AOUT 2023
FILM DU MOIS:
The Sun Legend of the End of the Tokugawa Era /
Bakumatsu taiyôden, de Yûzô Kawashima (1957) 10/10 - A la fois comédie de moeurs, récit d'une période de basculement moral, et portrait d'une communauté, le film bénéficie d'une mise en scène qui fait de la maison de passe un personnage à part entière, et un récit merveilleusement conduit, d'une exposition réussie à une conclusion fort émouvante. Un très très grand film.
FILMS DECOUVERTS:
L'homme au pousse-pousse, de Hiroshi Inagaki (1943) 7,5/10 - Le portrait d'un coureur de pousse-pousse, grande gueule et colérique, mais profondément bon, qui va s'occuper d'accompagner la croissance d'un jeune garçon. Emouvant, une belle mise en scène, et surtout une remarquable reconstitution d'époque.
été 93 /
Estiu 1993, de Carla Simon (2017) 8/10 - M'étant un peu ennuyé devant
Alcarras (
Nos soleils), j'appréhendais ce visionnage, à tort. Le portrait de cette enfant, orpheline, qui doit apprendre à vivre dans une nouvelle famille, est très réussi, et la mise en scène impressionniste pas du tout ennuyeuse.
Vers un avenir radieux, de Nanni Moretti (2023) 8/10 - Moretti tourne ici son film le plus fellinien, avec une séquence culte (une séquence WTF ?) chez Netflix et un final à la
Merci Bernard...
Sur la branche, de Marie Garel-Weiss (2023) 5/10 - D'un sujet assez fort, la bipolarité, le film bâtit une intrigue qui pourrait fonctionner, mais qui pèche dans sa post-production, son inégal, montage très qui affaiblit les dialogues et les gags par manque de rythme... Dommge.
La légende des Yôkai /
Tôkaidô obake dôchû, de Yoshiyuki Kuroda & Kimiyoshi Yasuda (1969) 7,5/10 - Sorte de petite fable horrifique, dans laquelle des bandits qui versent le sang dans un cimetière doivent payer, tandis qu'une petite fille retrouve son père. Charmant et sympathique. On voit quand même très peu de yokai...
Numéro deux, de Jean-Luc Godard (1975) 6/10 - "Sandrine avait baisé avec un autre type et elle ne voulait pas me dire qui. J’ai eu envie de la violer. Elle s’est laissé faire. Finalement, je l’ai enculée… Alors, elle s’est mise à hurler. Après on s’est aperçu que Vanessa avait tout regardé." Poésie toute godardienne...
Un revenant, de Christian-Jacque (1946) 8,5/10 - Ce récit d'un homme qui revient se venger après 20 ans, qui expose la médiocrité d'une certaine bourgeoisie, prend un sens particulier lorsque l'on rapporte le film à sa date de sortie... Jouvet est impérial, les dialogues au cordeau, la mise en scène précise, le film régale du début à la fin.
Chien de la casse, de Jean-Baptiste Durand (2023) 8,5/10 - Une amitié aux frontières de l'amour, la vie dans un petit village, les confrontations... Mais surtout une plume et une interprétation superbes, qui rendent tout cela mémorable, évocateur, puissant. Ce film est au croisement de grands talents, et vaut largement le coup d'oeil.
Les rascals, de Jimmy Laporal-Trésor (2022) 8/10 - Si le film se permet quelques caricatures par moment, il n'en bénéficie pas moins d'un casting à l'énergie collective communicative et d'une mise en scène inspirée et énergique. Une belle révélation.
Winnie the Pooh: Blood and Honey, du lamentable Rhys Frake-Waterfield (2023) 0,5/10 - D'un pitch ultra-malin, un tacheron fait un navet, sans rythme, sans humour, sans passion, avec des actrices moins expressives que le type en masque, sans parler d'un scénario de l'épaisseur d'une blague carambar... Un demi-point pour les effets gore efficaces et sales...
La guerre des Yokai /
Yôkai daisensô, de Takashi Miike (2005) 7,5/10 - Conte de fantasy bourré de yokais plus fous les uns que les autres. Le film est aussi un hommage au mangaka Shigeru Mizuki, et un grand plaisir ludique. Tant pis si les effets visuels ont un peu vieilli...
