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Critique de film
Le film

Dallas, ville frontière

(Dallas)

Analyse et critique

Stuart Heisler à la baguette, Gary Copper de l’autre de la caméra, certainement une soirée sympathique en perspective ! Avec en prime le Technicolor, ce film devrait au moins s’avérer aussi agréable que la précédente collaboration entre les deux hommes, le divertissant Grand Bill (Along Came Jones), une des rares incursions réussies de la comédie parodique légère dans le western. Mais voilà que le générique se lance sur une musique de Max Steiner qui ne rappelle en rien les grandes heures du fameux compositeur de King Kong, Autant en emporte le vent ou Casablanca.

Mauvais signe que ce manque d’inspiration du musicien, apparemment peu concerné par ce western de série ? Mais ne vendons pas la peau de l’ours... Dallas débute en effet plutôt bien, nous plongeant directement dans le vif du sujet par une séquence d’action de vol de bétail assez bien enlevée. S’ensuit dans la foulée un duel au pistolet entre le célèbre Wild Bill Hicock et Reb Hollister, le personnage d’ancien officiers Sudiste recherché pour cause de rébellion, joué par Gary Cooper. Tout cela s’avère n’être qu’une mascarade destinée à simuler la mort de ce dernier afin qu’il soit tranquille pour régler une vengeance personnelle envers les frères Marlow, responsables du massacre de sa famille durant la guerre de Sécession, désormais établis à Dallas pour essayer de s’y approprier toutes les terres et régner en maîtres sur la région.

Mascarade encore lorsque Reb décide d’échanger son identité avec un Marshall "pied tendre" venu au Texas dans le seul but d’impressionner sa fiancée ! Voici donc Gary Cooper en partance pour Dallas, affublé d’un costume de dandy qui le rend assez ridicule, pour y nettoyer la ville de ses mauvais éléments. Tout démarrait donc pour le mieux, sur une tonalité particulière, l’humour et la cocasserie étant parfaitement intégrés dans une intrigue a priori dramatique. Et puis voilà que le scénariste John Twist - pourtant collaborateur sur le superbe script de La Fille du désert (Colorado Territory) de Raoul Walsh - semble ensuite avoir écrit une intrigue, certes rocambolesque, mais inutilement compliquée harmonisant assez mal l’humour et le sérieux, l’action et les séquences bavardes et statiques.

Tout cet ensemble manque alors d’homogénéité, devient mal équilibré et au final peu intéressant d’autant plus que le pauvre Stuart Heisler n’arrive jamais à faire décoller ni à donner du souffle à sa mise en scène. Bref, ça bouge beaucoup, le Technicolor d'Ernest Haller met magnifiquement en valeur les beaux costumes confectionnés pour Gary Cooper (le gilet vert à franges lui sied à ravir) et la charmante Ruth Roman ; nous avons même droit à quelques séquences agréables et détails pittoresques (la façon qu’a Steve Cochran de porter sa ceinture de revolvers) mais l’ennui vient s’installer assez rapidement pour ne plus nous quitter avant le final assez efficace qui se déroule dans un saloon plongé dans le noir. Dallas, ville frontière est finalement un western de série assez laborieux réservé aux seuls aficionados du genre et/ou de Gary Cooper.

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La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 15 novembre 2006