Randy Benton & Brenda Scott
2.29 - Dark Destiny
Réalisation : Don McDougall
Scénario : Frank Chase
Guest Star : Robert J. Wilke
Première diffusion 29/04/1964 aux USA - Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7/10
Le pitch :
Steve et Randy sont sur la trace de voleurs de chevaux. Ils réussissent à les appréhender sauf que durant cette arrestation Steve est dans l’obligation d’en tuer un qui n’est autre que le frère du chef de gang (Robert J. Wilke). Randy parvient à rattraper un fuyard qui s’avère être… une fuyarde, la propre fille du ‘patron’ des bandits. Le shérif propose au Virginien qu’elle soit hébergée à Shiloh le temps que le procès se déroule. Durant ce séjour forcé, elle va devoir surtout s’occuper de Randy qui vient de gravement se blesser alors qu’il tentait de dompter un cheval farouche. En effet, l’épine dorsale ayant été touchée, le voici partiellement paralysé…
Mon avis : Après
A Bride for Lars, le calamiteux précédent épisode 'comédie potache', à vrai dire plus gênant qu'amusant, les valeurs les plus sures de la franchise sont invitées à faire remonter la pente à la série, soit le réalisateur Don McDougall en collaboration avec le scénariste Frank Chase. On peut maintenant affirmer sans trop de risques de se tromper que, comme je l’avais déjà auparavant décelé, Don McDougall demeure l’un des meilleurs réalisateurs du
Virginien, sa gestion de l'action, l'ingéniosité de ses placements de caméra et les effets qu'il obtient des cascadeurs s'avérant une fois encore d'une redoutable efficacité. Ici toutes ces qualités sont de nouveau au rendez-vous avec également quelques très belles idées de mise en scène ; il suffit pour s’en rendre compte de visionner la formidable séquence du bal au montage très 'cut', de revoir le très beau mouvement de caméra dévoilant avec pudeur la claustration de Randy lorsqu’il se retrouve esseulé dans une grange à peine éclairée, ou encore les rares scènes d’action à la fois d’une sécheresse qui confine à l’épure et d’une vigueur assez remarquable. Quant au scénariste Frank Chase, il n’en était pas non plus à son coup d’essai au sein de la série puisqu’il avait auparavant déjà signé dans la saison 1 le superbe et touchant
If You have Tears avec Dana Wynters, ainsi que dans cette deuxième saison le très bon épisode avec Robert Redford,
The Evil That Men Do, sans oublier le formidable
Another’s Footsteps, l’une des plus belles réussites de la franchise jusqu’à présent.
Dark Destiny doit donc autant à ses qualités d’écriture que de réalisation, l’histoire s’avérant par ailleurs sans grandes surprises ni porteuse de thématiques réellement passionnantes ou novatrices (ce qui n'est pas forcément une critique négative). Elle est avant tout basée sur les émotions qui vont naitre à l’occasion des relations tout d’abord hostiles qui se tissent entre un Randy devenu paralysé suite à un accident de dressage et à la jeune femme qui a pour mission de l’aider malgré elle dans sa rééducation, la fille d’un voleur de chevaux qui, en attendant le procès de son père qui doit avoir lieu dans les jours qui suivent, est invitée à rester à Shiloh, profitant de l’absence de Betty pour occuper sa chambre. Tout d’abord tendues, leurs relations antagonistes vont évoluer vers plus de compréhension, de tolérance voire même de rapprochement sensuel, Randy n’étant finalement pas insensible au charme de la jeune fille qui est certes ravissante tout autant vêtue à la garçonne qu’en robe de soirée. L’épisode est également le premier des deux -outre évidemment celui qui l’a introduit dans la série- à prendre le jeune Randy Benton pour personnage principal, l’enrichissant et le faisant évoluer, détrompant ainsi ceux qui jusqu’à présent n’avaient vu en lui qu’un chanteur un peu fade ; ce qu’il n’est d’ailleurs pas non plus, son interprétation ici de ‘
Ridin’ that New River Train’ s’avérant une nouvelle fois sacrément talentueuse, loin de toute mièvrerie.
Une belle prestation de Randy Boone qui parvient à nous inquiéter pour son personnage, les spectateurs se demandant constamment s’il va pouvoir remarcher un jour malgré sa grave lésion de l’épine dorsale, mais également dans le rôle de Billy Jo de la jeune actrice de télévision Brenda Scott, ainsi que de Robert J. Wilke et son visage grêlé. Un comédien qui vous est peut-être inconnu de nom mais dont vous connaissez obligatoirement le visage puisqu’il fut l’un des comédiens 'westerniens' les plus prolifiques dans les années 50 et 60, faisant entre autre partie de la distribution de classiques du genre -et non des moindres- tels
Le Train sifflera trois fois de Fred zinnemann,
Je suis un aventurier et
L’Homme de l’Ouest de Anthony Mann ou encore
Les Sept mercenaires de John Sturges. Il interprète ici le père de Billy Jo qui est également le chef du gang de voleurs de chevaux qui n’a désormais plus qu’une idée en tête s’il arrive à fuir la prison, se venger de Steve qui durant la première séquence a abattu son frère. Un épisode certes donc plutôt grave et dramatique mais qui n’en possède pas moins de très bons dialogues assez acérés, intelligents et pour certains plutôt amusants, voire les trois simultanément. Quelques exemples de la qualité des dialogues : alors que les cow-boys de Shiloh amènent au shérif les voleurs de chevaux, l’homme de loi leur dit “
You know, one of these days, you boys from Shiloh are going to surprise me and come in here just for a friendly visit” ; sur quoi le Virginien lui rétorque “
You can’t say we don’t do our bit for law enforcement.” Alors que Randy se prépare à dompter un fougueux cheval, il annonce à ses comparses “
When I’m finished with him, some old lady can keep him in her parlor like a pet dog.”
L’épisode se lancera également sur de petites pistes de réflexions autour de la loyauté -Billy Jo doit-elle ou non aider à faire évader son père de prison ?- de ‘l’humanisation’ d’une personne au contact des autres, de la frustration de se retrouver cloué à un fauteuil et aux conséquences que cet état de fait amène sur le caractère du blessé et des ses proches… A défaut d’être inoubliable ni fortement captivant, un très joli épisode qui se termine sur une séquence très émouvante, qui nous aura permis de faire plus ample connaissance avec Randy et qui nous octroie de spectaculaires séquences de dressages de chevaux, sans oublier un beau débat initié par le Virginien sur les vertus du travail pour subvenir à ses besoins et sur les méfaits de l’argent trop facilement gagné. Certes un peu moralisateur et naïf mais pas forcément inutile pour autant.
En images sur classik