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Critique de film
Le film

Assassinat

(Ansatsu)

L'histoire

Le 8 juillet 1853, le commodore Matthew Perry accoste dans la baie d’Edo. Le Japon, alors encore soumis au Shogunat des Tokugawa est en proie à des remous internes. La tension monte entre d'un côté les samouraïs pro-impériaux, xénophobes et hostiles à l’ouverture des ports aux Américains par le shogun et de l'autre les autorités shogunales. Ces dernières libèrent Kiyokawa Hanshiro, pourtant samouraï rebelle, afin de mener une troupe pour réprimer la révolte. Celui-ci mènera le jeu à sa manière.

Analyse et critique

Réalisé dans la foulée de Fleur pâle et bénéficiant d’un budget conséquent grâce au succès de ce dernier, Assassinat est la concrétisation d’un rêve de réalisateur pour Masahiro Shinoda, à savoir mettre en scène un Jidai-geki. Frustré par la puérilité des chambaras de l’époque, notamment par les productions de la Toei, Shinoda décide d’adapter à sa façon un roman de Ryotaro Shiba (1) lui-même inspiré de faits réels. Pour ce faire, il chorégraphie lui-même les combats et effectue avec son chef opérateur Masao Kosugi un travail stupéfiant sur la lumière. Au-delà d’une intrigue passionnante intégrant de nombreux événements déterminants de l’histoire du Japon, Assassinat est avant tout le superbe portrait d’un homme à la personnalité riche et de l’obsession que cet homme est devenu pour le samouraï chargé de l’assassiner.

Shinoda fait certes de Kiyokawa Hashiro le personnage ambigu, intelligent, manipulateur, ambitieux qu’il était dans la vie réelle, mais il lui ajoute également une dimension émotionnelle indéniable et une complexité qui va au-delà de la simple relation de faits historiques. Le Kiyokawa Hashiro de Assassinat n’est pas que le personnage froid et calculateur qui n’hésite pas à tuer ses anciens compagnons pour arriver à ses fins politiques, il est aussi un homme qui doute, qui aime et qui peut souffrir de son propre comportement. Shinoda choisit pour ce portrait une narration toute en nuances, utilisant alternativement des flash-back présentant un Hashiro implacable et d’autres plus intimes où le personnage se fait plus fragile (voir à ce titre la superbe séquence où il annonce à Lotus qu’il a tué pour la première fois et où il la supplie de ne pas l’abandonner...).

Parallèlement à l’ascension de ce fils de paysan cultivé au statut de Shogun, Shinoda nous conte la véritable descente aux enfers de Sasaki (formidable Isao Kimura que l’on déjà pu apercevoir notamment dans Les Sept Samouraïs), celui qui est chargé de l’éliminer et pour lequel il est devenu une véritable obsession. « Je ne pourrai plus vivre longtemps si je ne le tue pas... » A l’instar de Fleur pâle, Assassinat bénéficie de superbes éclairages faisant, contrairement à son prédécesseur, la part belle aux lumières naturelles, ce qui confère à certaines séquences une atmosphère tout à fait particulière.


(1) Romancier dont Hideo Gosha adaptera la nouvelle Hitokiri Izo en 1969.

En savoir plus

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Par Christophe Buchet - le 28 juin 2007