Tropic, d'Edouard Salier (2022) 7,5/10 - Des élèves cherchant à intégrer un programme spatial, une dynamique fraternelle, il y a beaucoup de beaux moments dans ce film, même si l'élément un peu futuriste me parait gratuit (un accident de voiture jouerait la même fonction narrative), et qu'il y a quelques lenteurs. Ca reste un film très intéressant.
Le Diable /
Diabel, d'Andrzej Zulawski (1972) 8/10 - Film un peu fou, échevelé, enfiévré, à l'intrigue prétexte à toutes sortes de tableaux qui finissent tous par la mort. Un visionnage assez dérangeant, le film est inclassable, mais il est aussi unique et le reflet de son réalisateur.
Police contre syndicat du crime /
Kenkei tai soshiki boryoku, de Kinji Fukasaku (1975) 7,5/10 - Bunta Sugawara est ici un flic qui se prend d'affection pour un jeune yakuza. Mais l'égoisme des aînés et la perte de valeurs des plus jeunes jouent contre eux...
Une femme et ses deux masseurs, de Hiroshi Shimizu (1938) 7/10 - Quelques jours dans une station thermale, à suivre les amourettes, inquiétudes, et surtout les pérégrinations de deux masseurs aveugles venus pour travailler l'été. Une jolie chronique saisonnière, filmée avec délicatesse et humour.
The Painted Bird, de Václav Marhoul (2019) 6/10 - Marhoul déploie une mise en scène hyper-esthétisante au profit d'une intrigue un peu gratuite, qui multiplie les expériences sordides qu'une jeune garçon vit pendant la guerre... Mais tout cela reste bien théorique, et la guerre a bon dos pour un récit nihiliste qui se complait à choquer le bourgeois. Encore eut-il fallu ne pas l'endormir... Seul Udo Kier s'amuse un bref instant avec des petites cuillères et des yeux, mais tout ça reste bien morne.
Open water, de Chris Kentis (2003) 0.5/10 - Très, très mauvais... Et bien barbant aussi, puisqu'il ne se passe rien pendant 90 minutes...
Nana, de Christian-Jacque (1955) 7,5/10 - Martine Carol face à un défilé des plus grands comédiens du moment, de Charles Boyer à Noël Roquevert, en passant par Paul Frankeur, qui se servent de croustillants dialogues d'Henri Janson. Vraiment très sympathique.
A sun /
Yangguang puzhao, de Chung Mong-Hong (2019) 8/10 - Quelle surprise de découvrir sur Netflix cette petite pépite taiwanaise, qui parle de parenté, de rédemption, de famille, avec un regard assez fin. Coup de coeur !
Sage homme, de Jennifer Devoldère (2023) 6/10 - L'atout du film est sans doute son sujet, ce jeune garçon intégrant un univers très féminin. Mais si le film est parfois très réussi, il souffre aussi d'une fin bien baclée et de quelques invraisemblances qui affaiblissent le film. Ca reste une comédie aimable et un bon moment.
Sumo do, sumo don't /
Shiko funjatta, de Masayuki Suo (1992) 8/10 - Une excellente comédie sportive, sur une bande de bras cassés qui doit se mettre au sumo. Aussi l'occasion de se pencher sur ce sport qu'on voit rarement au cinéma.
Le plus beau /
Ichiban utsukushiku, de Akira Kurosawa (1944) 6/10 - Il est manifeste que Kurosawa n'avait pas trop le choix du sujet, lorsqu'il tourne ce récit d'ouvrières motivées à augmenter les quotas d'armement militaire... Mais il le fait avec son point de vue, déja très humain, et avec des personnages bien construits.
La foret oubliée /
Umoregi, de Kohei Oguri (2005) 6/10 - Dans une sorte de récit fellinien, le cinéaste oppose le monde des adultes à celui des enfants, plus riche en imaginaire. Pourtant, la découverte d'une foret pétrifiée fort ancienne vient entrelacer les deux mondes, dans une sorte de fête naïve et entêtante. Le récit m'est apparu lent et laborieux, malgré quelques superbes plans ici et là...
Amsterdam, de David O. Russell (2022) 9/10 - Film beaucoup plus politique qu'il n'y parait, Amsterdam est aussi un festival de comédiens en grande forme, un récit étourdissant de complots et d'histoire vouée à se répéter au fil du temps. Très malin, très drole, brillant, en somme.
Anzukko, de Mikio Naruse (1958) 10/10 - Le récit poignant d'un mariage difficile, sans doute malheureux, dont on accompagne tout le parcours et comprend les enjeux. La petite musique de Naruse m'a rarement autant secoué...
