Menu
Test dvd
Image de la jaquette

The Savage Eye

DVD - Région 2
Carlotta
Parution : 21 avril 2010

Image

Le master est bien nettoyé et seules quelques micros rayures et petits points blancs sont à noter. On remarque juste quelques courts passages présentant des griffures verticales plus persistantes. La compression et la définition sont excellentes et l'image, malgré un grain parfois prononcé, possède un beau piqué. La qualité générale de l'image varie en fonction des séquences, l'équipe ayant utilisé différents types de matériel selon les moments du tournage, passant de la prise de vue d’images « à l’arrachée » à un travail de fiction plus préparé. A noter également que le film étant en majorité constitué de scènes de nuit, la qualité varie aussi beaucoup en fonction des conditions d'éclairage. Les contrastes sont très bien équilibrés, avec des noirs profonds, des blancs jamais saturés et une riche palette de gris.

Son

La bande-son est parfaite, très propre, sans aucuns défauts notables. Dynamique, elle est excellemment bien mixée : le dialogue entre le narrateur et Julie, les ambiances et la musique se répondent constamment et le travail de Carlotta rend justice à l'admirable travail sur le son qui fait de The Savage Eye un véritable poème musical.

Suppléments

Entretien avec Joseph Strick (2010, 16 mn)
« Pourquoi une femme ? », « La prise de vue », « Le montage », « La voix off », « Le titre », « La sortie en salle »… découpé en plusieurs chapitres, cet entretien dévoile la naissance du film, la conception du cinéma selon Strick et ses amis (le refus de la caméra cachée, la volonté de filmer simplement, sans faire du sujet quelque chose d’important, ce qui viendrait fausser le film…), le choix d’une narration poétique qui vient s’opposer aux commentaires dirigistes du cinéma documentaire qui représentent pour Strick une absurdité, une trahison.
 


Interviews with My Lai Veterans (1971, réalisation Joseph Strick, 22 mn)
« Ce qui est arrivé à My Lai n’est pas remarquable parce que ce sont des êtres humains qui l’ont fait (qui pourrait dépasser en brutalité les nazis ou l’armée du Pakistan Oriental ?), ni même parce que de jeunes Américains l’ont fait (après tout, nous avons dans ce pays une tradition de violence, de sadisme et de cruauté). Mais c’est que des garçons qui avaient l’air si gentils, si familiers, comme les fils du voisin, comme le mari de votre sœur, comme le type avec qui vous avez regardé le match dimanche dernier, comme le garçon qui a passé le bac avec vous, c’est que ce soient ces garçons-là qui l’aient fait. » C’est ainsi qu’Elia Kazan parlait en 1972 à la revue Positif de cet évènement majeur de la Guerre du Vietnam. Quatre ans plus tôt, le 16 mars 1968, le lieutenant William Calley mène son unité au village de My Lai où s'étaient, selon l'état-major, repliées les troupes Vietcongs ayant mené l'offensive du Têt. Calley, sur les ordres de sa hiérarchie (selon son témoignage au procès) fait incendier le village et abattre la population. Entre 400 et 500 civils sont ainsi abattus, des enfants aux vieillards, mais aussi torturés, mutilés, violés par les soldats américains. Les journaux américains font état de ce massacre, et My Lai devient l’un des évènements traumatiques qui fait que l’opinion publique américaine commence à remettre violemment en cause l’intervention au Vietnam. Le journaliste Seymour Hersch est le premier à faire part de ce massacre dans une enquête imposante qui lui vaut le prix Pulitzer en 1970. Joseph Strick, qui a déjà signé deux courts films contre l'intervention américaine au Vietnam, lui emboîte le pas. Sa fille part rencontrer des soldats ayant participé au massacre, avec cette question brûlante sur les lèvres : comment un jeune homme peut-il devenir une machine à tuer ? Strick construit son film sur les témoignages de sept de ces soldats. Face caméra, ils répondent frontalement aux questions. Si parmi eux, deux affirment ne pas avoir participé au massacre, les cinq autres offrent une description précise des faits, ne cachent rien de leurs actes. Un geste qui va au-delà du seul témoignage car il est aussi pour eux le seul moyen de se libérer, tant que faire se peut, du cauchemar dans lequel ils ont sombré depuis. L’armée américaine a interdit aux vétérans de parler de cette histoire, mais risquer la prison n'est rien alors qu'ils peuvent essayer de soulager un peu cet insupportable fardeau qu'ils porteront à jamais. Ce documentaire saisissant a un important retentissement en Amérique. Le film est censuré à la télévision mais les salles indépendantes le soutiennent, et le film est finalement très largement diffusé, jusqu'à obtenir l’Oscar du meilleur documentaire en 1971. A noter que le film est censuré en France (par solidarité, Indochine oblige !) et ne sera jamais montré.


Introduction de Joseph Strick (2010, 5 mn)
Joseph Strick qui, très ému, revient sur le drame de My Lai et sur le travail de sa fille pour convaincre les soldats de témoigner malgré les injonctions de l'armée à garder le silence. Sur les sept soldats qui acceptent finalement de parler à la caméra, deux donnent des versions tronquées du drame et sur les cinq militaires restant, deux jurent ne pas avoir participé à cette boucherie. Strick et sa fille ne se considérant pas comme des juges d'instruction, ils enregistrent ces cinq témoignages pour le film.
 

Par Olivier Bitoun - le 15 mars 2010