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L'Emploi

Tamasa réédite ce mercredi L'Emploi d'Ermanno Olmi, second long métrage de fiction du cinéaste italien qui s'était illustré pendant dix ans dans le documentaire. Eclipsée par sa Palme d'or pour L'Arbre aux sabots (1978), la carrière d'Olmi est finalement peu connue. L'Emploi est l'occasion de découvrir un film plein d'humour et d'émotion, bien éloigné du conformisme pesant de la Palme d'or qui - excusez le jeu de mot - est bien l'arbre qui cache la forêt...

Sandro (Domenico Cantoni) se présente dans un bureau milanais où, passant une série de tests évaluant ses aptitudes médicales, professionnelles et psychologiques, il se prépare à entrer pour un emploi qu’on présume à vie (venant remplacer, parmi d'autres anciens, un départ à la retraite). Il y a fait la connaissance de Loredana (Antionia Masetti), une jeune fille dont ce garçon timide, aux grands yeux tristes, tombe à l’évidence amoureux. Olmi possède un talent tout particulier pour décrire les sentiments adolescents, l’entrée dans la vie adulte, dans une Italie du Nord parfois plus froide qu’il n’y paraît (voir, à partir de cette même partition initiale, son très beau court métrage La Cotta). Il se révèle, de plus, un maître en ce qui concerne la mise en scène du monde du travail, des loisirs et rêveries de petits employés. L’Emploi est un chef-d’œuvre d’une justesse de tous les instants, d’une délicatesse absolue, au lyrisme contenu sous le costume, contrebalancé par la drôlerie, empruntant des chemins inattendus, du néoréalisme vers la fable kafkaïenne, de la chronique sociale à la description minutieuse d’amours naissantes et déjà compromises. Si une chape de fatalité martèle le déroulement de son générique final, la vie s’écoule par tous les interstices de cet univers filmé avec une compassion à nul autre pareil.