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Test blu-ray

Le Train sifflera trois fois

BLU-RAY - Région B
Sidonis / Calysta
Parution : 2 décembre 2019

Image

Après avoir été édité à plusieurs reprises dans des éditions DVD de qualité souvent médiocre, Le Train sifflera trois fois est édité en Blu-ray en proposant cette fois-ci une très belle restauration 4K initiée par la Paramount. Certes, dans le très utile livret rédigé par Patrick Brion qui accompagne cette édition, Fred Zinnemann explique qu'il a souhaité obtenir une image très contrastée avec un ciel sans nuages à la limite du blanc saturé, pour ainsi obtenir un fort contraste avec le costume noir de Gary Cooper. Mais cet aspect est beaucoup trop accentué sur le DVD Paramount édité en 2006, à tel point que toutes les textures sont gommées ; non seulement le grain dans le ciel a disparu mais la dentelle de la robe de Grace Kelly également (comparatif 2). Cette nouvelle présentation est beaucoup plus nuancée dans tous les aspects, proposant un noir et blanc plus varié dans les gris intermédiaires, un grain fin et dense, des contours précis et une profondeur de champ magnifiquement travaillée.

Comparatif 1  Comparatif 2  Comparatif 3  Comparatif 4

Notre deuxième série de comparaisons est consacrée à cette nouvelle édition et celle éditée en Blu-ray par Olive Films en 2012, qui reprenait un master 2K plus ancien mais de bonne facture. Les différences se trouvent plutôt dans la densité et la finesse du grain, une ouverture au format 1.37 pour la nouvelle restauration avec un peu plus d'image côté gauche et une vilaine rayure nettoyée (comparatif 6). Rien à signaler du côté de la compression AVC, pas d'artefact visible nuisant au visionnage ni de post-traitement pouvant nuire à la définition.

Comparatif 5  Comparatif 6  Comparatif 7  Comparatif 8 

Son

La version française est celle à laquelle nous avions droit lorsque le film passait à la télévision dans les années 70/80. Elle est techniquement de bonne tenue même si sa musicalité est proche du néant car trop concentrée dans les aiguës ; la musique de Dimitri Tiomkin propose des sonorités souvent variées en exploitant aussi les basses fréquences et le bas médium, mais elles sont absentes sur la version française. Alors que de ce point de vue, la version originale est bien restaurée et permet de redécouvrir cette musique que pour ma part j'aime beaucoup. Belle gestion des dialogues pour la version originale, alors que sur la version française, ils sont souvent accompagnés de sifflantes. Les sous-titres ne sont pas imposés sur la version originale.

Suppléments

Présentation du film par Bertrand Tavernier ( 37 min - HD)
Bertrand Tavernier est un ardent défenseur de High Noon, même si sur la fin de cet entretien il admet que 3H10 pour Yuma sur un sujet similaire lui est supérieur. Cette  défense du film de Zinnemann est véhémente et ceux qui l'ont éreinté en prennent pour leur grade, à commencer par Howard Hawks. Bertrand Tavernier énumère les qualités qui lui ont fait apprécier Le Train sifflera trois fois, et sa défense parait sincère bien qu'un peu confuse et peu structurée par instants. Sa grande force, c'est qu'à un moment de son existence il s'est fortement intéressé à des personnalités du cinéma américain que beaucoup méprisaient en France, principalement à la fin des années 60. C'est à cette période qu'il réalisa les entretiens dont le livre Amis américains est le recueil. Ainsi il nous raconte un déjeuner avec Fred Zinnemann qui se mit en colère alors que Tavernier évoquait le fait que le monteur Elmo Williams s'attribuait l'idée d'insérer des plans d'horloge pour accentuer la tension dramatique. En réponse, Zinnemann  lui envoya un exemplaire de son synopsis annoté, avec tous les plans d'horloge indiqués (deux pages sont reproduites dans le livret accompagnant cette édition, Bill Clinton affirme également avoir obtenu un exemplaire). Les antagonismes qui suivirent la production du film sont célèbres avec d'un côté Stanley Kramer et Elmo Williams s'attribuant la réussite du film au détriment du couple Fred Zinnemann / Carl Foreman ; c'est cette vérité que semble essayer de rétablir le cinéaste français dans cette présentation forcément passionnante. Dans ses conclusions, Bertrand Tavernier insiste sur la nécessité d'oublier les vieilles postures cinéphiles pour réviser à sa juste valeur  l'oeuvre de certains cinéastes comme Zinnemann et Wyler, qui avaient été éreintés par la jeune critique en leur temps pour des raisons stupidement polémiques.


Présentation du film par Patrick Brion (25 min - HD)
Comme a son habitude, Brion resitue l'année de réalisation du film (1952) en citant les autres westerns tournés cette année-là (une année faste avec Les Affameurs, La Captive aux yeux clairs, Rancho Notorius, etc.) puis il évoque l'accueil mitigé du film dans le milieu cinéphile parisien de la fin des années 50 (le seul western aimé par les gens qui n'aimaient pas le western), un chef-d'oeuvre officiel qu'il est de bon ton de dire que l'on ne l'aime pas pour se rendre intéressant. Revu aujourd'hui, Patrick Brion considère le film comme étant une grande réussite. Il profite de cette présentation pour évoquer rapidement le seul film réalisé par le scénariste Carl Forman, qu'il juge magnifique mais qui reste difficile à voir (inédit en vidéo en France, si ça peut donner des idées...) De manière plus posé et méthodique que Tavernier, Patrick Brion expose la genèse du film et les complications qui suivirent l'audition de Carl Forman devant la Commission des Activités anti-américaines après qu'il fut dénoncé. Inévitablement, les deux présentations sont redondantes dans les informations qu'elles délivrent. Cette présentation est un peu plus structurée que la précédente, mais un peu moins passionnée aussi. Malgré tout, les deux restent assez complémentaires.


