Je sais pas si je vais durer plus longtemps cette fois... Espérons! Je vous invite à compléter les trous dans la filmographie car beaucoup de ses films sont difficiles à trouver au Canada et je n'aime pas beaucoup regarder un film en mauvaise qualité sur mon ordinateur. J'ai "You and Me" et "While the City Sleeps" qui m'attendent mais j'ignore quand je trouverai le courage.
Hangmen Also Die!
En 1942, Fritz Lang et le grand dramaturge allemand Bertolt Brecht, importé à Hollywood par le réalisateur, travaillent ensemble à l'écriture d'un film qui montrerait aux Américains la triste situation de l'Europe. Ce thriller à saveur historique voit le jour un an plus tard, en plein coeur de la Seconde Guerre. Inspiré du meurtre du numéro deux d'Adolf Hitler, Reinhard Heydrich dit "le Bourreau de Prague" (dont la mort suscita de véhémentes représailles de la part des Nazis et mena à l'assassinat de plus de 1600 civiles), ce film au poids considérable ré-écrit l'Histoire et fait de ce meurtre l'oeuvre d'un seul homme, membre de la résistance tchèque.
Fritz Lang se lance ici dans une entreprise de haut calibre, à une époque où le public n'était sans doute pas prêt à se faire mettre au visage toutes les horreurs de la guerre. Visiblement conscient de cet état des choses, il opte pour des scènes de violence plutôt suggérée qu'explicite: une ombre menaçante, une coupure de journal, une détonation hors-champ. Seul le mouchard de la Gestapo a droit à une exécution un peu plus graphique et d'une beauté esthétique exemplaire dans le plus pur style de Fritz Lang. Le film dans sa totalité est d'ailleurs éminemment langien; plusieurs plans sont de petits bijoux de composition, et l'omniprésence des ombres et autres jeux de reflets et de lumière trahit les influences expressionnistes du cinéaste.
Bien qu'il soit classé par plusieurs sous la bannière du film noir,
Hangmen Also Die! se veut davantage un drame historique à la sauce espionnage. Certains éléments du noir à l'américaine se mélangent à la sauce, mais l'ambiance générale de l'oeuvre s'éloigne des archétypes du genre. Une dichotomie palpable entre le style de Lang et celui de Brecht traverse le film. Il n'est donc pas surprenant de retrouver, éparses dans le rythme déboulant du thriller langien, quelques tirades patriotiques un peu ampoulées. Mais tout comme dans
Man Hunt, Lang continue de frapper fort sur la menace nazie, exposant leurs méthodes barbares tout en les dépeignant comme des mégalomanes stupidement narcissiques et empêtrés dans les débordements de leur ego. Définitivement un film à voir malgré ses menus défauts.