LE CLASSEMENT DE LA RÉDACTION
1. Vice-Versa (Pete Docter & Ronnie del Carmen)
Un tourbillon de couleurs, de péripéties, de gags et - bien sûr - d'émotions.
Le rachat de Pixar par Disney il y a quelques années avait soulevé quelques inquiétudes :
les doux dingues de la firme à la lampe vont bien, merci pour eux.
2. It Follows (David Robert Mitchell)
L'indéniable influence carpenterienne n'empêche pas David Robert Mitchell
de creuser son propre sillon et d'affirmer son propre regard, notamment sur l'adolescence.
Un film assez obsédant, où la tension naît de la seule mise en scène
(des mouvements de caméra, de l'utilisation des focales, de la profondeur de champ, etc...).
3. A Most Violent Year (J. C. Chandor)
L’histoire d’un homme qui tente de rester droit quand tout est corrompu autour de lui.
Avec une mise en scène d’une grande sobriété, J.C. Chandor redonne ses lettres de noblesse au grand polar urbain en nous offrant l’un des films les plus élégants et captivants de ces dernières années.
4. American Sniper (Clint Eastwood)
C'est lorsqu'il parvient à ce point à dresser des figures héroïques ambigües et contradictoires
que le cinéma de Clint Eastwood est le plus puissant.
Un film tendu, nerveux et remarquablement déstabilisant.
5. Trois souvenirs de ma jeunesse (Arnaud Desplechin)
Le récit de la rencontre entre Paul Dédalus et Esther
(personnages apparus autrefois dans Comment je me suis disputé...)
permet à Arnaud Desplechin d'atteindre une forme d'état de grâce,
avec ce film d'une plénitude, d'une élégance et d'une intelligence rares.
6. Max Max : Fury Road (George Miller)
Avec la fluidité désarmante de sa narration, son sens inégalé du rythme,
son énergie démente et sa capacité fulgurante à créer des icônes pop
tout en redéfinissant un mythe qu'il a lui même créé, George Miller dérouille
le cinéma d'action moderne. Rien de moins.
7. Inherent Vice (Paul Thomas Anderson)
Le roman de Thomas Pynchon était réputé inadaptable, le film qu'en tire PTA
est plein de style et de folie. Menée par un Joaquin Phoenix phénoménal,
cette enquête sous psychotropes vrille en délire bariolé et virtuose.
Pour peu qu'on partage le trip, un des films les plus réjouissants de l'année.
8. Mia Madre (Nanni Moretti)
Plus modeste et retenu que beaucoup de ses films précédents,
Mia Madre démontre la nouvelle plénitude du style de Nanni Moretti.
Un film riche et humble à la fois, qui dit énormément, mais le fait dans un murmure délicat...
9. Sicario (Denis Villeneuve)
L'incontestable plus-value de ce thriller palpitant,
admirablement emballé par Denis Villeneuve, réside dans son personnage central,
émouvante jeune femme perdue dans le milieu viril des trafics de drogue mexicains.
10. ex-aequo La Bataille de la Montagne du Tigre (Tsui Hark)
La liberté, la virtuosité et la folie du génial cinéaste hong-kongais
transcendent un postulat de film de propagande
pour offrir un film d'action total, un grand spectacle populaire.
10. ex-aequo L'Image manquante (Rithy Panh)
Comment traduire l'absence ? Comment donner corps à la mémoire ?
Depuis des années, Rithy Panh offre sa solution : le cinéma.
Poétique et politique, son oeuvre - et ce film-ci en particulier - est indispensable.
LES CLASSEMENTS INDIVIDUELS
1. It Follows |
1. Trois souvenirs de ma jeunesse |
1. Vice-Versa |
1. American Sniper |
1. Trois souvenirs de ma jeunesse |
1. Vice-Versa |