Les silences du palais /
Samt el qusur, de Moufida Tlatli (1994) 7,5/10 - Récit rétrospectif, qui évoque le statut de la femme avant, et après, l'indépendance de la Tunisie. Il s'agit également du premier film réalisé par une femme issue d'un pays du Maghreb, et d'un fort bon film.
Fort Graveyard /
Chi to suna, de Kihachi Okamoto (1965) 10/10 - Quel film de guerre magnifique et grandiose ! Quelle magnifique performance de Toshiro Mifune ! Un film qui brasse action militaire, musique, fraternité et courage, mis en scène dans un scope superbe. Immense coup de coeur.
Crosswind - La croisée des vents /
Risttuules, de Martti Helde (2014) 6,5/10 - Film très esthétisant sur un sujet grave, la déportation sous Staline des populations des pays baltes. La lecture de lettres authentiques d'une jeune estonienne déportée accompagne une caméra qui virevolte parmi des gens figés pour faire photo vivante. Le récit est poignant, la forme me convaint moyennement, même s'il faut reconnaître une indéniable beauté de l'effet...
Trial, de Mark Robson (1955) 8/10 - Glenn Ford, pour pouvoir exercer en tant que professeur, doit développer une pratique juridique. Le procès pour meurtre d'un jeune latino va lui ouvrir les yeux. Un film de procès qui suit un difficile équilibre entre antiracisme et gauchisme, à une période où le communisme et la guerre froide menaçaient.
Evil Dead Trap 2 /
Shiryô no wana 2: Hideki, de Izô Hashimoto (1992) 3/10 - Suite nébuleuse d'un slasher, qui se perd, et nous avec, dans une course à l'esthétisme gore au détriment de toute intrigue, psychologie ou intérêt. A fuir.
The Invitation /
le bal de l'enfer, de Jessica M. Thompson (2022) 7,5/10 - Un bon petit film de vampires, auquel on pardonnera quelques faiblesses visuelles, sans doute liées à un budget serré, mais dont le déroulé est fluide et plutôt accrocheur.
Takeshis', de Takeshi Kitano (2005) 7/10 - Kitano nous propose ici un croisement entre Alice au pays des merveilles et 8 et demi pour nous parler de ses fantasmes, en s'imaginant un double, plongé dans un délire vertigineux et halluciné... Pas inoubliable, malgré quelques fort jolis moments.
Hanzo the razor - La chair et l'or /
Goyôkiba: Oni no Hanzô yawahada koban, de Yoshio Inoue (1974) 7/10 - Hanzo se sérialise et propose ce que serait un "épisode type" de la saga, avec son dosage d'irrévérence à l'autorité, de sexe gratuit, et de coups de sabres... Le film n'innove pas, mais ancre au contraire les tropes des films Hanzo. Sympathique.
Hocus Pocus, de Kenny Ortega (1993) 7,5/10 - 3 sorcières ressuscitent la nuit d'Halloween, et doivent sacrifier un enfant pour rester vivantes au delà... Un conte horrifique ludique dans lequel on voit que les acteurs s'amusent comme des petits fous.
Hocus Pocus 2, de Anne Fletcher (2022) 4/10 - Production standard Disney 2.0, réalisé par une femme, héroïne racisée, leçons de conduite vis-à-vis des minorités... Beaucoup de blabla, de moralisme foireux, un final axé sur "la famille"... Décidément, rien ne va plus dans la maison Disney.
La fille aux jacinthes /
Flicka och hyacinter , de Hasse Ekman (1950) 8/10 - Très difficile de parler du film sans spoiler, mais c'est un film assez édifiant quant au sujet qu'il aborde, en en faisant une révélation sensationnelle finale (à la rosebud). Remarquable en tout cas.
Le capitaine Volkonogov s'est échappé /
Kapitan Volkonogov bezhal, de Natasha Merkulova & Aleksey Chupov (2021) 8,5/10 - Quelque part entre polar et farce métaphysique, alliant quête spirituelle et trivialité, évoquant les purges staliniennes dans une forme anachronique qui fait écho au présent, un film très riche qui appelle sans doute un second visionnage...
Les bonnes causes, de Christian-Jacque (1963) 6/10 - Un petit coté pétard mouillé pour ce film de procès qui commence classiquement, annonce un duel Bourvil-Brasseur croustillant, mais n'aboutit jamais malgré une durée de presque 2 heures, le juge jetant l'éponge pour finir par pleurnicher. Bref, une seconde partie aussi naïve que ratée, c'est un peu dommage.
