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Tops de la rédaction

Plus encore que les autres années, il aura été difficile aux différentes cinéphilies qui habitent la Rédaction de DVDClassik de s’accorder dans le si délicat exercice du consensus pour dégager ce qui nous aura semblé être l’essentiel de cette année 2012. En exagérant à peine, il n’y a guère que le premier qui fasse totalement l’unanimité dans notre équipe, Take Shelter venant admirablement confirmer le talent de Jeff Nichols, que nous avions déjà défendu avec Shotgun Stories il y a quelques années de cela.

Derrière, il nous aura fallu ménager un équilibre entre la défense totalement subjective de certains de nos chouchous habituels (les derniers Audiard, Spielberg, Eastwood auront franchement emballé certains d’entre nous, et un peu moins d’autres) ; la confirmation de regards singuliers qu’il était grand temps de mettre en lumière (Miguel Gomes, Mamoru Hosoda) ; quelques incontournables qui auront incontestablement marqué cette année cinéphilique (Skyfall, Amour) et le désir farouche de partager des coups de cœur, ce qui explique notamment la place accordée au film d’Alexander Payne, peut-être pas le film le plus impressionnant de l’année mais incontestablement l’un de ceux qui nous aura le plus touchés.

Dans cette logique, qui consiste à ne pas imposer une hiérarchie figée mais à proposer différents points de vue, à soumettre à chaque lecteur la diversité des conceptions du cinéma contemporain qui nous compose et qui, du moins nous l’espérons, fait notre richesse, nous accompagnons ce classement collégial de quelques listes de coups de cœur individuels, où chaque rédacteur vous propose ce qui, pour lui, a aussi fait 2012.

LE CLASSEMENT DE LA REDACTION

1. Take Shelter (Jeff Nichols)



Non content d'admirablement raconter le parcours individuel, troublant et habité, de son personnage principal,
Jeff Nichols laisse le désordre, le doute entêtant et la folie grignoter tout son film, ses personnages, son récit, sa mise en scène...  dressant une parabole sur la propagation de la peur d'une rare puissance émotionnelle comme formelle.


2. The Descendants (Alexander Payne)



Contrebalançant la gravité mélodramatique de son intrigue par une légèreté, une indolence presque,
propre à son lieu de tournage, Alexander Payne s'invente un genre (la "comédie hawaïenne")
et nous cueille le sourire au coin des lèvres et le coeur serré comme rarement.


3. De rouille et d'os (Jacques Audiard)



Scénario redoutable d'efficacité, mise en scène au cordeau, direction d'acteurs impeccable :
en pleine maîtrise de ses moyens cinématographiques, Jacques Audiard confirme, film après film,
qu'il est bien l'un des plus importants cinéastes français.


4. Tabou (Miguel Gomes)



Une bouleversante histoire d'amour qui semble venue d'une autre époque, 
narrée en deux temps avec un impressionnant dévouement formel et en même temps une constante malice
par un jeune quadragénaire portugais à suivre.


5. Cheval de guerre (Steven Spielberg)



Un film sans une once de cynisme qui lorgne vers le grand classicisme hollywoodien :
que l'on se passionne ou pas pour son intrigue chevaline, le film a de quoi époustoufler par sa maestria formelle.


6. Les Enfants-loups, Ame & Yuki (Mamoru Hosoda)



L'animation japonaise a plus d'un tour dans son sac : sur un réseau de thématiques pas si éloignées
de celles de Miyazaki (le passage à l'âge adulte, le rapport à la nature...), Mamoru Hosoda parvient à développer
son propre univers, narratif et formel, et fait ainsi naître une émotion d'une belle pureté.


7. Skyfall (Sam Mendes)



Ceux parmi nous qui attendaient le plus impatiemment le film n'ont pas été déçus ; c'est dire la prouesse accomplie
par cet épisode d'une rare élégance, qui entremêle la modernité "craigienne" à la mythologie du personnage,
dans une photographie somptueuse de Roger Deakins.


