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Test dvd
Image de la jaquette

Welcome in Vienna

DVD - Région 2
Editions Montparnasse
Parution : 4 septembre 2012

Image

La trilogie Welcome in Vienna est présentée dans une copie fort propre qui restitue de manière assez convaincante une photographie qu’Axel Corti a manifestement voulu soigner. Bien que tourné pour la télévision et en 16 mm - d’où un grain assez prononcé -, Dieu ne croit plus en nous exploite les possibilités esthétiques du noir et blanc de manière particulièrement nuancée. Seules les quelques scènes nocturnes peinent un peu à convaincre. Santa Fé souffre parfois de problèmes de contrastes, l’univers visuel plutôt ensoleillé du film étant parfois propice à la surexposition. Dans la troisième partie, ces  problèmes  de  contraste paraissent cependant relatifs,  certaines  des séquences  vespérales  de  Welcome in Vienna  s’avérant  même  d’une  très  grande  finesse visuelle.  La  restauration  numérique est très soignée et permet un visionnage tout à fait satisfaisant.

Son

Les bandes-son ont été, elles aussi, bien restaurées. Se composant pour leur quasi-totalité de dialogues et de bruits d’ambiance, elles sont d’une grande clarté. Et il en va de même lorsque se font entendre quelques mesures du Quintette en ut majeur de Schubert, un des rares éléments extra-diégétiques de la piste sonore. Le tout est restitué de manière fort claire.

Suppléments

Aucun supplément ne vient accompagner les deux premiers opus de la trilogie Welcome in Vienna. On pourra le regretter. Un aperçu rétrospectif sur la genèse et sur la réception de Dieu ne croit plus en nous comme de Santa Fé aurait certainement été intéressant.Le travail de mise en scène d’Axel Corti - certainement sobre mais aussi d’une grande intelligence - aurait aussi pu faire l’objet d’une stimulante mise en perspective… Et il en va de même pour la qualité d’écriture - Georg Stefan Troller réussissant à acclimater dans le champ cinématographique une complexité d’essence littéraire - qu’une étude en bonne et due forme aurait certainement mise en valeur. Mais on concèdera qu’en mettant à la disposition du grand public - via le DVD - ces œuvres essentielles et rares que sont Dieu ne croit plus en nous et Santa Fé, les Editions Montparnasse se sont d’ores et déjà acquittés d’une belle mission éditoriale.

C’est avec le troisième DVD que Montparnasse offre enfin un bonus. Il est conséquent puisqu’il s’agit d’un entretien d’1 h 25 avec Georg Stefan Troller, le scénariste de la trilogie Welcome in Vienna. Malgré un dispositif de réalisation pour le moins réduit - un plan rapproché et presque fixe de Georg Stefan Troller que ne vient entrecouper aucune image supplémentaire - ce supplément se révèle passionnant. Âgé de plus de 90 ans, le collaborateur d’Axel Corti caractérise avec une grande précision le projet qui fut le sien en écrivant les scénarii des trois films. Georg Stefan Troller explique d’abord qu’il s’agissait de représenter ce que fut l’exil pour « des gens sans importance », c’est-à-dire 99% des Juifs qui furent contraints de fuir l’Europe ; une manière de donner la parole à ceux qui - à l’inverse de quelques exilés célèbres tels Heinrich Mann ou encore Stefan Zweig - furent, d’après Georg Stefan Troller, totalement ignorés par l’Histoire. L’autre point sur lequel le scénariste insiste est sa volonté d’aborder la question de l’exil sous sa dimension psychologique. Déclarant que la part documentaire de la trilogie tient surtout à Axel Corti, Georg Stefan Troller affirme quant à lui avoir voulu avant tout peindre la psyché - et ses souffrances - de quelques personnages en proie aux persécutions nazies.
Hormis ces deux axes constitutifs de son travail, l’auteur évoque encore la part largement autobiographique de ses scripts - « 70 à 80% » -, émaillant sont intervention de nombreux souvenirs personnels dont le récit est souvent impressionnant. S’il est peu question de mise en scène dans cette longue intervention - tout au plus apprendra-t-on qu’Axel Corti était un directeur d’acteurs hors-pair - les éléments qu’elle apporte sur les intentions présidant à la trilogie sont des plus éclairants. D’autant plus que ce nonagénaire aux allures de dandy punk - un des rares mouvements de caméra permet de découvrir une incroyable bague gothique manipulée par Georg Stefan Troller tel un fétiche… - s’avère un orateur charismatique, maniant un français raffiné et un humour à froid dont il ne se départit jamais, y compris en rappelant des moments déchirants. Ce témoignage constitue donc un évident prolongement à la trilogie Welcome in Vienna.

Par Pierre Charrel - le 8 octobre 2012