Maternité éternelle /
Chibusa yo eien nare, de Kinuyo Tanaka (1955) 10/10 - Ce biopic de la poétesse Fumiko Nakajō est d'une richesse merveilleuse. A la fois direct dans sa description des rudesses auxquelles sont exposées les femmes (le cancer du sein est abordé frontalement, notamment), et très subtil dans sa description des sentiments de son héroïne. La séquence amoureuse de la fin est d'une beauté exemplaire et bouleversante. Pour moi, ce film magnifique élève Kinuyo Tanaka au niveau de ses maîtres.
Funky Forest /
Naisu no mori: The First Contact , de Katsuhito Ishii, Hajime Ishimine & Shunichirô Miki (2005) 8/10 - Film surréaliste qui casse les codes de la narration et juxtapose séquences et plans de divers cinéastes sur des thèmes variés. Chorégraphies, animation, body horror ou happenings étudiants, avec parfois de plans de 3 secondes ou des séquences de 20 minutes. Une démarche libre, audacieuse, qui s'affranchit de beaucoup de contraintes et désarçonne le spectateur...
Belle époque, de Fernando Trueba (1992) 7,5/10 - Sorte de marivaudage et illustration cinématographique d'un renouveau de liberté des moeurs et des idées en Espagne. Trueba filme ses personnages avec bienveillance, et ses actrices ont rarement été aussi bien mises en valeur.
FILMS REVUS:
Hercules, de Ron Clements, John Musker (1997) 7/10 - Révision sympathique de ce classique Disney, avec une attention particulière à la BO enlevée et à certains éléments graphiques.
Films des mois précédent
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Janvier 2021 = Tian mi mi / Comrades: Almost a Love Story, de Peter Chan (1996)
Février 2021 = Une famille syrienne, de Philippe Van Leeuw (2017)
Mars 2021 = Peking Opera Blues, de Tsui Hark (1986)
Avril 2021 = Den Enfaldigen Morderen, de Hans Aldredsson (1982)
Mai 2021 = La loi de Téhéran, de Saeed Roustayi (2019)
Juin 2021 = Les enfants nous regardent, de Vittorio de Sica (1944)
Juillet 2021 = Titane, de Julia Ducornau (2021)
Aout 2021 = Kladivo na carodejnice / Witchhammer, de Otakar Vávra (1970)
Septembre 2021 = La divine croisière, de Julien Duvivier (1929)
Octobre 2021 = The Last Duel, de Ridley Scott (2021)
Novembre 2021 = Historias extraordinarias, de Mariano Llinas (2008)
Decembre 2021 = Don't look up, d'Adam McKay (2021)
Janvier 2022 = Licorice Pizza, de Paul Thomas Anderson (2021)
Février 2022 = Here comes Mr Jordan, d'Alexander Hall (1941)/
Mars 2022 = Szürkület / Twilight , de György Fehér (1990)
Avril 2022 = Encanto, de Jared Bush, Byron Howard & Charise Castro Smith (2021)
Mai 2022 = Great day in the morning, de Jacques Tourneur (1956)
Juin 2022 = Men, d'Alex Garland (2022)
Juillet 2022 = Les corneilles / Wrony, de Dorota Kedzierzawska (1994)
Aout 2022 = I remember Mama, de George Stevens (1948)
Septembre 2022 = Hinterland, de Stefan Ruzowitzky (2021)
Octobre 2022 = Le mariage des moussons, de Mira Nair (2001)
Novembre 2022 = Krzyzacy / Les chevaliers teutoniques, d'Alexander Ford (1960)
Decembre 2022 = Avatar: the way of water, de James Cameron (2022)
Janvier 2023 = La dernière étape/ Ostatni etap, de Wanda Jakubowska (1948)
Février 2023 = RRR, de S.S. Rajamouli (2022)
Mars 2023 = L'étreinte du serpent, de Ciro Guerra (2015)
Avril 2023 = Victim, de Basil Dearden (1961)
Mai 2023 = Guardians of the Galaxy Volume 3, de James Gunn (2023)
Juin 2023 = Ashani Sanket / Tonnerres lointains , de Satyajit Ray (1973)
Juillet 2023 = Nishant, de Shyam Benegal (1975)