8. J. Edgar (Clint Eastwood)



Servi par son extraordinaire comédien principal, ce nouveau film d'Eastwood déconcerte par sa vision non manichéenne d'un type que l'on ne peut que détester. La mise en scène rend compte avec une certaine pesanteur et un sens du mystère assumé d'une époque trouble, alors que les masques viennent à tomber au seuil de la vieillesse. Inconfortable, parfois contestable, longuet aussi, mais très stimulant intellectuellement et même quelquefois émouvant.

9. Amour (Michael Haneke)



Peu de films, cette année, auront aussi bien porté leur titre : en travaillant douloureusement sur la durée,
en emmenant ses personnages au bout d'un dispositif formel inconfortable mais d'une rigueur rare,
Michael Haneke parvient au final à réveiller une humanité que l'on n'attendait plus. Eprouvant mais superbe.


10. Killer Joe (William Friedkin)



Tragicomédie décapante ou satire sociale au pays des Rednecks noire comme l'ébène, ce "faux" film policier à confirmé cette année que le vieux lion Friedkin n'est pas prêt de prendre sa retraite. Son théâtre de l'absurde, qui sonde avec malice et sans aucune retenue les maux d'une Amérique profonde rongée par ses instincts primitifs, constitue une nouveau chapitre de son exploration du Mal et finit par nous laisser KO quand l'humour et les digressions narratives s'effacent devant sa vision glauque et cauchemardesque de la société, où la bêtise la plus crasse le dispute à la violence la plus insupportable.

LES COUPS DE COEUR DES RÉDACTEURS

Il ne s'agit pas de nos classements individuels (que vous pouvez consulter en cliquant sur le nom de chaque rédacteur), mais d'une liste complémentaire de films que nous avions envie de défendre, entre passions isolées, sorties confidentielles et plaisirs coupables assumés.

Stéphane Beauchet

Looper (Rian Johnson)
La Taupe (Tomas Alfredsson)
Martha Marcy May Marlene (Sean Durkin)
Les Adieux à la reine (Benoît Jacquot)
Louise Wimmer (Cyrille Mennegun)
L'Odyssée de Pi (Ang Lee)
Millenium, les hommes qui n'aimaient pas les femmes  (David Fincher)
Jack Reacher (McQuarrie)
Moonrise Kingdom (Wes Anderson)
Tyrannosaur (Paddy Considine)

Olivier Bitoun

Près du feu (Alejandro Fernandez Almendras)
Into the abyss (Werner Herzog)
Un jour de chance (Alex de la Iglesia)
Goodbye Mister Christie (Phil Mulloy)
Holy Motors (Leos Carax)
Walk away Renée (Jonathan Caouette)
Cogan : Killing them softly (Andrew Dominik)
Bovines (Emmanuel Gras)
Rêves et silence (Jaime Rosales)
Le Fossé (Wang Bing)

Ronny Chester

Millenium, les hommes qui n'aimaient pas les femmes  (David Fincher)
Frankenweenie (Tim Burton)
Cosmopolis (David Cronenberg)

François-Olivier Lefèvre

The Dark Knight Rises (Christopher Nolan)
Millenium, les hommes qui n'aimaient pas les femmes  (David Fincher)
Magic Mike (Steven Soderbergh)
Chronicle (Josh Trank)

Frédéric Mercier

Les Hauts de Hurlevent (Andrea Arnold)
Go Go Tales (Abel Ferrara)
The We and the I (Michel Gondry)
Twixt (Francis Ford Coppola)
Holy Motors (Leos Carax)
Camille Redouble (Noémie Lvovsky)
Moonrise Kingdom (Wes Anderson)
I Wish (Nos voeux secrets) (Kirokazu Kore-Eda)
Chronicle (Josh Trank)
Oslo, 31 août (Joachim Trier)

Antoine Royer

Faust (Alexandr Sokourov)
Martha Marcy May Marlene (Sean Durkin)
La Chasse (Thomas Vinterberg)
La Petite Venise (Andrea Segre)
Cloclo (Florent Emilio-Siri)
Dans la maison (François Ozon)
Adieu Berthe (Denis Podalydès) 
Camille Redouble (Noémie Lvosky) 
Les Invisibles (Sébastien Lifschitz)
Pour lui (Andreas Dresen)

Par Dvdclassik - le 14 janvier 2013