 

Dans les coulisses du film (50 min - SD)
Narré par le comédien Frank Langella, ce documentaire a été produit aux Etats-Unis en 2006, où high noon est devenu une expression populaire pour qualifier un règlement de comptes politique (intérieur ou international) ou bien une rencontre sportive. Les présentations de Tavernier et Brion mettaient l'accent sur le fait que High Noon a beaucoup divisé en France, ce document explique pourquoi il a également beaucoup divisé aux Etats-Unis malgré le succès populaire et l'Oscar pour Gary Cooper. Pour cela, ce documentaire s'appuie sur des entretiens avec l'ancien président Bill Clinton, quelques universitaires et aussi le fils de Carl Foreman, le scénariste du film, ainsi que Tim Zinnemann, fils du réalisateur Fred Zinnemann, que l'on a l'habitude de retrouver dans les suppléments consacrés aux films de son père et qui possède une connaissance très approfondie de sa carrière. Albert de Monaco, fils de Grace Kelly, évoque les débuts de sa mère au cinéma. Tous ces fils de parviennent à rendre ce document assez intéressant, de même que la contribution de Bill Clinton qui voit dans la psychologie du personnage joué par Cooper des similitudes avec celle de la fonction présidentielle et la solitude du pouvoir.


Making of (22 min - SD)
Ce document nous vient également des Etats-Unis et a été réalisé par Leonard Maltin. Son principal intérêt est de donner la parole aux auteurs du film peu de temps avant leur disparition. Stanley Kramer et Fred Zinnemann abordent la réalisation du film sans évoquer leur antagonisme, ni les polémiques évoquées précédemment. Lloyd Bridges explique avoir été lui-même mis sur une liste après avoir participé à ce film dans le rôle de l'adjoint du Shérif, il eut beaucoup de difficulté à travailler par la suite. Sont présentés également de nombreuses reproductions du script annoté par Zinnemann ainsi que des storyboards. Malheureusement produit en vidéo SD analogique, ce document est aujourd'hui d'une qualité technique plus que moyenne, mais il reste d'un intérêt indéniable.


Remise des Oscars (2 min - SD)
Dans sa présentation, Bertrand Tavernier raconte que Cooper n'étant pas disponible, c'est John Wayne qui reçut l'Oscar en son nom et qu'il rendit à cette occasion un bel hommage à l'acteur de High Noon alors qu'il avait refusé le rôle. C'est un extrait de cette cérémonie qui est présenté ici, et c'est plutôt une bonne idée de le proposer et surtout de l'avoir retrouvé.

Katy Jurado à propos  de Grâce Kelly (1 min - SD)
Une très courte interview de la comédienne mexicaine, qui évoque la personnalité de Grâce Kelly.

Bande-annonce originale (2 min - SD)

Chanson
Le supplément vintage par excellence. La chanson du film a été maintes fois interprétée en anglais comme en français, nous retrouvons ici six interprétations : Dave, Eddy Mitchell et John William pour la version française, et Dean Martin, Frankie Laine et Tex Ritter pour la version américaine.

Le livret de 60 pages
Rédigé par Patrick Brion, ce livret commence de manière originale avec une citation de l'ancien POTUS, Bill Clinton. Récemment Donald Trump a manifesté son enthousiasme pour Autant en emporte le vent après les cérémonies des Oscars, ainsi une certaine logique politique est respectée car Bill Clinton serait plutôt High Noon. Ce n'est donc pas un hasard si Patrick Brion démarre son livret par une citation d'un homme politique, c'est qu'en fait High Noon est un film profondément politique. Mais c'est surtout un western, et comme cela arrive parfois dans ce genre, une oeuvre possède plusieurs niveaux de lecture. La qualité première de cet ouvrage est donc de nous aider à les identifier, non pas en rédigeant une énième analyse du film, mais en compilant des propos tenus par les personnes concernées. En premier lieu le scénariste Carl Foreman, dont il est beaucoup question dans ce livret. Finalement, celui-ci se révèle être sans prétention et se propose de faire une synthèse et une remise en forme de la chronologie des événements liés à la production du film. L'ensemble est illustré par une riche iconographie ainsi que par quelques documents d'archives, comme le synopsis annoté (par Zinnemann ou Foreman, cela n'est pas très clair), la liste des dépenses complètes et le budget final, et une reproduction du contrat de Gary Cooper. On regrettera juste que le texte comporte un certain nombre de coquilles décrites ci-dessous :

La page 8 consacrée aux relations entre Carl Foreman et Stanley Kramer se conclue bizarrement, il semble manquer la fin de la phrase.
Page 39 : J’utilisais divers sons les que le bourdonnement d’une abeille, 
Page 40 : Lundi matin, je me rends au bureau de Cohn et le traite de voler.

En savoir plus

Disc Label: LE TRAIN SIFFLERA TROIS FOIS
Disc Size: 49,338,445,600 bytes
Protection: AACS
Playlist: 00000.MPLS
Size: 21,435,107,328 bytes
Length: 1:24:46.372
Total Bitrate: 33.71 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 27857 kbps / 1080p / 23.976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz /  2076 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz /  1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz /  1796 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz /  1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 0.199 kbps
Subtitle: French / 21.411 kbps

Par Jean-Marc Oudry - le 13 mars 2020